Gratte-ciels futuristes : 10 gagnants du 2018 Skyscraper Competition

Chaque année, le magazine d’architecture eVolo décerne le prix des meilleurs concepts de gratte-ciels. Le gagnant 2018 est un projet étonnant d’immeuble-origami pouvant être transporté et déployé sur les zones de catastrophes naturelles.
Depuis 2006, le magazine d’architecture américain eVolo récompense les projets de gratte-ciels les plus audacieux et innovants sur différents critères : matériaux utilisés, technologie, esthétique, organisation de l’espace vertical, insertion dans le milieu social et urbain, développement durable, etc. En 2018, le jury a reçu 526 projets venus de cabinets d’architectes, d’étudiants, de designers ou d’ingénieurs partout dans le monde. Il a distingué trois gagnants et attribué 27 mentions. Voici les projets arrivés sur le podium et une sélection des autres concepts les plus futuristes.
1er : un immeuble origami pour les réfugiés de catastrophes naturelles
Inondations, tremblements de terre, tsunamis… : les catastrophes naturelles ne manquent pas. Le projet Skyshelter.zip, dessiné par trois Polonais, est destiné à loger tous les sans-abris dont la maison a été détruite. Cet immeuble qui se déplie comme un accordéon se transporte facilement par hélicoptère et, à capacité égale, occupe 30 fois moins d’espace au sol que des tentes ou des préfabriqués. La stabilité est assurée par d’immenses ballons gonflés à l’hélium et sa solidité par une structure en métal.
2e : un temple-ferme japonais
Cet immeuble imaginé pour la ville de Tokyo, au Japon, rassemble sous un même toit un jinja (un sanctuaire shinto) et une ferme verticale rizicole. « Le jinja et le riz sont les deux piliers économiques ancestraux du Pajon », explique son concepteur hong-kongais. Le riz serait ici cultivé en hydroponie sur les toits du sanctuaire, réalisés en matériaux organiques. Adjacents, ces toits permettent un déplacement fluide à travers tout l’immeuble.
3e : la tour anti-incendies
Près de 600.000 hectares et 2.500 maisons ont été ravagés par les incendies de forêt en 2017 au Chili. Partant de ce constat, un architecte chilien a dessiné ce gratte-ciel comme un nouvel habitat à intégrer dans les forêts à risque. Grâce à un système de ventilation ralentissant le vent autour et à une façade qui emmagasine l’humidité, il freine la propagation des flammes. Les terrasses situées tout autour du bâtiment récupèrent l’eau de pluie ou des nuages. Le projet est baptisé Waria Lemuy, ce qui signifie ville-forêt en langage mapudungun, la langue locale.
4e : le mur-immeuble contre la désertification
Destiné au Caire, ce gratte-ciel en forme de barrage est un moyen de lutte contre l’avancée du désert. Dans la capitale égyptienne, le Khamsīn, un vent chaud et sec, transporte le sable vers la ville qui est peu à peu engloutie. Le concept est également une solution à l’expansion des bidonvilles : l’immeuble accueille des habitants dans de jolis appartements végétalisés, alimentés en énergie par le vent récupéré de l’autre côté de la façade.
5e : l’aéroport vertical
Avec l’essor du transport aérien, les infrastructures aéroportuaires occupent des surfaces en croissance continue : pistes de décollages, autoroutes pour relier les centre-villes, halls géants de départ et d’arrivée… Alors pourquoi ne pas construire… en hauteur ? C’est l’idée audacieuse de ce concept américain, basé sur l’espoir que les avions du futur décolleront et atterriront verticalement. Ils viendront s’immobiliser sur des pistes circulaires installées autour de l’aérogare, elle-même en forme de cercle. Tout sera entièrement automatisé, avec les bagages circulant à haute vitesse dans des tubes et un système de reconnaissance faciale évitant les files d’attente.
6e : l’immeuble qui purifie l’eau
Le fleuve est quasiment sacré dans la culture indienne. Pourtant, les rivières sont massivement polluées, alors qu’à peine 30 % des eaux usées sont traitées avant d’être déversées dans la nature. D’où ce projet sud-coréen : un immeuble posé sur un fleuve, qui filtre l’eau et la distribue aux villages environnants grâce à un réseau de canalisations. À l’intérieur, les habitants peuvent se promener au milieu de jardins, de forêts et de cascades.
7e : la prison pour réhabiliter les détenus
Avec un taux de criminalité parmi les plus élevés des États-Unis, la ville de Detroit accueille 5 % des prisonniers du pays. De l’autre côté, d’immenses quartiers de la ville tombent en ruine suite à l’exode industriel de ces dernières années. Les quatre designers jordaniens de cette « Tour de réhabilitation » veulent changer la donne avec ce gratte-ciel modulaire comprenant trois niveaux. Le premier est occupé par les logements des détenus, le deuxième par des ateliers de travail pour la réinsertion et le troisième par le personnel et les services. Insérés dans le tissu social et modulables, les ateliers s’adaptent à la demande économique des entreprises environnantes.
