Comment rendre son chat plus écolo
Alimentation, litière, accessoires… Le bilan carbone du chat commence à préoccuper ses maîtres. Voici quelques astuces pour le réduire.
Par Émilie Trevert

Temps de lecture : 4 min
Concilier impératifs écologiques et entretien de son chat domestique n’est pas toujours facile. Une étude néo-zélandaise, publiée dans la revue New Scientist en 2009*, avait conclu que l’empreinte carbone annuelle de l’animal préféré des Français serait comparable à celle d’une Golf Volkswagen… Moins que celle du chien, tout de même, qui serait deux fois plus importante qu’un gros SUV.
Commençons par l’alimentation : peut-on imaginer rendre son chat végétarien ? Certains écolos, rongés par ce paradoxe – offrir à leur chat une nourriture carnée quand eux-mêmes s’en abstiennent –, commencent à se poser sérieusement la question. La réponse est non ! Le chat est ce qu’on appelle un « carnivore strict », le priver de viande mettrait sa santé en danger. De ce côté-là, vous ne pourrez donc réduire son apport en protéines animales.
À LIRE AUSSILes chats vont-ils envahir la planète ?La France est le premier producteur européen d’aliments pour animaux de compagnie (2 millions de tonnes par an). Un scandale pour François-Michel Lambert, l’ex-député écologiste qui avait proposé un amendement – finalement jugé irrecevable – visant à classer les chats comme espèce invasive. Ce spécialiste de l’économie circulaire, qui estime l’impact CO2 du félin « colossal », a fait ses calculs : « Cinq cent mille chats, c’est l’équivalent de 7 000 à 8 000 vaches pour les nourrir ! Élever des vaches pour nourrir des chats, éthiquement, cela pose question… »
Gammes bio, sans OGM ni pesticides
Sauf que les vaches ne sont pas exclusivement élevées pour nourrir des chats. D’autant que les plats préparés pour animaux domestiques ne sont pas tous estampillés « pur bœuf » et peuvent contenir des « sous-produits animaux ». Ce qui signifie que l’industriel a utilisé comme ingrédients des parties de carcasses animales déclarées saines pour l’alimentation humaine, mais que l’homme ne consomme pas.
Il est vrai cependant que les chats consomment beaucoup de nourriture industrielle (à 97,5 % des croquettes) et qu’ils sont moins souvent nourris que les chiens par des restes de table ou des aliments cuisinés maison. Certaines marques ont développé des gammes bio, sans OGM ni pesticides. Il existe également une nouvelle tendance à base de viande crue et d’os ou d’abats, appelée BARF pour « bone and raw food ». Une alimentation qui se veut plus saine, proche de ce que le chat trouverait à l’état sauvage, sans additif ni conservateur, mais parfois servie dans des barquettes en plastique…
D’après un guide de la Ligue de protection des oiseaux (LPO), une alimentation équilibrée (donc essentiellement carnée), en libre-service dans la gamelle de Raminagrobis, a tout de même un avantage: limiter ses déplacements extérieurs à la recherche de proies et protèger ainsi la petite faune des jardins.
Jouer avec son chat fait également partie des recommandations de la LPO pour limiter la prédation. Concernant les accessoires et jouets pour matous, pas besoin de succomber à tous les gadgets tendance que l’on trouve maintenant dans les magasins les plus chics, sachant qu’un chat préférera souvent une bonne vieille paire de chaussettes ou une pelote de laine. Niches, arbres à chat ou griffoirs peuvent être faits maison, des tutoriels existent sur Internet.
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Méthanisation
Il ne faut pas oublier la litière qui a clairement un impact sur l’environnement. Sa production consomme des ressources non renouvelables (comme l’argile extraite de carrières), elle diffuse des poussières et contient parfois des substances qui peuvent être dangereuses pour l’environnement et la santé (notamment quand les granulés sont blanchis, parfumés ou traités). Une étude du laboratoire d’analyse minéralogique du centre hospitalier Saint-Joseph Saint-Luc de Lyon a démontré que certaines litières comportaient un taux important de particules fines PM10 dû à une présence d’argile et de silice.
On estime à environ 615 000 tonnes par an de déchets (toutes litières confondues), l’équivalent de 5 % dans nos poubelles. « Les litières minérales, soit 90 % du marché (à base de bentonite, ou de silice produite en Chine) sont un poison pour l’environnement, explique Marie-Pierre Medouga-Ndjikessi, cheffe de projet de la mission Transition litières végétales. Elles ne sont pas valorisables et il faut les enfouir la plupart du temps, contrairement à la litière végétale ».
Fabriquée à base de bois (fibres, copeaux, granulés), de carton ou de céréales, la litière végétale a l’avantage d’être 100 % naturelle et biodégradable. Plus chère à l’achat, elle a une durée de vie plus longue, peut brûler et produirait même de l’énergie. Ses partisans tentent de la faire entrer dans la liste des bio-déchets. « Si toute la France passait aux litières végétales, 500 000 tonnes de CO2 seraient économisés ! », avance Marie-Pierre Medouga-Ndjikessi. On pourra peut-être bientôt se servir de la litière végétale souillée pour en faire du biogaz grâce à la méthanisation. Des discussions sont en cours avec l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) et une expérimentation se prépare.
Le chat, comme tout être vivant, ne sera jamais 100 % neutre, l’amélioration de son bilan carbone tient donc à l’information et aux bonnes pratiques de son maître.
*Time to Eat the Dog: The real guide to sustainable living.
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