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Unity, le nouveau SpaceShipTwo de Virgin Galactic, réussit son vol supersonique

Dix ans après les premières annonces de Richard Branson promettant des vols touristiques à la frontière de l’espace pour 2009, Virgin Galactic franchit une nouvelle étape vers l’exploitation de commerciale. Lors d’un vol d’essai réalisé le 5 avril, le SpaceShipTwo a atteint une vitesse supersonique et l’a maintenue durant plusieurs secondes. Les données vont être analysées mais le sourire des pilotes à leur descente d’avion en dit long sur le succès de ce premier vol supersonique.

Après deux années d’essais au sol et en vol plané, Virgin Galactic a procédé au premier test motorisé du SpaceShipTwo VSS Unity le 5 avril 2018 (« VSS » pour Virgin Space Ship et « Unity » pour « Unité », un nom choisi par Stephen Hawking). L’avion spatial a dépassé les 25 kilomètres d’altitude et atteint Mach 1,87, marquant le début de la dernière partie du programme d’essais en vol, dernière ligne droite avant une prochaine exploitation commerciale de l’avion.

Le moteur n’a fonctionné que durant 30 secondes, nettement moins que ce qui sera nécessaire lors des vols touristiques de l’avion à la frontière de l’espace. Il reste encore trois fois cette distance à parcourir avant d’atteindre la frontière symbolique de l’espace, arbitrairement située à 100 kilomètres d’altitude. Pour l’atteindre, le moteur du SpaceShipTwo VSS Unity devra être allumé durant 90 secondes.

Premier vol d’essai supersonique du SpaceShipTwo survenu le 5 avril 2018. © Virgin Galactic

Un pas de plus vers le tourisme spatial

Lors de ce vol, le chef pilote d’essais de Virgin Galactic, Dave Mackay (61 ans), et Mark « Forger » Stucky étaient aux commandes, tandis que l’avion porteur, le White KnightTwo VSS Eve, était piloté par Mike Masucci et Nicola Pecile. Les deux véhicules ont atteint une altitude de 14 km avant de se séparer. Le moteur-fusée s’est allumé puis les pilotes ont cabré l’aéronef jusqu’à une assiette de 80° accélérant à Mach 1,87 pendant les 30 secondes qu’aura duré l’essai moteur.

Quant au système de rentrée atmosphérique et son empennage mobile, les leçons de l’accident du SpaceShipTwo, survenu le 31 octobre 2014, ont été retenues. Le design de l’empennage a été modifié et testé à plusieurs reprises en 2017. Lors de ce vol supersonique, le système a parfaitement fonctionné. Pour rappel, lors d’un vol d’essai, un SpaceShipTwo s’est écrasé au sol à la suite d’une erreur humaine (l’aérofreinage avait été actionné trop tôt). Le pilote Michael Alsbury avait trouvé la mort tandis que le copilote Peter Siebold avait pu s’éjecter et utiliser son parachute mais s’était tout de même sérieusement blessé.

L’atterrissage s’est effectué sans encombre sur l’aéroport de Mojave, une demi-heure après le décollage. Désormais, tout le monde attend le « grand » essai, au cours duquel le moteur sera mis à feu sur toute la durée prévue de son fonctionnement, soit 90 secondes. Virgin Galactic n’a pas souhaité donner de précisions sur la suite de ses opérations ni communiquer le calendrier des vols d’essais de ces prochains mois.

Ce qu’il faut retenir

  • Plus de deux ans après le crash dramatique de l’avion spatial SpaceShipTwo, le modèle suivant, baptisé Unity, avait volé sans moteur pour un premier essai en décembre 2016.
  • En avril 2018, ce même appareil a volé moteur allumé et a atteint Mach 1,87.
  • Le moteur-fusée a fonctionné 30 secondes alors qu’il en faudra 90 pour un vol suborbital jusque dans l’espace (à 100 km d’altitude).

Pour en savoir plus

Tourisme spatial : Virgin Galactic fait voler Unity, le nouveau SpaceShipTwo, pour la première fois

Article de Rémy Decourt publié le 6 décembre 2016

Plus de deux ans après le crash du SpaceShipTwo Enterprise qui avait coûté la vie au pilote d’essai Michael Alsbury, un SpaceShipTwo a de nouveau volé. Unity, c’est son nom, a réalisé un vol libre d’une dizaine de minutes qui s’est déroulé sans accroc.