8e : le « Manhattan du désert »
Aujourd’hui en proie à un conflit sanglant, le Yémen est pourtant un joyau de l’architecture verticale en brique crue séchée, comme dans la cité de Shibam, une ville classée au Patrimoine mondial de l’Unesco. C’est en s’inspirant d’elle que quatre Français ont dessiné ce projet. Comme il est impossible d’agrandir la ville horizontalement, encerclée par un mur d’enceinte, l’idée est d’exploiter le sous-sol en creusant sous les maisons pour les transformer en sorte de gratte-ciels souterrains et respecter leur authenticité. Des ponts relieront les immeubles entre eux pour facilité la mobilité urbaine.
9e : le Vapolator, récupérateur de condensation
Construit au bord des côtes, ce gratte-ciel baptisé Vapolator récupère l’eau issue de l’évaporation de la mer grâce à sa forme incurvée. Lorsque la vapeur d’eau atteint le sommet de la tour, elle est condensation puis envoyée dans un tube au centre de la structure, qui comprend cinq étages. À chaque étage, l’eau est filtrée et dessalée. Les concepteurs sud-coréens ont aussi prévu de cultiver des plantes à l’intérieur afin de fournir une alimentation aux habitants des villes côtières.
10e : la tour cimetière
Avec l’accroissement de la population, de moins en moins d’espace est disponible pour les cimetières. Dans ce gratte-ciel baptisé Tornado, les urnes funéraires sont placées dans des lanternes volantes qui flottent entre le socle et le sommet. Chaque défunt devient ainsi comme une étoile dans le ciel nocturne, et on peut ajouter des urnes au milieu de la tour qui s’agrandit au fur et à mesure. Un concept très symbolique imaginé par cinq ingénieurs chinois pour la ville de Tokyo.
L’arche bionique de Taiwan : la nature à la verticale Dans le parc Gateway de Taichung, à Taiwan, cette tour est comme une forêt dans la ville. Des prairies et des jardins s’étalent en palier sur 390 m de hauteur dans un bâtiment autosuffisant, grâce aux énergies solaire et éolienne. On s’y promène pour apprécier la nature et pour trouver une vision panoramique sur la mégalopole. La tour sert aussi pour les relais de télécommunications. © Vincent Callebaut
L’arche bionique de Taiwan : une tour autosuffisante Outre des panneaux solaires, trois éoliennes à axes verticaux fournissent l’énergie électrique. Les vitres, par effet de serre, assurent un apport thermique aux espaces intérieurs. © Vincent Callebaut
L’arche bionique de Taiwan : un poumon dans la ville La tour du parc Gateway n’accueille pas d’habitations, ni de bureaux, ni de centres commerciaux. C’est un jardin dans la ville qui émet de l’oxygène, absorbe le gaz carbonique et où l’on se promène devant le paysage urbain. © Vincent Callebaut
L’arche bionique de Taiwan : un exosquelette pour abriter la verdure La structure en exosquelette est conçue pour résister aux séismes, aux vents, voire à des attaques terroristes. Les niveaux horizontaux sont à double pont pour faciliter la maintenance. © Vincent Callebaut
Les galets de Shenzen : un avant-goût de la cité du futur Avec les six tours « Asian cairns » de la ville chinoise de Shenzhen, l’architecte Vincent Callebaut propose un concept « biomimétique » pour les cités surpeuplées du futur. Chacune est un écosystème urbain, avec une production agricole, une autosuffisance en énergie et un recyclage des déchets. Elle abrite des habitations, des bureaux et des lieux de loisirs. © Vincent Callebaut
Les galets de Shenzen : un quartier autarcique Les galets de chaque tour, qui abritent des fermes agricoles, s’organisent en une triple spirale autour d’un espace central qui est aussi une voie de communication entre tous les niveaux. La consommation de produits locaux est favorisée et l’étagement vertical densifie les habitations, ce qui limite l’étalement urbain. En 2030, un milliard de Chinois vivront en ville et il faut anticiper les problèmes d’acheminement des vivres et des déchets, du transport des personnes et de la pollution. © Vincent Callebaut
Coral Reef : un nouveau village pour Haïti Après le désastre du séisme de 2010, Haïti est à reconstruire et le projet Coral Reef a débuté en 2011 pour bâtir un millier de logements préfabriqués en bord de mer, autonomes en énergie. À partir d’un module unique, l’ensemble prend la forme de deux vagues, inspirées des récifs coralliens, ménageant un espace central qui abrite un milieu naturel. © Vincent Callebaut
Coral Reef : des logements modulaires mais aux points de vue multiples Chaque habitation est un module duplex, avec une structure métallique et des parements en bois tropicaux. Disposées en quinconce, elles offrent une multitude de points de vue et des façades végétalisées. © Vincent Callebaut
