A la Une

#MeToo : Patrick Poivre d’Arvor, Luc Besson, Tariq Ramadan… Où en est la justice dans les principales affaires françaises ?

En octobre 2017, l’affaire Harvey Weinstein provoque une onde de choc. Des dizaines d’actrices accusent le puissant producteur de cinéma de multiples violences sexuelles. Porté notamment par l’actrice Alyssa Milano, le hashtag #MeToo se diffuse à grande vitesse sur Twitter, rassemblant des dizaines de milliers de témoignages de femmes victimes de harcèlement, d’agressions sexuelles ou de viol.

En France, derrière le mot d’ordre #BalanceTonPorc, la journaliste Sandra Muller témoigne du harcèlement sexuel qu’elle a subi au travail. Dans son sillage, d’autres victimes dénoncent acteurs, journalistes, sportifs, hommes politiques, artistes, écrivains… La France avait déjà connu, en 2016, l’affaire Denis Baupin, député écologiste accusé de harcèlement et d’agressions sexuelles, et en juin 2017, l’affaire Gérard Darmanin, quand le ministre a été visé par une plainte pour viol. Mais #MeToo a considérablement accéléré la prise de conscience publique de l’ampleur des violences sexistes.

Franceinfo reprend le fil de 19 affaires, choisies pour leur écho médiatique. La majorité de ces enquêtes (douze) sont toujours en cours, alors que certaines sont ouvertes depuis plusieurs années. Et une partie (cinq affaires) des faits dénoncés sont anciens et prescrits. D’autres s’acheminent vers cette issue.

Dans une affaire de viol, une personne majeure a vingt ans pour porter plainte, à compter de la date du crime. Un mineur dispose de trente ans après sa majorité pour signaler les faits, soit jusqu’à l’âge de 48 ans, depuis la loi Schiappa du 3 août 2018. Dans une affaire d’agression sexuelle, un majeur a six ans pour porter plainte après les faits et vingt ans pour un mineur, à compter de sa majorité.

Affaire Eric Brion – Sandra Muller

13 octobre 2017 : Sandra Muller lance le mouvement #balancetonporc
Statut de l’affaire : jugée

L'ancien patron d'Equidia, Eric Brion, à la cour d'appel de Paris, le 27 janvier 2021.  (ALAIN JOCARD / AFP)

L'ancien patron d'Equidia, Eric Brion, à la cour d'appel de Paris, le 27 janvier 2021.  (ALAIN JOCARD / AFP)

Le 13 octobre 2017, en pleine affaire Weinstein, la journaliste Sandra Muller rapporte sur Twitter des propos à caractère sexuel qu’Eric Brion, ancien patron de la chaîne Equidia, lui a adressés, sans toutefois porter plainte.

En réponse, Eric Brion porte plainte pour diffamation et gagne en première instance. Mais, en mars 2021, la cour d’appel relaxe Sandra Muller. La décision est confirmée en mai 2022 par la Cour de cassation qui estime que les propos de Sandra Muller reposent « sur une base factuelle suffisante » pour lui reconnaître « le bénéfice de la bonne foi ». Elle considère aussi que Sandra Muller a contribué à « un débat d’intérêt général sur la dénonciation de comportements à connotation sexuelle non consentis de certains hommes vis-à-vis des femmes ».

Revenir à la liste des affaires

Affaire Pierre Joxe

18 octobre 2017 : Ariane Fornia accuse l’ancien ministre Pierre Joxe d’agression sexuelle
Statut de l’affaire : jugée

Pierre Joxe, à Paris, le 5 octobre 2012.  (JACQUES DEMARTHON / AFP)

Pierre Joxe, à Paris, le 5 octobre 2012.  (JACQUES DEMARTHON / AFP)

Le 18 octobre 2017, en pleine éclosion de la vague #Balancetonporc, Ariane Fornia publie sur son blog un long billet, où elle raconte avoir été victime de plusieurs agressions sexuelles dans sa jeunesse, dont une à l’opéra Bastille, alors qu’elle est âgée d’une vingtaine d’années. La fille d’Eric Besson, ex-ministre de Nicolas Sarkozy, ne nomme pas son agresseur. Elle évoque « un ancien ministre de Mitterrand, membre de plusieurs gouvernements, qui a occupé des fonctions régaliennes ». Le nom de Pierre Joxe, âgé aujourd’hui de 87 ans, émerge rapidement.

L’ancien ministre de l’Intérieur s’élève contre une « dénonciation calomnieuse et scandaleuse » et demande « des excuses écrites et publiques ». Face au refus de l’écrivaine, il décide de la poursuivre en justice. En première instance, courant janvier 2020, le tribunal judiciaire de Paris donne raison à Pierre Joxe, estimant qu’Ariane Fornia se devait « de disposer d’éléments lui permettant de soutenir les faits qu’elle dénonçait publiquement ».

En janvier 2021, la cour d’appel de Paris infirme ce jugement et affirme qu’Ariane Fornia peut « bénéficier du fait justificatif de la bonne foi ». Pierre Joxe annonce immédiatement son pourvoi en cassation. En mai 2022, la Cour de cassation confirme la relaxe d’Ariane Fornia. Elle juge que « les propos incriminés reposaient sur une base factuelle suffisante et que, compte tenu du contexte dans lequel ils avaient été tenus, le bénéfice de la bonne foi devait être reconnu ».

