Plusieurs dizaines de milliers de «gilets jaunes» sur les routes de France
A la mi-journée, le ministère de l’Intérieur estimait à 2 000 le nombre de rassemblements à travers la France, avec quelque 124 000 participants. Plusieurs accidents, dont un mortel, ont entaché samedi le mouvement des « gilets jaunes ». Dans les Alpes françaises, une manifestante est décédée après avoir été heurtée par une voiture dont la conductrice a été prise de panique à un barrage organisé par des manifestants protestant contre la hausse des taxes sur les carburants. Dans le nord, un piéton était en « urgence absolue » après avoir été renversé. D’autres incidents ont fait seize blessés légers, dont un policier, selon des sources officielles.
« Non à la hausse… vive la France »
« Macron démission ! » : plusieurs centaines de gilets jaunes se sont ainsi rassemblés ce samedi matin en périphérie de Rennes (Ille-et-Vilaine), avant d’envahir avec leurs véhicules le périphérique, perturbant fortement la circulation. Drapeaux bretons et gilets jaunes mélangés : à 10h00 dans une ambiance bon enfant, plus de 200 manifestants se sont réunis sur le parking d’un cinéma du nord de Rennes, un des cinq points de rassemblement, avant de lancer une opération escargot, a constaté un journaliste de l’AFP. Plus à l’est du pays, à l’entrée de l’A39 à Dole-Choisey (Jura), des palettes brûlent, les braseros sont allumés et une banderole « Non à la hausse… vive la France » barre l’accès à l’autoroute. Là aussi, dans une ambiance bon enfant, une centaine de « gilets jaunes » filtre le trafic pour protester contre la hausse du prix de l’essence. Dans le froid et la brume ce samedi, les manifestants obligent les automobilistes à faire preuve de patience, discutent avec eux et font signer des pétitions. Non loin, des gendarmes sont postés, sans intervenir. Toutes les 10 minutes environ, les manifestants lèvent leur barrage puis bloquent à nouveau.
A Paris, une cinquantaine de manifestants ont descendu les Champs-Elysées depuis l’Arc de Triomphe aux cris de « Macron démission ! ». Les « gilets jaunes », un nom donné en raison des vestes fluorescentes que chaque automobiliste français est obligé de détenir dans sa voiture afin de le rendre visible en cas d’accident, entendent protester contre la hausse des taxes sur les carburants, une fiscalité écologique, mais également contre la politique « injuste » du gouvernement qui grèverait le pouvoir d’achat.
Soutenus par 73% des Français
Ces « gilets jaunes » sont soutenus par 73% des Français, selon le sondeur Elabe. « 54% des électeurs de Macron soutiennent ou ont de la sympathie pour ce mouvement. Ce n’est pas anodin », souligne Vincent Thibault, chargé d’études senior à l’institut. « C’est d’ores et déjà un succès en termes d’opinion », en conclut pour l’AFP Jérôme Sainte-Marie, président de PollingVox, un autre institut d’enquête. « Qu’ils soient quelques milliers ou plusieurs millions, qu’ils parviennent ou non à bloquer le pays, les gilets jaunes ont gagné », estime le quotidien Le Parisien. « Ils ont rappelé à nos dirigeants que (…) la fiscalité écologique (…) est vouée à l’échec si elle néglige la réalité quotidienne de ceux qu’elle est censée aider ».
(avec AFP)
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