Coral Reef : un projet évolutif, conçu pour les énergies renouvelables L’ensemble est conçu pour les énergies renouvelables : vent, marées, soleil, différence de température entre les eaux de surface et la profondeur. Le projet est flexible et pourra évoluer au fil des besoins. © Vincent Callebaut
Dragonfly : un projet bionique pour New York Ces deux ailes de libellule forment un ensemble d’habitation, de travail et de production agricole. Conçu pour New York et ses fortes fluctuations de température, ce prototype ménage en son centre un immense volume fermé par un voile de verre et d’acier. Les lieux habités se trouvent sur la circonférence des ailes et l’espace entre les deux constitue une serre où prennent place des cultures variées. La moitié de l’énergie vient du bouclier photovoltaïque sur la proue sud et l’autre de trois éoliennes. © Vincent Callebaut
Physalia : un vaisseau-amiral pour la bataille de l’eau Au forum mondial de l’eau qui s’est tenu à Istanbul en 2009, un consensus s’est fait autour de l’impérieuse nécessité d’accorder des moyens lourds pour que chaque être humain ait accès à de l’eau potable. Un milliard de personnes en manquent mais bien peu est fait. Ce navire en forme de Physalie (un curieux animal cousin des coraux et des méduses), ce « morceau de terre vivante », selon Vincent Callebaut, est un projet pour promouvoir la bonne gestion de l’eau et des voies navigables. © Vincent Callebaut
Physalia : une vitrine des bonnes pratiques de gestion de l’eau Physalia est destiné à naviguer sur les grands fleuves d’Europe et d’ailleurs. Il serait une vitrine technologique. Autonome et non polluant, cette « agora flottante » accueillerait des chercheurs du monde entier et le public pourrait y découvrir les technologies les plus en pointe pour recycler les eaux domestiques, dessaler l’eau de mer ou dépolluer les sols. © Vincent Callebaut
Lilypad : une ville flottante pour des mers qui montent Prototype d’une cité amphibie, Lilypad pourrait abriter 50.000 personnes, par exemple les habitants de la côte rognée par la montée des eaux ou les réfugiés climatiques ultramarins qui auront dû abandonner leurs îles natales. Elle comporte un lagon central d’eau douce venue de la pluie. Trois marinas et trois montagnes sont dédiées, respectivement, au travail, au commerce et aux loisirs. © Vincent Callebaut
Lilypad : une cité propre et autonome Cette « Ecopolis » est totalement autonome, utilisant toutes les sources d’énergie disponibles autour d’elle : soleil (thermique et photovoltaïque), vent, courants de marée, pression osmotique, biomasse… Elle doit pouvoir produire davantage d’énergie qu’elle n’en consomme. Elle porte des terres agricoles et des bassins d’aquaculture. Elle peut suivre les courants océaniques. © Vincent Callebaut
Lilypad : une peinture dépolluante La structure de l’île flottante est formée d’une double coque en fibres de polyester. Une couche de dioxyde de titane (TiO2) la recouvre. Sous l’effet des rayons ultraviolets, ce matériau peut absorber la pollution atmosphérique par effet photocatalytique. © Vincent Callebaut
Solar Drop : une fleur en mer d’Oman À Abou Dhabi, ce dôme est installé dans la baie et accueille un centre de cure thermale et une piscine. Les sept lieux d’habitations sont situés à l’extérieur, au plus près de l’eau, sur un cercle de 350 m de diamètre. Le dôme est surmonté de deux ellipses portant ce qui, vu de loin, apparaît comme un motif d’inspiration arabe. En fait, une série de seize spirales, sur le sommet, sont faites de cellules photovoltaïques. Autour, seize spirales sont plantées de végétaux qui favorisent la fraîcheur. © Vincent Callebaut
Solar Drop : un dôme photovoltaïque végétalisé Le dôme central est divisé en trois zones, les « pétales ». La première est le lieu d’accueil (le « Majlis ») et son hall de réception. Les deux autres sont le spa, avec la station de cure thermale, et une piscine intérieure (il en existe aussi une à l’extérieur). © Vincent Callebaut
Solar Drop : une piscine-lagon L’une des pétales du dôme abrite une piscine avec vue sur la mer d’Oman et s’entoure de plantes vertes. © Vincent Callebaut
King’s forest : des chalets-feuilles au Maroc Ces trois chalets sont des résidences de luxe, près de Fès, au Maroc, dans la forêt de Louajriyine. Bâtis sur une pente, ils offrent une vision panoramique de presque 360° sur les montagnes de l’Atlas, depuis un balcon entourant tous les espaces de vie. Ils prennent la forme d’une feuille, d’ailleurs la structure de la charpente en bois imite les nervures. © Vincent Callebaut
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