Revenir à la liste des affaires

Affaire Tariq Ramadan

20 octobre 2017 : Henda Ayari est la première femme à porter plainte pour viol contre l’islamologue Tariq Ramadan
Statut de l’affaire : en cours

Tariq Ramadan, au palais de justice de Paris, le 13 février 2020. (THOMAS SAMSON / AFP)

Tariq Ramadan, au palais de justice de Paris, le 13 février 2020. (THOMAS SAMSON / AFP)

Elle est la femme par qui la tentaculaire affaire Tariq Ramadan a débuté. Le 20 octobre 2017, Henda Ayari, une ancienne salafiste devenue militante laïque, porte plainte contre l’islamologue suisse. Elle l’accuse de l’avoir violée dans une chambre d’hôtel en 2012. Quelques jours après, une autre femme saisit la justice pour dénoncer des faits similaires qui remontent à 2009. Dans son témoignage consulté par Le Monde (article réservé aux abonnés), « Christelle », qui portait alors une attelle à une jambe, décrit plusieurs viols et de nombreux coups, lors d’une rencontre dans un hôtel lyonnais. Le théologien est mis en examen en février 2018 après ces deux plaintes.

En mars 2018, Mounia Rabbouj accuse le prédicateur de viols répétés en 2013 et 2014. Cette ancienne escort-girl de 45 ans décrit aux enquêteurs le même modus operandi que les autres plaignantes : une phase de séduction sur les réseaux sociaux, puis des rencontres tournant très vite à la violence. Un mois plus tard, une quatrième plainte est déposée en Suisse par « Brigitte », qui accuse Tariq Ramadan de l’avoir violée à Genève en octobre 2008.

En novembre 2018, après neuf mois de détention provisoire, Tariq Ramadan est remis en liberté sous contrôle judiciaire. En février 2019, il dépose plainte pour « dénonciation calomnieuse » contre ses trois accusatrices françaises. En avril 2019, un ex-animatrice de radio de la région lyonnaise porte plainte à son tour contre l’islamologue, qu’elle accuse de viols en réunion lors d’une rencontre dans sa chambre d’hôtel en 2014, dans le cadre d’une interview.

En septembre 2019, le parquet de Paris décide d’étendre son enquête à de nouveaux faits, après les témoignages de deux femmes, interrogées comme témoin par les policiers après avoir été identifiées sur des photos retrouvées dans l’ordinateur de l’islamologue. Elles assurent avoir subi des relations sexuelles brutales : l’une en novembre et décembre 2015 et l’autre en mars 2016. En février 2020, Tariq Ramadan est mis en examen pour les viols de ces deux femmes.

En octobre 2020, l’islamologue est mis en examen pour viols sur Mounia Rabbouj, sa troisième accusatrice. Cette mise en examen avait été réclamée dès 2018 par le parquet de Paris, mais les juges avaient suspendu leur décision.

Tariq Ramadan cumule donc quatre mises en examen pour viols en France. Le 12 avril 2022, après quatre ans d’investigations, deux juges d’instruction parisiennes annoncent la fin de leur enquête. Trois mois plus tard, le parquet de Paris demande un procès aux assises pour les viols de Henda Ayari, Mounia Rabbouj et une des femmes identifiées sur photo, ainsi que pour « viol sur personne vulnérable » sur « Christelle ». Le parquet explique que les victimes « se trouvaient toutes sous emprise » de Tariq Ramadan « au regard de l’admiration voire de la vénération qu‘[il] exerçait sur elles ». 

Les avocats de l’accusé rejettent cette « emprise » et estiment que les plaintes sont le fruit de « déceptions sentimentales ou sexuelles » voire d’un complot politique, dénoncé par leur client. Tariq Ramadan sera par ailleurs prochainement jugé à Genève, à la suite des accusations de « Brigitte », la plaignante Suisse.

Revenir à la liste des affaires

Affaire Luc Besson

19 mai 2018 : l’actrice belge Sand Van Roy accuse le producteur Luc Besson de viol
Statut de l’affaire : en cours

Luc Besson, en Allemagne, le 12 septembre 2018.  (JEAN-MARC LOOS / MAXPPP)

Luc Besson, en Allemagne, le 12 septembre 2018.  (JEAN-MARC LOOS / MAXPPP)

En pleine cérémonie de clôture du 71e Festival de Cannes, marquée par un discours poignant d’Asia Argento, l’une des accusatrices d’Harvey Weinstein, les médias révèlent qu’une plainte pour viol a été déposée par une jeune comédienne belge, Sand Van Roy, à l’encontre d’un mastodonte du cinéma français : le réalisateur et producteur Luc Besson. Cette ex-mannequin de 27 ans l’accuse de l’avoir agressée dans un hôtel parisien. Deux mois plus tard, elle dénonce d’autres viols commis, selon elle, au cours de deux années d’une « relation d’emprise professionnelle » et de harcèlement moral. Luc Besson l’aurait notamment menacée de la couper au montage des films dans lesquels il la faisait tourner.

Le réalisateur a toujours formellement démenti ces accusations, dénonçant un « tissu de mensonges » et affirme qu’il s’agissait de « relations sexuelles absolument consenties ». En février 2019, après neuf mois d’enquête, la plainte est classée sans suite par le parquet de Paris qui précise que les investigations n’ont « pas permis de caractériser l’infraction dénoncée ». La comédienne dépose alors une plainte avec constitution de partie civile qui débouche sur l’ouverture d’une information judiciaire en octobre 2019 pour viols.

En décembre 2021, un non-lieu est prononcé en faveur de Luc Besson, « en l’absence de tout élément matériel venant étayer les déclarations » de Sand Van Roy. La juge d’instruction Marie-Claire Noiriel a suivi les réquisitions du parquet de Paris, qui réclamait l’abandon des poursuites. En mai 2022, la cour d’appel de Paris confirme le non-lieu. Sand Van Roy, dont les avocats ont depuis annoncé un pourvoi en cassation, a par ailleurs porté l’affaire devant un tribunal belge.

