Ile-de-France

Paris : Le 20e commémore la rafle du Vel d’hiv

11.000 enfants juifs ont été arrêtés et déportés entre 1942 et 1944 à Paris, dont 1000 résidaient dans le 20e. Rachel Jedinak, qui a échappé à deux rafles entre 1942 et 1944, dans cet arrondissement a raconté, samedi matin, son histoire. Tout comme Ginette Kolinka, qui a survévu, pour sa part, à la déportation au camp d’Auschwitz-Birkenau, l’ancien élu du 20e Jean-Michel Rosenfeld, et les élus également présents, Rachel Jedinak a appelé chacun à veiller à la transmission de cette épisode de l’histoire de France de sinistre mémoire, et à la vigilance face à tous les actes de discrimination, toutes les formes de racisme.

Eric Pliez, avec Ginette Kolinka, cour des Métairies, samedi 16 juillet. © Jgp

Rachel Jedinak et Ginette Kolinka. © Jgp

Cette commémoration de la rafle du Vel d’Hiv, qui eut lieu les 16 et 17 juillet 1942, organisée par la mairie du 20e et les associations d’anciens combattants, a commencé cour de la Métairie, où la police de Vichy rassembla de nombreux Parisiens, de tous les âges, parce qu’ils étaient juifs. Elle s’est poursuivie devant la Bellevilloise, rue Boyer, d’où Rachel Jedinak, retenue avec sa famille ce même 16 juillet 1942, parvint à s’échapper, grâce à la gifle administrée par sa mère, que Rachel, alors âgée de 8 ans, ne voulait pas quitter. Cette rescapée a décrit des Parisiens divisés, entre ceux qui désignaient les familles acheminées vers le Vel d’Hiv entre deux policiers, le sourire aux lèvres, et ceux qui se signaient sur leur chemin, expression de leur solidarité.

« Que notre passé ne soit pas votre futur ».

Elle a décrit l’horreur de ces rafles, les enfants en pleurs, les vieillards malmenés, les familles séparées à coups de jets d’eau et de matraques, pour aboutir, par des chemins distincts, aux mêmes camps de la mort. Le cortège s’est rendu ensuite avenue Gambetta, devant l’ancien commissariat de police du XXe, qui fut également un lieu de regroupement, sas vers la déportation vers les camps d’internement, puis vers les camps de concentration allemands. Un commissariat d’où Rachel Jedinak put également s’échapper, le 11 février 1943, grâce à des personnes arrêtées parce qu’elles n’avaient pas respecté le couvre-feu, où d’autres motifs également anodins – « on arrêtait beaucoup sous divers prétextes durant l’occupation », a-t-elle indiqué. Des Parisiens qui s’en prirent avec une grande véhémence aux policiers, leur reprochant leur inhumanité d’arrêter des enfants, et qui convainquirent les forces de l’ordre de les laisser partir.

Sophia Chikirou, député LFI de la 6° circonscription du 20e, au square Edouard Vaillant. © Jgp

Jean-Michel Rosenfeld. © Jgp

Au square Edouard Vaillant, devant la plaque où figurent les noms d’une centaine d’enfants de moins de six ans, déportés et assassinés dans les camps de concentration avant même d’avoir pu être scolarisés, Jean-Michel Rosenfeld a rappelé les conditions subies par les juifs dans Paris à cette époque : autorisation de voyager dans le dernier wagon du métro seulement, proscription des cinémas, des jardins publics « interdits aux chiens et aux enfants juifs ». « Il y a pire que les bourreaux, leurs valets », a-t-il notamment déclaré.

Au côté du maire du XXe Eric Pliez, et de son adjoint à la mémoire Pascal Joseph, les députées Sophia Chikirou (LFI) ou Eva Sas, (EELV), étaient présents. S’adressant aux jeunes, Jean-Michel Rosenfeld a cité Elie Wiesel : « A vous de faire que notre passé ne soit pas votre futur ».


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Author: Jacques Paquier