Ce que des amateurs ont permis d’apprendre sur l’astéroïde Eurybate
L’expérience de science participative conviant les passionnés d’astronomie à observer la disparition momentanée d’une étoile a porté ses fruits.

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S’il y avait besoin de prouver que la science participative n’était pas un gadget, la récente campagne d’observation de l’occultation d’une étoile par l’astéroïde 3548 Eurybate est un bon exemple des résultats qui peuvent être obtenus par des amateurs bien encadrés. Dans la nuit du samedi 22 au dimanche 23 octobre vers 4 heures du matin, des îles Canaries au nord de la Suède, ce sont plus de trois cents instruments d’observation plus ou moins modestes qui ont été braqués vers l’étoile HD 5159323 de la constellation des Gémeaux, dans l’espoir de la voir disparaître ou pas, derrière l’un des astéroïdes cibles de la mission spatiale américaine Lucy.
Rien que dans l’Hexagone, l’Association française d’astronomie (AFA), qui a largement porté le projet destiné à aider la Nasa, a indiqué avoir reçu pas moins de 246 rapports d’observation ! Ainsi, malgré la météo maussade qui a gêné de nombreux volontaires cette nuit-là, 18 observateurs européens ont vu l’étoile disparaître, tandis que 44 autres l’ont vue briller sans discontinuer.
Huit secondes de retard
Ce qui a d’abord permis d’affiner la trajectoire de ce petit corps troyen de Jupiter, à savoir qu’il partage l’orbite de la planète géante gazeuse autour du Soleil. Histoire de s’assurer que sa rencontre avec la sonde Lucy, qui a pour mission de le survoler en 2027, ne soit pas un rendez-vous manqué ! En effet, si l’ombre de 3548 Eurybate est bien passée comme prévu au-dessus de la France, elle s’est présentée avec huit secondes de retard et, surtout, quinze kilomètres plus à l’ouest que prévu. Le savoir a permis de resserrer considérablement les marges d’erreur concernant la position de l’astéroïde sur la voûte céleste. « Grâce à ces mesures, cette plage d’incertitude qui valait environ 23 kilomètres va être réduite à quelques kilomètres à peine », a indiqué l’astronome Josselin Desmars de l’Observatoire de Paris au magazine Ciel & Espace de l’AFA.
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Enfin, la très grande majorité des participants qui ont effectivement vu l’occultation de l’étoile par Eurybate, ayant pris la peine de chronométrer leurs observations, ont aussi pu commencer à préciser sa forme et ses dimensions. En effet, en déterminant très précisément la période pendant laquelle l’étoile a disparu de l’objectif de différents observateurs situés à divers emplacements donnés, les scientifiques peuvent dessiner les contours de l’objet cosmique à l’origine de l’occultation. Car, à chaque durée d’occultation différente correspond une zone différente de l’astéroïde.
On sait ainsi désormais que la face de l’astéroïde observée le 23 octobre au matin fait à peu près 72 kilomètres de long pour 64 kilomètres de large et présente comme une sorte d’excroissance concave sur l’un de ses bords. Voici à quoi il devrait ressembler :
Quelques centaines de personnes, dont de simples amateurs motivés, vont sans doute avoir permis à la sonde américaine Lucy de s’approcher encore un peu plus près d’Eurybate pour nous offrir d’ici à quelques années une véritable image de lui.
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