Après la première plainte de Sand Van Roy, plusieurs autres femmes ont sollicité la justice pour dénoncer des agressions sexuelles. Une ex-directrice de casting a été entendue par la police après avoir fait un signalement au procureur de la République. En 2018, Mediapart a révélé les témoignages de huit autres femmes, accusant le réalisateur, aujourd’hui âgé de 63 ans, de faits en grande partie prescrits. En février 2019, une nouvelle femme s’est tournée vers la justice française. Une actrice vivant aux Etats-Unis affirme avoir dû « s’échapper à genoux » quand Luc Besson s’est « jeté sur [elle]«  lors d’un rendez-vous professionnel, en mars 2002. Une enquête préliminaire est toujours en cours concernant ces accusations.

Revenir à la liste des affaires

Affaire Gérard Depardieu

30 août 2018 : une plainte pour viol est déposée contre Gérard Depardieu
Statut de l’affaire : en cours

Gérard Depardieu, à Nice (Alpes-Maritimes), le 2 novembre 2021.  (BOTELLA SEBASTIEN / MAXPPP)

Gérard Depardieu, à Nice (Alpes-Maritimes), le 2 novembre 2021.  (BOTELLA SEBASTIEN / MAXPPP)

Une comédienne de 22 ans dépose plainte, à l’été 2018, contre Gérard Depardieu. Elle affirme avoir été violée à deux reprises, quelques jours plus tôt, au domicile parisien de l’acteur, âgé de 69 ans, un ami de son père. En juin 2019, le ministère public classe le dossier sans suite, après neuf mois d’enquête préliminaire, expliquant que « les nombreuses investigations réalisées » n’ont « pas permis de caractériser les infractions dénoncées dans tous leurs éléments constitutifs ». Mais la jeune plaignante obtient en août 2020 la reprise de l’enquête par le biais d’une plainte avec constitution de partie civile.

En décembre 2020, l’acteur est mis en examen pour viols et agressions sexuelles et laissé libre sans contrôle judiciaire. Un an après, la plaignante sort de l’anonymat.

En mars 2022, la mise en examen de l’acteur de 73 ans est confirmée par la cour d’appel de Paris, justifiée par « des indices graves ou concordants », déclare le procureur général de Paris, Rémy Heitz. Le dossier est toujours entre les mains de la juge d’instruction.

Revenir à la liste des affaires

Affaire Christophe Ruggia – Adèle Haenel

3 novembre 2019 : l’actrice Adèle Haenel accuse Christophe Ruggia de harcèlement et d’attouchements
Statut : en cours

Christophe Ruggia, à Toulouse (Haute-Garonne), le 17 janvier 2012.  (F CHARMEUX / MAXPPP)

Christophe Ruggia, à Toulouse (Haute-Garonne), le 17 janvier 2012.  (F CHARMEUX / MAXPPP)

Deux ans après le début du mouvement #MeToo, Mediapart publie une longue enquête, le 4 novembre 2019, dans laquelle l’actrice Adèle Haenel détaille le « harcèlement » et « les attouchements » du réalisateur Christophe Ruggia entre 2001 et 2004. La jeune femme était âgée de 12 à 15 ans, et lui de 36 à 39 ans. Christophe Ruggia conteste les faits, regrettant avoir « commis l’erreur de jouer les Pygmalion, avec les malentendus et les entraves qu’une telle posture suscite ».

Refusant dans un premier temps de saisir la justice, l’actrice porte finalement plainte quelques jours après l’ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet de Paris, en novembre 2019. Le réalisateur est mis en examen en janvier 2020 pour « agressions sexuelles sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité sur la victime ».

L’enquête est toujours en cours, les auditions dans l’entourage de la comédienne et dans celui du réalisateur se poursuivent. L’avocat de ce dernier, Me Jean-Pierre Versini-Campinchi, précise à franceinfo qu’à l’heure actuelle, son client, aujourd’hui âgé de 57 ans, n’a toujours pas été entendu par la juge d’instruction. « Cela fait un an et demi que l’on attend d’être convoqués. »

Revenir à la liste des affaires

Affaire Gabriel Matzneff

2 janvier 2020 : Vanessa Springora publie Le Consentement et dénonce l’emprise et les pratiques pédocriminelles de l’écrivain Gabriel Matzneff
Statut de l’affaire : en cours

L'écrivain Gabriel Matzneff en 2015. (ULF ANDERSEN / ULF ANDERSEN / VIA AFP)

L'écrivain Gabriel Matzneff en 2015. (ULF ANDERSEN / ULF ANDERSEN / VIA AFP)

« A 14 ans, on n’est pas censée être attendue par un homme de 50 ans à la sortie de son collège, on n’est pas supposée vivre à l’hôtel avec lui, ni se retrouver dans son lit, sa verge dans la bouche, à l’heure du goûter », écrit Vanessa Springora dans Le Consentement. Dans ce récit glacial, l’éditrice met en cause l’écrivain Gabriel Matzneff, figure du milieu littéraire.

Le lendemain de la parution, le 3 janvier 2020, une enquête est ouverte pour « viols sur mineur de moins de 15 ans ». Si les faits sont prescrits, le parquet de Paris décide de se saisir de l’affaire dans le cadre d’une « enquête d’initiative ». Cette pratique est devenue quasi systématique dans les affaires de viols et d’agressions sexuelles sur mineur, depuis le passage de François Molins, de 2011 à 2018, au poste de procureur de la République de Paris.

En septembre 2021, une autre femme, l’ancienne journaliste britannique Francesca Gee, accuse à son tour l’écrivain. Dans L’Arme la plus meurtrière, autopublié, elle raconte avoir eu une relation avec Gabriel Matzneff quand elle avait 15 ans et lui 37, dans les années 1970.

Gabriel Matzneff a été entendu en audition libre le 31 août 2022 par des policiers et plusieurs autres femmes ont témoigné de faits similaires, tous prescrits. L’enquête s’oriente, pour cause de prescription, vers un classement sans suite.

