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Bordeaux, Düsseldorf, Paris : la guerre des Salons du vin est déclarée

Qui gagnera la  guerre des Salons du vin ? Face à une concurrence qui s’intensifie, Bordeaux a sonné la mobilisation générale. Alain Juppé et Alain Rousset, le président de la région Nouvelle-Aquitaine, sont venus en personne présenter la 20e édition du salon Vinexpo aux côtés de la CCI propriétaire de l’événement. Car l’heure est grave.  Vinexpo, né en 1988 et organisé tous les deux ans, est en perte de vitesse. En 2017 la baisse de fréquentation a été de 11 % et une partie des espaces n’avait pas trouvé preneur.

Etape incontournable des professionnels du secteur pendant des décennies, le Salon bordelais a perdu de son attrait au profit du grand concurrent allemand ProWein qui se tient à Düsseldorf. Organisé au mois de mars, dans une région non viticole avec une rigueur toute allemande il a, au fil des années, su attirer davantage d’acheteurs internationaux et d’exposants.

Petits vignobles

Vinexpo a réagi. La prochaine édition aura lieu un mois plus tôt, du 13 au 16 mai dans un Parc des Expositions dont le hall principal a été rénové par la Métropole et la ville pour 35 millions d’euros. Le réseau de transport bordelais TBM, défaillant lors de l’édition 2017, sera renforcé et gratuit pour les visiteurs qui bénéficieront aussi d’un accès à nombre de musées ainsi qu’à la Cité du vin. La région Nouvelle-Aquitaine aidera les petits vignobles à retrouver le chemin d’un Salon qu’ils avaient délaissé car trop coûteux. Elle contribuera également à organiser un « Symposium Vinexpo » portant sur les grands défis du secteur et cette année sur les conséquences du changement climatique.

Cela suffira-t-il à Vinexpo, qui n’a toujours pas remplacé son directeur général parti en avril dernier ? Outre ProWein, désormais privilégié par nombre de viticulteurs français, les professionnels se voient proposer un nouveau rendez-vous avec la création de Wine Paris dès février prochain. « La date est idéale pour les acheteurs qui peuvent goûter les vins en primeur. Nous ciblons clairement ProWein avec un grand Salon international présentant toutes les appellations françaises, ce qui est une demande de tous les étrangers. De plus, Paris est aussi un lieu neutre mais plus accessible et plus attractif que Düsseldorf », explique Valérie Lobry, directrice générale de la division agriculture de Comexposium qui organise l’événement et avait lancé, l’an dernier, le salon Vinovision puis racheté l’entreprise organisatrice de Vinisud à Montpellier.

Salon à Hong Kong

Et de fait, Wine Paris appuie sur les faiblesses de Vinexpo. Outre une date trop tardive, la manifestation a été longtemps accusée de faire la part trop belle aux grands Châteaux bordelais. Vinexpo et Comexposium ont pourtant négocié avec la perspective d’organiser leurs événements en alternance. « Vinexpo est la grande marque historique et nous avons beaucoup discuté sans parvenir à nous mettre d’accord mais la porte reste ouverte », explique Valérie Lobry. Wine Paris peut se targuer d’avoir rallié toutes les interprofessions françaises qui seront présentes à l’exception… du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux, très engagé aux côtés de Vinexpo.

Une concurrence qui n’inquiète pas Christophe Navarre, président du conseil de surveillance de Vinexpo : « La concurrence existe dans tous les métiers. En tant que chef d’entreprise je trouve cela davantage stimulant qu’inquiétant. Du business, on en fait toute l’année. Je ne connais aucune entreprise qui s’arrête de vendre ou d’acheter à un moment de l’année ! » Vinexpo, qui organise avec succès des éditions à Hong Kong et à New York, lance d’ailleurs une édition à Paris en janvier 2020.


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