Les compétences transverses, aujourd’hui indispensables à l’ingénieur
Les entreprises attendent de leurs jeunes ingénieurs qu’ils soient un peu « un mouton à cinq pattes », comme nous l’explique Fabrice Bardèche, vice-président du groupe d’écoles Ionis, qui observe cette évolution vers un élargissement des compétences. Les élèves eux-mêmes, constate-t-il, sont conscients, et même acteurs, de ce phénomène.
Aujourd’hui, on ne demande pas à un jeune ingénieur d’être seulement excellent dans son domaine de spécialisation. Les entreprises cherchent des « compétences transverses », selon l’expression consacrée, un peu obscure peut-être mais qui exprime une évolution irréversible. C’est le point de vue de Fabrice Bardèche, vice-président du groupe Ionis, qui réunit des écoles d’ingénieurs dans différents domaines, que Futura a interrogé.
Qu’est-ce que les compétences transverses ?
Fabrice Bardèche : C’est la transcendance des connaissances pour les étendre à d’autres domaines. Pour l’ingénieur, c’est la culture générale, les « soft skills » [compétences comportementales, NDLR], le marketing, la communication, les SHS [sciences humaines et sociales]. Les écoles, aujourd’hui, les développent toutes plus ou moins. C’est important pour l’ingénieur qui deviendra souvent un manager. Il doit savoir ce qu’est une entreprise et comment diriger un groupe.
Est-ce une réflexion récente ?
Fabrice Bardèche : Non… En fait, au poste de l’ingénieur, on a toujours cherché le mouton à cinq pattes. Celui qui a des compétences techniques parfaites, bien sûr, y compris dans les domaines les plus récents (aujourd’hui c’est l’intelligence artificielle, la robotique…). Mais on attend aussi de lui qu’il soit un bon manager, qu’il parle anglais et même une troisième langue, qu’il ait une bonne culture générale… En trois ans d’école plus la prépa, c’est difficile de concentrer tout cela.
Si cette évolution n’est pas nouvelle, pourquoi en parle-t-on davantage aujourd’hui ?
Fabrice Bardèche : Elle n’est pas complètement nouvelle, non, mais il est vrai qu’elle prend de plus en plus de force. Je crois que c’est en partie lié au développement des réseaux sociaux. Il y a désormais une forte mise en relation des personnes au sein d’une entreprise et aussi, dans la vie privée, entre des groupes plus larges. Le corollaire est une expression individuelle qui s’affirme, avec la volonté de « ne pas être un pion ». Dans les entreprises, on assiste à une valorisation croissante de la dimension humaine.
Concrètement, les programmes d’ingénieurs évoluent-ils ?
Fabrice Bardèche : Oui. Les demandes émanant de la CTI (Commission des titres d’ingénieurs) vont dans ce sens. Par exemple dans l’importance grandissante des technologies Internet mais aussi des sciences humaines et sociales. Les écoles d’ingénieurs suivent ce mouvement. Au sein de notre groupe Ionis, nous avons la chance de disposer d’écoles ouvertes sur des secteurs variés : ingénierie, biotechnologie, commerce, créativité… Nos campus urbains les réunissent physiquement. Et nous mettons en place des modules spécialisés accessibles entre différentes écoles.
Les élèves sont-ils demandeurs ?
Fabrice Bardèche : Ils sont très demandeurs ! Les futurs ingénieurs sont aujourd’hui conscients qu’ils doivent élargir leurs domaines de compétences. Partout, « on casse les silos »… Il y a d’ailleurs de plus en plus de doubles cursus et nous, les écoles, devons répondre à ce besoin.
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