Revenir à la liste des affaires

Affaire Gilles Beyer – Sarah Abitbol

30 janvier 2020 : la patineuse Sarah Abitbol accuse son ancien entraîneur de viols
Statut de l’affaire : en cours

Gilles Beyer en République Tchèque, le 30 janvier 1990.  (JACQUES DEMARTHON / AFP)

Gilles Beyer en République Tchèque, le 30 janvier 1990.  (JACQUES DEMARTHON / AFP)

Le 30 janvier 2020, l’ancienne patineuse médaillée mondiale Sarah Abitbol, accuse son ancien entraîneur Gilles Beyer de l’avoir violée, au début des années 1990, entre ses 15 et ses 17 ans. « Pendant deux ans, vous dites régulièrement à ma mère : ‘Ce soir, je garde Sarah pour l’entraîner.’ Et vous me violez dans le parking, les vestiaires et dans des recoins de la patinoire dont je ne soupçonnais même pas l’existence », écrit-elle dans son livre Un si long silence (Plon). Elle décide toutefois de ne pas porter plainte, au vu de la prescription des faits.

Au lendemain de ces révélations, l’ex-entraîneur reconnaît « des relations intimes » et « inappropriées » avec Sarah Abitbol. Le parquet de Paris ouvre une enquête qui conduit à la mise en examen de Gilles Beyer, un an plus tard. Si le dossier de Sarah Abitbol est prescrit, les enquêteurs de la brigade de protection des mineurs (BPM) de Paris ont depuis reçu les témoignages de plusieurs victimes de l’entraîneur, qui, n’étant pas prescrits, pourraient encore être jugés, selon les informations du Parisien.

Parmi ces nouvelles plaignantes, figure notamment Sabina Mahamoud, la mère de l’ex-patineuse Nadjma Mahamoud, qui assure avoir été victime de chantage sexuel de la part de l’entraîneur, messages à l’appui. Il lui a, selon elle, proposé d’exonérer sa fille de frais d’inscription en échange de relations sexuelles régulières.

Après les révélations de Sarah Abitbol, le ministère des Sports diligente une enquête administrative de l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR). Ses résultats, rendus publics en août 2020, mettent en évidence des soupçons pesant sur pas moins de 21 entraîneurs de la Fédération française des sports de glace (FFSG), dont 12 mis en cause pour « des faits de harcèlement ou d’agressions sexuelles ». A la suite de ce rapport accablant, le parquet de Paris ouvre une nouvelle enquête en septembre 2020 pour « viols et agressions sexuelles par personne ayant autorité sur mineur ».

L’onde de choc provoquée par les révélations de Sarah Abitbol a permis de libérer la parole d’autres athlètes, toutes disciplines confondues. Un peu plus de deux ans après la publication de son livre, en mars 2022, plus de 600 signalements ont été transmis à la plateforme d’écoute dédiée aux violences sexuelles dans le sport, mise en place juste après le témoignage de l’ex-patineuse. Au total, 655 personnes sont mises en cause, dont 97% d’hommes, dans le cadre de 610 affaires au total, concernant 54 fédérations sportives.

Revenir à la liste des affaires

Affaire Olivier Duhamel

7 janvier 2021 : Camille Kouchner publie La Familia grande et accuse Olivier Duhamel de violences incestueuses sur son frère
Statut de l’affaire : classée sans suite pour prescription des faits

Olivier Duhamel, à Sciences Po Paris, le 19 mai 2016.  (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Olivier Duhamel, à Sciences Po Paris, le 19 mai 2016.  (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

« Très vite, le microcosme des gens de pouvoir, Saint-Germain-des-Prés, a été informé. Beaucoup savaient et la plupart ont fait comme si de rien n’était. » Le 7 janvier 2021, Camille Kouchner publie La Familia grande (Seuil), un récit autobiographique dans lequel cette maîtresse de conférence en droit révèle l’inceste subi par son frère jumeau de la part de leur beau-père, le politologue Olivier Duhamel. Ces viols répétés ont eu lieu de ses 13 à ses 15 ans, dans les années 1980.

Avant même la parution du livre, dont des extraits sont publiés dans Le Monde et L’Obs, le parquet de Paris ouvre une enquête le 4 janvier 2021 pour « viols et agressions sexuelles par personne ayant autorité sur un mineur de 15 ans » afin de vérifier que les faits sont bien prescrits depuis 2003, « faire la lumière » sur cette affaire et « identifier toute autre victime potentielle », selon le procureur de Paris.

Les enfants du célèbre universitaire sont auditionnés courant janvier, comme Camille Kouchner et son frère jumeau, « Victor » [son prénom d’emprunt dans le livre] alors âgé de 45 ans. En 2011, il avait déjà été interrogé par la police et avait alors refusé de déposer plainte pour ces faits. Cette fois-ci, il porte plainte pour la première fois contre son beau-père. En audition libre, Olivier Duhamel reconnaît des faits d’agressions sexuelles sur son beau-fils.

En juin 2021, cinq mois après l’ouverture de l’enquête, l’affaire est classée sans suite, au motif que les faits sont prescrits. Elle a toutefois eu un retentissement politique : le Parlement adopte en avril 2021 une loi contre les violences sexuelles sur les mineurs, fixant notamment le seuil de consentement à 15 ans, et 18 ans en cas d’inceste. De nombreuses voix du monde politique et associatif s’élèvent encore pour réclamer « l’imprescriptibilité » de ces crimes, au même titre que les crimes contre l’humanité.

