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L’automobile condamnée à maigrir

Pour Audi, chantre du juste poids, la dérive actuelle des voitures roulant en catégorie poids lourd signe la fin d’un cycle.

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L'AVUS au Salon de Tokyo 1991 a jete les bases de la construction aluminium chez Audi, et de quelle facon !
L’AVUS au Salon de Tokyo 1991 a jeté les bases de la construction aluminium chez Audi, et de quelle façon ! © TIBO

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Il est cruel d’avoir raison trop tôt. Panhard a disparu sur ce postulat de la légèreté à tout prix, à l’époque éloignée de la perception de qualité. Alpine renaît en faisant la chasse aux kilos si pénalisants sur une berlinette sportive et Audi défend, depuis 1994 et son A8 à châssis Space Frame, une coque largement composée d’aluminium. En réalité, l’époustouflant concept-car AVUS l’avait précédée en 1991, un coupé à moteur central arrière dont les caractéristiques n’ont, trente ans après, guère pris de rides. Mais faire une démonstration technologique sur un prototype, puis un haut de gamme régulièrement commercialisé est une chose, l’appliquer à la grande série et à un petit véhicule en est une autre.

En 1999 naissait en effet l’Audi A2 qui exploitait à son tour l’aluminium, mais ne parvint pas à faire son trou en raison d’un prix sensiblement plus élevé que la concurrence en acier. Pourtant, elle avait des arguments à faire valoir, l’aluminium étant finalement 48 % plus léger même en incorporant du silicium et du magnésium afin de le rendre résistant aux crash-tests. L’aluminium employé seul aurait été en effet trop cassant, mais en atteignant un allègement de 75 % ! Résistant à la rouille, réparable avec des méthodes appropriées plus coûteuses, ce qui ne fut pas du goût des assurances, l’A2 n’avait pas encore tout pour plaire.

Sa conformation de mini-monospace a pourtant enthousiasmé ceux qui y ont goûté, en faisant des inconditionnels et maintenant une côte en occasion très élevée. Car l’A2 avait d’autres talents, dont celui de n’émettre que 81 g/CO2, une performance qui n’est atteinte aujourd’hui que par des hybrides rechargeables. Pourtant, le moteur était à la base un diesel 3 cylindres turbo, autres innovations, ne consommant que 2,9 l/100 km pour 61 ch. Une frugalité si épatante que le réservoir avait été, comme beaucoup d’autres éléments, sous-dimensionné à 21 litres, amenant le poids total à 855 kg ! Comparée aux voitures actuelles gavées d’équipements souvent superflus et réduites au rôle d’enclumes roulantes avec les batteries dont elles sont équipées, elle devrait susciter une réflexion de fond.

Régime minceur pour les électrifiées

« La dérive des poids constatée sur les derniers modèles amène à se poser la question, reconnaît Marc Ouayoun, le directeur général d’Audi France. Désormais, nous semblons condamnés à l’électrique, mais les efforts devront porter sur la réduction du poids et de la place occupée par les batteries. La future génération d’accumulateurs minces pourrait aider à fournir cette technologie à des modèles plus compacts. »

La nécessité est d’autant plus forte qu’un coup de semonce a été porté depuis le 1er janvier 2022 avec la taxation au kilo des voitures trop lourdes. La barre a été fixée à 1 800 kg et la pénalité à 10 euros par kilo supplémentaire au-delà. Une voiture de 1 980 kg devra donc acquitter 1 800 euros de pénalité au titre des 180 kg en trop. Il n’y a donc pas que le C02 pour endiguer les dérives, mais seules les voitures thermiques sont concernées jusqu’à présent.

« Il ne fait guère de doute, dit Marc Ouayoun, que le seuil peut être abaissé, la pénalité augmentée et le champ d’application étendu à des voitures hybrides et peut-être même tout électriques ». Cette loi, inspirée par la convention citoyenne de 2020, plaide à juste titre pour un amaigrissement des voitures, pour le moment incompatible avec l’électrique. C’est donc, à ce stade, une loi anti-SUV ne concernant que les véhicules de haut de gamme étrangers, les généralistes français se situant en dessous de 1 800 kg. Petites consolations, le cumul du malus au poids et du malus écologique est plafonné à 40 000 € ou 50 % du prix d’achat et les familles nombreuses (3 enfants et plus) bénéficient d’un abattement.


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