Arianespace a détruit sa fusée Vega-C défaillante
L’ordre d’autodestruction a été envoyé après dix minutes de vol au lanceur européen, qui avait dévié de sa trajectoire durant son premier tir commercial.
Par Guerric Poncet
Temps de lecture : 2 min
Voilà pourquoi dans les centres spatiaux, les ingénieurs n’applaudissent jamais juste après le décollage. Dans la nuit du mardi 20 au mercredi 21 décembre, la fusée européenne Vega-C a subi un dysfonctionnement fatal après une dizaine de minutes de vol, obligeant Arianespace à « détruire le lanceur » en lui envoyant depuis Kourou « un ordre qui a bien été exécuté », a expliqué Pierre-Yves Tissier, le directeur technique de l’entreprise, lors d’une conférence de presse laconique mercredi. La procédure est normale en cas de défaillance d’une fusée. Les débris sont « retombés dans les eaux internationales, en toute sécurité » et « toutes les données du vol ont été récupérées », a-t-il ajouté.
Le décollage a été réussi, c’est après la séparation du premier étage et la mise à feu du moteur du deuxième étage Zefiro 40 que l’incident s’est déclaré. « La pression dans la chambre (du moteur, NDLR) a subitement chuté, et plusieurs éléments électroniques ont été perdus », a précisé Pierre-Yves Tissier. Vega-C, nouvelle version du petit lanceur européen fabriqué sous maîtrise d’œuvre italienne et certifié par l’Agence spatiale européenne (ESA), avait réussi son vol inaugural en juillet. Au sol, deux tests de mise à feu du moteur incriminé avaient été réussis dans les mois précédents.
Un coup dur pour l’Europe spatiale
Pour son premier lancement commercial, Vega-C a entraîné la perte de deux satellites d’Airbus, Pleiades Neo 5 et 6, qui devaient consolider les services d’imagerie spatiale de précision du conglomérat européen. Arianespace et Avio, le fabricant italien du module concerné, ont présenté leurs excuses à leur client.
À LIRE AUSSIContrat avec Amazon : « une énorme bouffée d’oxygène » pour Ariane 6Cette petite fusée est dérivée du booster de la future Ariane 6, ce qui a soulevé des inquiétudes sur d’éventuelles conséquences pour sa grande sœur. « Selon nos premières investigations, ni Ariane 5 ni Ariane 6 ne sont impactées », a tenu à rassurer le PDG d’Arianespace, Stéphane Israël, durant le même point presse. Une commission d’enquête dirigée par Arianespace et l’ESA doit réunir « immédiatement » des experts indépendants, qui devront « établir les causes de cet échec et proposer des solutions robustes et durables », a-t-il ajouté.
Pour l’Europe spatiale, l’échec de Vega-C est un coup dur. La fin de la collaboration avec Roscosmos, l’agence spatiale russe, a déjà obligé Arianespace à stopper les opérations du lanceur Soyouz à Kourou et donc retirer du catalogue l’unique lanceur moyen. L’accident du lanceur léger Vega-C, combiné aux retards majeurs pris par le programme Ariane 6 dont le premier lancement a été reporté fin 2023 alors qu’il était prévu en 2020, rend la compétition plus difficile avec les concurrents américains, notamment SpaceX. La première version de Vega, en service depuis 2012, a été tirée vingt fois et a subi deux échecs en 2019 et 2020.
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