Revenir à la liste des affaires

Affaire Gérard Louvin

8 janvier 2021 : le neveu de Gérard Louvin accuse le producteur et son mari de viols et complicité de viols
Statut de l’affaire : classée sans suite pour prescription des faits

Gérard Louvin, le 25 janvier 2021.  (FREDERIC DUGIT / MAXPPP)

Gérard Louvin, le 25 janvier 2021.  (FREDERIC DUGIT / MAXPPP)

Le 8 janvier 2021, le neveu du producteur de télévision Gérard Louvin dépose plainte contre son oncle, ainsi que le mari de ce dernier, Daniel Moyne, pour des faits de viols et complicité de viols sur mineur. Selon Le Monde, qui a eu accès à la plainte, Olivier A., 48 ans, dit avoir « été victime de caresses et de masturbations ». Il affirme aussi « avoir été obligé de pratiquer des fellations sur la personne de Daniel Moyne », entre ses 10 ans et ses 14 ans.

Le plaignant explique que la récente parution du livre de Camille Kouchner, La Familia grande, dans lequel elle accuse son beau-père, le politologue Olivier Duhamel, d’avoir violé son frère jumeau, a agi comme un « électrochoc », lui donnant la force de porter plainte. Les avocats de Gérard Louvin et Daniel Moyne assurent qu’il s’agit de « calomnies » dans le but de leur extorquer de l’argent. Une enquête pour viols sur mineur et complicité de viols sur mineur est ouverte le 21 janvier 2021 contre le couple.

Deux autres plaintes sont déposées auprès du parquet de Paris. Grégory C., 46 ans, accuse à son tour Gérard Louvin de viols. Les faits dénoncés remontent aux années 1980 et 1990. Puis, début août 2021, une enquête est ouverte contre Gérard Louvin et son mari pour viols sur mineurs, sur la base d’un témoignage accusant le couple de tourisme sexuel au Brésil en 2004. Ces deux enquêtes ont été classées sans suite en janvier 2022, dans le premier cas pour cause de prescription et dans le second pour « infraction insuffisamment caractérisée ».

Revenir à la liste des affaires

Affaire Claude Lévêque

10 janvier 2021 : le plasticien Claude Lévêque est accusé de pédocriminalité
Statut de l’affaire : en cours

Le plasticien Claude Lévêque à l'Opéra Garnier, à Paris, le 30 décembre 2018.  (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Le plasticien Claude Lévêque à l'Opéra Garnier, à Paris, le 30 décembre 2018.  (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Début 2021, le journal Le Monde révèle qu’une enquête préliminaire est en cours depuis 2019 pour « viols et agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans » visant l’artiste plasticien Claude Lévêque. Le sculpteur Laurent Faulon l’accuse de l’avoir violé de ses 10 ans à ses 17 ans, dans un contexte d’emprise. Il l’accuse également d’avoir violé ses deux frères. L’un d’eux, tombé dans la drogue comme lui, est mort suicidé en 1998 à l’âge de 34 ans. L’enquête du Monde révèle l’existence d’au moins une dizaine d’autres victimes.

Figure des avant-gardes de la fin des années 1970, Claude Lévêque a souvent été vu entouré d’adolescents « plus ou moins jeunes », relève Le Monde. « Beaucoup savaient, tout le monde pouvait se douter, personne n’est surpris », résume un galeriste dans les colonnes du journal, illustrant une certaine tolérance du milieu artistique « pour la transgression, y compris sexuelle » à cette époque. Claude Lévêque a été entendu et l’enquête est toujours en cours mais devrait prochainement être clôturée, a confié une source proche du dossier à franceinfo. Elle s’achemine vers un classement sans suite pour prescription.

Revenir à la liste des affaires

Affaire Richard Berry

25 janvier 2021 : Coline Berry-Rojtman accuse son père, Richard Berry, d’inceste
Statut de l’affaire : classée sans suite pour cause de prescription

Richard Berry au tribunal de grande instance d'Aurillac (Cantal), le 1er avril 2022.  (MAXPPP)

Richard Berry au tribunal de grande instance d'Aurillac (Cantal), le 1er avril 2022.  (MAXPPP)

Le 25 janvier 2021, Coline Berry-Rojtman, 45 ans, accuse son père, l’acteur Richard Berry, de viols et d’agressions sexuelles. Dans un message publié sur Instagram, elle déclare avoir été, enfant, « embrassée par son père sur la bouche avec la langue » et avoir « dû participer à ses jeux sexuels dans un contexte de violences conjugales notoires ».

Elle assure avoir vécu « des dizaines de fois » entre ses 6 et 10 ans un « jeu de l’orchestre », durant lequel elle était amenée à toucher les « organes sexuels [de son père] et ceux de sa partenaire », précise la plainte consultée par Le Monde et qui vise aussi la compagne de Richard Berry à l’époque, la chanteuse américaine Jeane Manson. L’acteur, aujourd’hui âgé de 72 ans, conteste de « toutes [ses] forces et sans ambiguïté ces accusations immondes ».

Si les faits sont a priori prescrits depuis 2014, année des 38 ans de Coline Berry-Rojtman – le délai de prescription à l’époque étant de 20 ans après la majorité –, le parquet ouvre tout de même une enquête pour établir notamment s’il a pu y avoir d’autres victimes. Celle-ci a été classée sans suite le 31 août dernier.

Par ailleurs, Coline Berry-Rojtman a été condamnée pour « diffamation » en avril dernier, après la plainte déposée par Jeane Manson. Il lui a été demandé de s’acquitter de 2 000 euros d’amende et 20 000 euros de dommages et intérêts à l’ancienne chanteuse, ainsi que 5 000 euros au titre des frais de justice. Elle a fait appel de cette décision.

