Peut-on (vraiment) rattraper le sommeil en retard ?

Peut-on vraiment rattraper les heures de sommeil perdues durant la semaine, le week-end ? Pendant notre sommeil, les souvenirs de notre journée sont consolidés et notre cerveau fait un peu de nettoyage en triant les événements de la journée que nous devons garder en mémoire, et ceux que nous pouvons oublier.
Le sommeil nous fournit également le repos nécessaire au bon fonctionnement de notre corps le jour suivant. Mais nous ne parvenons pas tous à nous ménager huit heures de sommeil par nuit, et il peut donc arriver que nous ne puissions engranger tous ces bénéfices. Nous avons demandé à cinq experts s’il est possible de rattraper plus tard le sommeil perdu. Trois sur cinq affirment que oui.
Mais notre capacité à rattraper le sommeil perdu dépend de notre déprivation chronique de sommeil. Si vous avez accumulé une importante « dette de sommeil » depuis un certain temps, vous aurez peut-être des difficultés pour récupérer. Vous risquez d’avoir besoin de nombreuses nuits d’un sommeil de bonne qualité, ce qui peut s’avérer difficile à obtenir. Si vous manquez de sommeil de façon chronique ou si votre sommeil est de mauvaise qualité (si vous souffrez par exemple de troubles tels que l’apnée du sommeil), vous pourriez avoir besoin de plusieurs jours de bon sommeil pour vous sentir à nouveau délassé. »
Mieux vaut veiller à préserver un planning de coucher et de lever régulier, d’autant plus que notre cerveau possède des mécanismes compensatoires intrinsèques qui ajustent l’intensité de notre sommeil en fonction des besoins résultants d’une privation de sommeil. »
« Pour le dire rapidement : oui, c’est possible (de rattraper son sommeil en retard). Si vous avez passé une mauvaise nuit, vous aurez l’impression, la nuit suivante, d’avoir besoin de davantage dormir. C’est parce que notre cerveau reconnaît le manque de sommeil, via l’accumulation de la « pression de sommeil ». Celle-ci entraîne des modifications de la physiologie cérébrale, qui informent le cerveau qu’il faut dormir plus.
Bien qu’il soit possible de rattraper un petit manque de sommeil, une déprivation chronique est mauvaise pour le cerveau. En effet, durant le sommeil les connexions existant entre les neurones se reconfigurent, ce qui permet de consolider les souvenirs les plus importants et d’oublier les choses qui le sont probablement moins. De ce fait, rattraper au cours du week-end un manque de sommeil survenu en début de semaine ne vous aidera pas à mémoriser les choses qui auraient dû l’être à ce moment-là.
Le sommeil aide aussi à éliminer les protéines toxiques impliquées dans les troubles neurodégénératifs. Pour toutes ces raisons, dormir suffisamment et régulièrement est le meilleur moyen de préserver ses capacités d’apprentissage et de garder un cerveau en bonne santé, sur le long terme. »
Lors de cette récupération, nous entrons en sommeil profond. Mais nous avons raté l’opportunité de transformer nos souvenirs précaires en une forme plus stable. Et un seul épisode de sommeil prolongé de ce type n’est pas suffisant pour récupérer complètement d’un manque de sommeil chronique. Des épisodes de micro-endormissement intrusifs ou de sieste en journée sont souvent subis lorsque le manque se fait pressant.
Qui plus est, les impacts d’une déprivation chronique de sommeil sont sévères, et incluent une baisse des performances, des problèmes gastro-instestiaux ainsi qu’un risque accru d’obésité, de diabète et de maladies cardiaques – la conséquence ultime pouvant être le décès. »
« Bien que nous soyons capables de dormir plus longtemps à la suite d’une privation de sommeil, par exemple faisant des grasses matinées le week-end, il n’est pas possible de compenser chaque heure de sommeil perdue. En cas de manque de repos, notre sommeil devient plus profond, ce qui facilite le retour à la normale de notre vigilance et de notre fonctionnement général.
La mauvaise nouvelle, toutefois, est que les effets des pertes de sommeil peuvent s’accumuler au fil du temps, affectant notre santé et notre bien-être. Sur le long terme, les conséquences des cycles de restriction/récupération de sommeil sont inconnues. Par ailleurs, dormir davantage le week-end peut également affecter notre cycle circadien, entraînant ce que nous appelons un « jet lag social ». Il est possible de réduire les effets du manque de sommeil en allongeant la durée de repos, pour constituer une « réserve de sommeil », avant une période de déprivation. Mais la meilleure façon d’éviter les effets néfastes du manque de sommeil est de s’assurer un repos adéquat tout au long de la semaine. »
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