Virgin Galactic, qui espère envoyer ses premiers touristes à la frontière l’espace avant la fin de la décennie, vient de franchir une étape importante vers le tourisme spatial. Elle a en effet réalisé un premier vol libre réussi de Unity. Cet avion suborbital est le successeur du SpaceShipTwo, dont le crash, lors d’un vol d’essai réalisé en octobre 2014, avait coûté la vie à son pilote, Michael Alsbury, et blessé son copilote Peter Siebold. La conception de Unity est différente de celle de son prédécesseur. L’appareil a été présenté en février 2016 et a obtenu sa licence d’exploitation au mois d’août.

Le 3 décembre, lors de sa cinquième sortie en l’air, il a réalisé un vol plané pour la première fois, amené jusqu’à 50.000 pieds d’altitude (15 kilomètres) par son avion porteur — le WhiteKnightTwo, dont c’était le 218e vol. Moteur éteint (c’est le principe du vol libre), Unity a réalisé une chute libre d’une dizaine de minutes qui lui a permis d’atteindre la vitesse de Mach 0,6. Au total, du décollage au retour sur la terre ferme, le vol aura duré 1 h 20 mn.

D’autres vols libres prévus pour l’avion suborbital

Comme le soulignent les deux pilotes à bord de l’avion suborbital, Mark Stucky et Dave Mackay, « le vol de Unity s’est bien déroulé ». C’est ce que devrait confirmer l’examen des données qui seront exploitées par les équipes de The Spaceship Company, la société sœur de Virgin Galactic qui construit l’avion.

Cela dit, ce n’est pas demain que Unity testera son moteur-fusée en vol. Avant de le tester, à une date qui n’a pas encore été communiquée, plusieurs autres vols libres sont prévus et nécessaires afin de s’assurer du bon comportement de l’avion dans une grande variété de conditions de vol.

Après le crash du premier SpaceShipTwo, découvrez Unity

Article de Rémy Decourt paru le 22/02/2016

Seize mois après le crash du premier prototype qui a coûté la vie au pilote d’essai Michael Alsbury, Virgin Galactic a dévoilé Unity, le nouvel exemplaire du SpaceShipTwo, son avion suborbital qui doit ouvrir la voie du tourisme spatial. Aucune date n’a cependant été communiquée quant à un vol d’essai et encore moins un vol de transport de passagers.

La décennie 2010 aurait dû être celle du lancement des services commerciaux de tourisme spatial. Pourtant, force est de constater que tous les projets présentés à la fin des années quatre-vingt-dix peinent à décoller. La plupart ont été abandonnés. Seuls certains tirent leur épingle du jeu comme le New Shepard de Blue Origin ou le Lynx de XCor Aerospace. Quant au SpaceShipTwo, cloué au sol depuis le crash d’un prototype en octobre 2014, une nouvelle version vient d’être présentée en grande pompe. Elle a été baptisée par la petite-fille du milliardaire Richard Branson à l’aide d’une bouteille de lait.

D’apparence, ce véhicule est très similaire à la première version. On note toutefois quelques différences notables telles que des stabilisateurs horizontaux plus importants sur la double dérive de l’avion.

Richard Branson présente Unity, le nouveau SpaceShipTwo. © Virgin Galactic

Virgin Galactic fait le pari du moteur hybride

Cette deuxième version du SpaceShipTwo intègre également quelques améliorations qui tiennent compte du retour d’expérience des premiers vols d’essai mais aussi des changements qui sont une conséquence directe de la perte en vol du premier appareil.

En effet, à l’époque, l’enquête avait montré que le copilote, Michael Alsbury, décédé dans le crash de l’appareil, aurait déclenché trop tôt le système de freinage, qui soulève la queue de l’appareil, provoquant une instabilité aérodynamique et faisant déborder le véhicule de son domaine de vol. Le tableau de bord du nouveau véhicule intègre donc un dispositif qui prévient quand il est dangereux d’actionner la commande de manœuvre de la queue pivotante.

Quant à la motorisation, élément clé de la mise au point de l’engin, Virgin Galactic parie toujours sur un moteur hybride qui fonctionne avec un mélange d’un combustible sous forme solide et un oxydant liquide.

L’entreprise s’en tient ainsi à un carburant à base de polybutadiène hydroxytéléchélique (PBHT) (aussi utilisé au quotidien comme gomme synthétique pour les pneus) et de protoxyde d’azote (N2O) (aussi appelé gaz hilarant). Des avancées auraient été réalisées dans ce domaine malgré les incertitudes autour de ce moteur, dont les performances ont toujours été en deçà de ce que les études papier laissaient présager.

Pour le moment, il n’y a aucune information quant à un premier vol d’essai. La société n’a pas souhaité communiquer sur un calendrier précis des différentes étapes à franchir avant de pouvoir, enfin, embarquer des passagers et ouvrir un service commercial de tourisme spatial à l’horizon 2020.

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