Revenir à la liste des affaires

Affaire Dominique Boutonnat

10 février 2021 : le patron du CNC, Dominique Boutonnat, est placé en garde à vue, soupçonné d’agression sexuelle sur son filleul
Statut de l’affaire : en cours

Dominique Boutonnat, à Paris, le 18 juillet 2022.  (LUDOVIC MARIN / POOL / AFP)

Dominique Boutonnat, à Paris, le 18 juillet 2022.  (LUDOVIC MARIN / POOL / AFP)

En octobre 2020, une plainte pour agression sexuelle est déposée par le filleul de Dominique Boutonnat, patron du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), l’un des hommes les plus puissants du cinéma français, pour des faits datant d’août 2020, lors de vacances en Grèce. Le jeune homme, âgé de 22 ans, accuse son parrain, avec qui il n’a pas de lien familial, d’avoir tenté de le « masturber » et assure qu’il a également essayé de lui imposer une fellation.

L’affaire n’est médiatisée qu’en février 2021, lorsque Dominique Boutonnat est placé en garde à vue puis mis en examen. Une procédure qui ne l’empêche pas d’être reconduit, en juillet 2022, à la tête du CNC, soutenu par la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak. « Il est mis en examen, pas condamné. La présomption d’innocence prévaut », justifie alors la ministre auprès du Parisien.

Le 29 septembre, Dominique Boutonnat est finalement renvoyé devant le tribunal correctionnel. Les faits de « tentative de viol » ont été requalifiés en « agression sexuelle » par la juge d’instruction, ce qui lui évite un procès aux assises.

Revenir à la liste des affaires

Affaire Patrick Poivre d’Arvor

19 février 2021 : Florence Porcel accuse Patrick Poivre d’Arvor de viol et entraîne les témoignages de dizaines d’autres femmes
Statut des affaires : en cours

Patrick Poivre d'Arvor à Paris, le 5 novembre 2018.  (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Patrick Poivre d'Arvor à Paris, le 5 novembre 2018.  (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

L’affaire éclate avec une plainte déposée par Florence Porcel, en février 2021. Cette journaliste scientifique accuse l’ex-présentateur du « 20 Heures » de lui avoir imposé un rapport sexuel en 2004 et une fellation en 2009. Le parquet de Nanterre ouvre une enquête préliminaire lors de laquelle 22 autres femmes sont entendues. Sept d’entre elles choisissent alors de porter plainte pour viol, agressions sexuelles ou harcèlement sexuel. En juin 2021, ces plaintes sont classées sans suite : toutes se heurtent à la prescription. Une partie des faits dénoncés par Florence Porcel (ceux datant de 2009) ne tombent pas sous le coup de la prescription. Mais sa plainte est classée pour « insuffisance de preuves ».

L’écrivaine, déterminée à « aller jusqu’au bout », dépose alors une plainte avec constitution de partie civile, entraînant l’ouverture d’une information judiciaire, en décembre 2021. Les juges d’instruction chargés de cette enquête décident d’écarter les faits de 2004 − apparaissant prescrits depuis 2014 − et d’enquêter sur ceux de 2009.

En juin dernier, la cour d’appel de Versailles rejette ce choix et rend une décision rare en étendant les poursuites visant le présentateur aux faits datant de 2004. Elle rappelle que le délai de prescription n’est pas inéluctable et peut être contourné lorsque les affaires sont étroitement liées entre elles. Concrètement, les juges d’instruction doivent réexaminer les faits pour vérifier s’il existe d’autres témoignages similaires et non prescrits, à la recherche d’une éventuelle « sérialité ».

> Affaire PPDA : on vous explique la notion de sérialité, qui relance l’examen de faits pourtant prescrits

En parallèle, une autre enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Nanterre, en décembre 2021, consécutive à deux plaintes, l’une pour viol, l’autre pour agression sexuelle. Une femme accuse le journaliste de l’avoir violée dans une chambre lors du Festival de Cannes, en 1985. L’autre plaignante affirme que l’ancien présentateur du « 20 Heures » l’a embrassée de force, à Valmorel (Savoie) en 2013. Patrick Poivre d’Arvor a été entendu en juillet dans le cadre de cette enquête.

Depuis, le parquet a reçu plusieurs autres plaintes, précise une source judiciaire à franceinfo. Selon elle, « les similitudes du mode opératoires sont évidentes mais les avocats de PPDA jouent sur le fait que les récits des victimes pourraient être inventés à partir de ce qui a été dit dans la presse ». Chaque nouvelle plaignante est entendue par les policiers de la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), en charge de l’enquête.

Le parquet refuse de communiquer le nombre de plaintes et de témoignages recueillis. La journaliste Hélène Devynck, qui accuse Patrick Poivre d’Arvor de l’avoir violée en 1993, assure toutefois à Libération (article réservé aux abonnés) que « le groupe informel de plaignantes dont [elle fait] partie a recueilli à ce jour 90 récits » visant l’ancien présentateur.

En avril 2022, Poivre d’Arvor a porté plainte pour « dénonciation calomnieuse » avec constitution de partie civile à l’encontre de 16 femmes l’accusant de harcèlement sexuel ou de violences sexuelles. Il fustige « un retour du puritanisme et de la censure, habilement parés de la prétendue protection des femmes ». Cette plainte est en cours d’instruction.

Revenir à la liste des affaires

Affaire Pierre Ménès

21 mars 2021 : dans un documentaire, Pierre Ménès est accusé d’agressions sexuelles par plusieurs femmes
Statut de l’affaire : en cours

Pierre Ménès à Paris, le 14 août 2021.  (ARNAUD JOURNOIS / MAXPPP)

Pierre Ménès à Paris, le 14 août 2021.  (ARNAUD JOURNOIS / MAXPPP)

Dans son documentaire Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste, diffusé sur Canal + le 21 mars 2021, Marie Portolano retrace plus de quarante ans de lutte pour la parité dans le secteur très masculin du journalisme sportif, entre regards condescendants, remarques sur le physique, voire agressions sexuelles. Comme elle, de nombreuses journalistes ont eu affaire à des comportements déplacés au sein de la chaîne cryptée, à commencer par ceux du chroniqueur foot vedette de la maison, Pierre Ménès, avec qui elle a travaillé de 2014 à 2018.

