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Sur la piste d’un nez bionique pour restaurer l’odorat

Deux chercheurs américains veulent redonner espoir à tous ceux qui ont perdu l’odorat, notamment par la faute du Covid-19. Objectif : créer un nez électronique.

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Illustration du systeme olfactif.
Illustration du système olfactif. © DESIGN CELLS/SCIENCE PHOTO LIBRA / DCE / Science Photo Library via AFP

Temps de lecture : 2 min

Selon l’OMS, 10 à 20 % des personnes victimes du virus Sars-CoV-2 développent une forme longue de Covid-19. Elles souffrent de divers symptômes plus ou moins handicapants, durant des mois, voire des années. La perte de l’odorat, ou anosmie, en fait partie. Certains malades frappés en 2020 n’ont toujours pas récupéré un nez opérationnel. La perte est-elle irréversible ? Seul le temps le dira.

Pour ces millions de malheureux privés d’un sens essentiel, les travaux de Richard Costanzo procurent comme un parfum d’espoir. Depuis quatre décennies, le patron du département de physiologie et de biophysique de l’université du Commonwealth de Virginie s’acharne à soigner tous les cas possibles d’anosmie. Le Covid-19 lui a donné une nouvelle raison de lutter. Depuis quelques années, il travaille sur un procédé bionique capable de court-circuiter entièrement le circuit olfactif. L’ambition est immense, car un nez humain possède 400 types de capteurs olfactifs différents, susceptibles de distinguer 1 000 milliards d’odeurs.

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Avec son collègue Daniel Coelho, professeur d’oto-rhino-laryngologie, Richard Costanzo s’est d’abord inquiété du choix d’un capteur d’odeurs. Ils ont opté pour une technologie utilisant des matériaux semi-conducteurs développée par d’autres laboratoires de recherche. Le chemin est encore long, car les prototypes actuels ne reconnaissent pas plus de quelques dizaines d’odeurs.

Deux bulbes olfactifs

La deuxième étape consistera à transmettre les signaux enregistrés par les capteurs au cerveau. Mais à quelle partie de celui-ci ? En effet, le chemin parcouru par les signaux olfactifs est complexe. Normalement, les chimiorécepteurs présents dans le nez transmettent leurs informations à deux bulbes olfactifs, placés derrière la cavité nasale. Les signaux y sont traités et renvoyés vers d’autres parties du cerveau consacrées notamment à la mémoire et aux émotions, ce qui n’est pas le cas des autres sens. La question qui se pose dorénavant aux deux chercheurs, c’est de savoir dans quelles parties du cerveau injecter les signaux enregistrés par le nez électronique ? Dans les bulbes olfactifs ou dans les différentes zones concernées du cerveau ? La question reste encore ouverte.

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Quoi qu’il en soit, les deux chercheurs américains comptent, pour effectuer ce transfert, sur des implants cochléaires de même nature que ceux déjà utilisés pour améliorer l’ouïe des personnes atteintes de surdité grave.

On l’aura compris, les professeurs Costanzo et Coelho sont encore très loin de débuter la commercialisation de leur nez bionique. Ils ne veulent surtout pas à donner de faux espoirs. « Il nous faudra encore 10 à 15 ans pour être capable de présenter une prothèse fonctionnelle », admettent-ils. C’est long, trop long. Voilà pourquoi d’autres chercheurs misent plutôt sur les cellules souches pour remettre à neuf les zones altérées par le Covid-19. On verra qui de ces chercheurs aura eu le plus de… nez.


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