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Rhinocéros blanc du Nord : ils veulent le ressusciter

Il ne subsiste plus que deux femelles de rhinocéros blanc du Nord en captivité. Une communauté de scientifiques se mobilise dans plusieurs pays pour faire revivre l’espèce grâce à la reproduction in vitro. Un projet non dénué de difficultés.

Le 19 mars dernier, Sudan, le dernier représentant mâle de l’espèce du rhinocéros blanc du Nord s’est éteint à l’âge de 45 ans. Ne subsistent à présent plus que deux femelles, sa fille et sa petite-fille (Najin et Fatu, âgées de 29 et 18 ans). Autant dire que la sous-espèce est appelée à disparaître. À moins que…

Une communauté de scientifiques se mobilise aujourd’hui pour faire renaître ce rhinocéros emblématique, décimé par le braconnage, comme l’explique un communiqué du zoo de Dvůr Králové. Du sperme et divers échantillons (peau, artères, oreilles, gencives, testicules…) ont été prélevés du vivant de Sudan et d’autres mâles, et sont conservés dans des laboratoires à travers le monde. Dès 2015, plusieurs chercheurs se sont réunis à Vienne en Autriche pour établir un plan de bataille.

Une première option consiste à inséminer in vitro des ovocytes de femelles avec le sperme congelé. Une technique déjà éprouvée chez divers mammifères, comme la vache ou le bison. Problème : on ne dispose à l’heure actuelle d’aucun ovule et ils sont particulièrement difficiles à prélever chez le rhinocéros femelle. « Il faut effectuer une ponction avec une sonde à ultrasons et une aiguille, ce qui peut être assez traumatisant », explique à The Verge Jan Stejskal, le directeur de la communication du zoo de Dvůr Králové, en République tchèque, où Sudan a vécu jusqu’en 2009.

Il faudrait ensuite implanter l’embryon dans l’utérus d’une des femelles restantes, une technique là encore à risque pour la receveuse. On pourrait aussi implanter ces embryons chez des femelles de rhinocéros du Sud, une sous-espèce beaucoup plus nombreuse. Cela donnerait des hybrides dont on pourrait ensuite retenir uniquement les caractéristiques propres au rhinocéros du Nord grâce à la sélection génétique.

De l’argent mal dépensé ?

Une deuxième possibilité serait de reprogrammer des cellules classiques issues des échantillons en cellules souches pluripotentes, capables de former des ovules et du sperme. On pourrait ainsi disposer du sperme de meilleure qualité que celui de Sudan, qui était âgé (41 ans) au moment du prélèvement. La technique a déjà été validée chez la souris avec succès. Chez le rhinocéros, les scientifiques ont réussi à fabriquer des cellules souches à partir de cellules de peau, mais sans parvenir à en faire des ovules.

Quoi qu’il en soit, la procédure s’annonce longue et coûteuse. Le projet est ainsi estimé à neuf millions d’euros, selon le zoo de Dvůr Králové, qui mise sur la générosité des donateurs. Cet argent serait peut-être mieux employé à protéger les espèces existantes, arguent certains spécialistes. « Ces rêves high tech détournent l’attention des vrais sujets, comme le renforcement de la loi contre le braconnage ou la surveillance des individus dans leur habitat naturel », avance dans The Guardian Richard Emslie, un expert des rhinocéros de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Grâce aux efforts engagés dans la lutte contre le braconnage, le population de rhinocéros noirs est ainsi remontée de 2.410 animaux en 1995 à environ 5.000 aujourd’hui.

Ce qu’il faut retenir

  • Il ne reste plus aucun mâle de rhinocéros blanc du Nord.
  • Les scientifiques espèrent ressusciter l’espèce avec l’insémination artificielle ou en déprogrammant des cellules souches en ovules.
  • Le projet est coûteux et les résultats incertains, d’où le questionnement sur sa pertinence.

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