Les passages qui le mettent en cause ont été coupés avant la diffusion, comme le révèle le média en ligne Les Jours (article réservé aux abonnés) au moment de la diffusion. On y apprend que Pierre Ménès aurait notamment soulevé la jupe de Marie Portolano, en août 2016, à la fin d’une émission du « Canal Football Club », avant de lui attraper les fesses.

Le lendemain de la diffusion, le chroniqueur exprime ses « profonds regrets » pour ses comportements à l’encontre de ses consœurs. Cinq jours plus tard, Canal+ et RMC Sport ouvrent une enquête interne le concernant. En juillet, Pierre Ménès annonce qu’il ne reviendra pas sur Canal+ et précise avoir trouvé un accord financier avec la chaîne cryptée, mettant fin à près de 12 ans de collaboration.

Fin 2021, une enquête judiciaire est ouverte à son encontre pour agression sexuelle, pour des faits survenus lors d’un match PSG-Nantes. Il est accusé d’avoir touché la poitrine d’une hôtesse du Parc des Princes, ce qu’il conteste. L’ancien journaliste dépose plainte pour « dénonciation calomnieuse ». Son procès devant le tribunal correctionnel est renvoyé en mars 2023, en raison du trop grand nombre d’audiences prévues.

En janvier 2022, le parquet de Nanterre annonce l’ouverture d’une seconde enquête, après une enquête interne menée chez Canal+ au cours de laquelle sept personnes ont dénoncé des faits de harcèlement sexuel commis par l’ancien chroniqueur.

Revenir à la liste des affaires

Affaire Nicolas Hulot

24 novembre 2021 : plusieurs femmes accusent Nicolas Hulot d’agressions sexuelles
Statut de l’affaire : classée sans suite pour cause de prescription des faits

Nicolas Hulot à Paris, en décembre 2019.  (FRANCOIS GUILLOT / AFP)

Nicolas Hulot à Paris, en décembre 2019.  (FRANCOIS GUILLOT / AFP)

Le 24 novembre 2021, plus de 3,35 millions de Français sont devant leur téléviseur pour assister au numéro d' »Envoyé spécial » consacré aux accusations de violences sexuelles portées contre Nicolas Hulot. Quatre femmes prennent la parole. Deux autres choisissent de s’exprimer dans des courriers transmis à « Envoyé spécial » et mises en ligne sur franceinfo.fr. Les faits s’étalent sur une période allant de 1989 à 2001. Le magazine revient également sur une plainte pour viol déposée en 2008 par Pascale Mitterrand, petite-fille de l’ancien président, classée sans suite car les faits étaient prescrits.

Dès le lendemain de la diffusion, le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire, comme à son habitude en cas de violences sexuelles contre des mineurs. Parmi les témoignages diffusés sur France 2, figure celui de Sylvia, qui dit avoir été agressée sexuellement en 1989, à l’âge de 16 ans. Elle raconte avoir été invitée à assister à une émission que Nicolas Hulot animait alors à Paris. Il aurait ensuite proposé de la raccompagner en voiture, l’emmenant dans un parking extérieur. « Là, il sort son sexe (…), il a pris ma main, il m’a demandé si je l’avais déjà fait avec des garçons », raconte-t-elle. « Il me force à lui faire une fellation que je ne fais pas réellement parce que je crois que je suis tétanisée. »

L’ex-animateur star de l’émission « Ushuaïa Nature » et ancien ministre de la Transition écologique a été entendu en mai 2022, en audition libre, par les enquêteurs de la brigade de protection des mineurs (BPM) à Paris. L’enquête a été classée sans suite, le 12 septembre, pour prescription de l’action publique, a fait savoir le parquet de Paris. Nicolas Hulot a toujours nié les accusations portées à son encontre, dénonçant des « affirmations mensongères » sur BFMTV. Depuis la diffusion d' »Envoyé spécial », il a annoncé son retrait de la vie publique.

Revenir à la liste des affaires

Affaire Yannick Agnel

9 décembre 2021 : le nageur Yannick Agnel est visé par une enquête pour viol sur mineure
Statut des affaires : en cours

Yannick Agnel en Corée du Sud, le 20 juillet 2019.  (STEPHANE KEMPINAIRE / AFP)

Yannick Agnel en Corée du Sud, le 20 juillet 2019.  (STEPHANE KEMPINAIRE / AFP)

Décembre 2021, coup de tonnerre dans la natation française. L’ancien champion olympique Yannick Agnel est visé par une enquête pour « viol et agression sexuelle sur mineure de 15 ans », annonce le parquet de Mulhouse (Haut-Rhin). Une plainte à son encontre a été déposée l’été précédent par Naomé Horter, la fille de son ex-entraîneur, Lionel Horter. Selon les informations de Radio France, les faits ont commencé par un « baiser » le 31 décembre 2015,  puis il y a eu des rapports sexuels à plusieurs reprises, au domicile même de Lionel Horter, où Yannick Agnel était hébergé depuis le début de l’année 2016.

Face aux enquêteurs, il reconnaît « la matérialité des faits », mais dit n’avoir pas eu « le sentiment qu’il y ait eu contrainte ». A l’époque, l’adolescente était pourtant alors âgée de 13 ans, lui en avait 24. L’ex-nageur nîmois est mis en examen le 14 décembre 2021, après 48 heures de garde à vue. Yannick Agnel est également soupçonné d’atteinte sexuelle sur une autre mineure. La police judiciaire de Mulhouse enquête sur ces faits.

Revenir à la liste des affaires

Affaire Jean-Jacques Bourdin

14 janvier 2022 : Jean-Jacques Bourdin est visé par une plainte pour tentative d’agression sexuelle
Statut des affaires : classées sans suite pour prescription des faits

Jean-Jacques Bourdin à Montpellier (Hérault), le 17 août 2019.  (SYLVIE CAMBON / MAXPPP)

Jean-Jacques Bourdin à Montpellier (Hérault), le 17 août 2019.  (SYLVIE CAMBON / MAXPPP)

En 2022, plusieurs femmes ont révélé des comportements inappropriés de Jean-Jacques Bourdin. Dès janvier, sa jeune collègue Fanny Agostini porte plainte contre le présentateur star de BFMTV et RMC pour des faits remontant à 2013, conduisant à l’ouverture d’une enquête. Lors de l’Open de pétanque de Calvi, en Corse, le journaliste aujourd’hui âgé de 73 ans l’aurait « attrapée par le cou » alors qu’ils se trouvaient dans la piscine d’un hôtel et l’aurait « attirée vers lui brusquement » en essayant de l’embrasser « à plusieurs reprises ». Elle assure ensuite qu’entre septembre 2014 et le printemps 2015, Jean-Jacques Bourdin lui a adressé, au milieu d’échanges professionnels, de nombreux messages à connotation sexuelle. Ce dernier conteste ces accusations.

Un mois plus tard, en février, une autre femme, qui a été standardiste dans la société Médiatraining, où Jean-Jacques Bourdin assurait des formations auprès de chefs d’entreprise, dépose plainte pour agression sexuelle, harcèlement et exhibition. Aujourd’hui âgée de 60 ans, elle explique qu’en 1988, quand elle avait 26 ans, le journaliste lui a proposé de visiter les studios de RTL. En arrivant à la radio, dans la voiture, il aurait sorti son sexe, pris la main de la jeune femme et l’aurait posée dessus, assure la plaignante. Selon elle, il lui a ensuite proposé 2 000 francs en échange. Plusieurs jeunes journalistes ont également relaté dans les colonnes de Mediapart des comportements déplacés de la part du présentateur.

L’enquête concernant ces deux plaintes a été classée sans suite le 8 mars dernier, pour prescription. Ce « classement n’est pas une surprise puisque la plainte était effectivement prescrite », a réagi Laure Heinich, avocate de Fanny Agostini, regrettant toutefois n’avoir été avisée « d’aucun acte d’enquête, ni par les policiers, ni par le parquet ».

Revenir à la liste des affaires

Affaire Damien Abad

21 mai 2022 : au lendemain de sa nomination comme ministre des Solidarités, Damien Abad est accusé de viol et tentative de viol
Statut de l’affaire : en cours

Damien Abad, à l'Elysée, à Paris, le 1er juin 2022.  (ARTHUR NICHOLAS ORCHARD / HANS LUCAS / AFP)

Damien Abad, à l'Elysée, à Paris, le 1er juin 2022.  (ARTHUR NICHOLAS ORCHARD / HANS LUCAS / AFP)

Le premier gouvernement du second quinquennat d’Emmanuel Macron aura tout juste eu le temps de déballer quelques cartons avant d’être confronté à une première crise. Le 21 mai, au lendemain de la nomination de Damien Abad comme ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées, deux femmes l’accusent de les avoir violées en 2010 et 2011.

La première, prénommée Margaux, assure avoir vécu en janvier 2011 une relation sexuelle empreinte « d’irrespect, d’injonction et d’insistance », qu’elle a tenté d’arrêter, après y avoir consenti. Elle affirme également avoir subi une pénétration anale imposée, malgré un refus prononcé de manière « affirmée » et « à plusieurs reprises ». La seconde femme, qui témoigne sous le prénom d’emprunt Chloé, soupçonne Damien Abad de l’avoir « droguée » à l’automne 2010, alors qu’elle le retrouvait dans un bar. Elle affirme s’être réveillée le lendemain matin « dans une chambre d’hôtel proche du bar » avec l’homme politique, « en sous-vêtements », « en état de choc et de dégoût profond ». Le nouveau ministre conteste formellement les faits, arguant notamment qu’il lui est « impossible physiquement de commettre les actes décrits » en raison de la maladie neuromusculaire congénitale rare dont il souffre, l’arthrogrypose.

Trois semaines plus tard, le 14 juin, une « élue centriste » accuse à son tour le ministre de tentative de viol lors d’une fête organisée chez lui, à Paris, au premier semestre 2010. Laëtitia (prénom d’emprunt) affirme que Damien Abad lui a « offert un verre » au fond duquel elle a vu « quelque chose ». Méfiante, elle est allée recracher sa gorgée aux toilettes. A sa sortie des toilettes, l’eurodéputé l’aurait « poussée dans une pièce en face », puis aurait tenté de la contraindre à une fellation. Elle porte plainte quelques jours plus tard, conduisant à l’ouverture d’une enquête préliminaire, « toujours en cours », selon son avocate, Me Raphaële Bialkiewicz, qui précise à franceinfo que sa cliente a d’ores et déjà été auditionnée. Une confrontation pourrait avoir lieu avec Damien Abad, si sa cliente « est en état » d’y participer.

Le 19 juin, malgré ces accusations, Damien Abad est réélu confortablement pour un troisième mandat de député, avec près de 58% des voix. Quelques jours plus tard, Laëtitia porte plainte, conduisant à l’ouverture d’une enquête préliminaire.

Lors du remaniement du 4 juillet, Damien Abad est exfiltré du gouvernement. Quelques heures avant cette annonce, une nouvelle victime raconte à BFMTV avoir eu des « vertiges » après avoir pris un verre avec l’élu en 2013, puis s’être réveillée « complètement dévêtue ». Au moment de sa passation au ministère des Solidarités ce jour-là, Damien Abad a dénoncé des « calomnies ignobles » et promis de se défendre « sans relâche ».

Revenir à la liste des affaires


Continuer à lire sur le site France Info