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Les Occidentaux justifient leur action, Damas et Moscou protestent

Le président Donald Trump s’exprime à la Maison Blanche, à Washington, le 13 avril.

Les frappes des Etats-Unis, de la France et du Royaume-Uni en Syrie ont été justifiées par les dirigeants des trois pays et dénoncées par la Syrie, la Russie et l’Iran, dans la nuit de vendredi 13 avril à samedi 14 avril. L’ONU appelle « tous les Etats membres » à la « retenue ».

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  • Trump met en garde l’Iran et la Russie

C’est le président américain qui a annoncé vendredi soir, à la Maison Blanche, les représailles à l’attaque chimique supposée le 7 avril à Douma, en Syrie. Il a dénoncé les attaques chimiques « monstrueuses » perpétrées par le régime de Damas.

Le président a mis en garde l’Iran et la Russie, qui ont déployé des milliers d’hommes et du matériel pour aider Bachar Al-Assad à reconquérir le pays. M. Trump a exhorté Moscou « à quitter la voie sinistre du soutien à Assad » et a déclaré que la Russie avait « trahi ses promesses » d’éliminer les armes chimiques.

  • Damas dénonce, ses alliés condamnent

Samedi, la Syrie a dénoncé « l’agression barbare et brutale » des Occidentaux. « Cette agression barbare (…) n’affectera en aucune façon la détermination et la volonté du peuple syrien et de leurs héroïques forces armées », a déclaré le ministère des affaires étrangères syrien, selon l’Agence arabe syrienne d’information (SANA). Le président Bachar Al-Assad s’est dit plus déterminé que jamais à « continuer de lutter et d’écraser le terrorisme, sur chaque parcelle du territoire » syrien.

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Ses deux principaux alliés, la Russie et l’Iran, ont également répondu au président américain. Les frappes militaires occidentales en Syrie reviennent à « insulter le président russe », avait averti vendredi l’ambassadeur de Russie à Washington, Anatoli Antonov.

« Un scénario préconçu est en cours d’exécution. Une fois de plus, on nous menace. Nous avons prévenu que de telles actions ne resteraient pas sans conséquences. »

Le président russe, Vladimir Poutine, a réagi un peu plus tard, dénonçant « avec la plus grande fermeté » un « acte d’agression à l’encontre d’un Etat souverain », commis « sans l’aval du Conseil de sécurité de l’ONU, en violation de la charte des Nations unies, des normes et principes du droit international ».

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Samedi matin, le ministère de la défense russe disait que plus de cent missiles avaient été tirés sur la Syrie, mais qu’« un nombre significatif » d’entre eux avaient été interceptés par la défense antiaérienne syrienne.

Téhéran a également vivement réagi, par la voix de l’ayatollah Khamenei, guide suprême de la Révolution islamique, qui a qualifié les dirigeants des trois pays de « criminels » :

« Les Etats-Unis et leurs alliés ne tireront aucun avantage des crimes commis en Syrie. Attaquer la Syrie est un crime. Le président américain, le premier ministre britannique et le président français sont des criminels. »

Le porte-parole du ministère des affaires étrangères iranien avait plus tôt dans la matinée dénoncé une action « aventuriste », commise « sans aucune preuve et avant même une prise de position de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) ».

« La guerre menée par les Etats-Unis contre la Syrie, contre les peuples de la région et les mouvements de la résistance (…) n’atteindra pas ses objectifs », a aussi déclaré samedi le Hezbollah libanais, allié de Bachar Al-Assad.

La Chine et l’Irak se sont joints aux protestations. La porte-parole de la diplomatie chinoise, Hua Chunying, a déclaré être opposée « à l’usage de la force dans les relations internationales ». « Nous appelons les parties concernées à revenir dans le cadre du droit international », a-t-elle dit.

Pour le ministère des affaires étrangères irakien, ces frappes, dont les « conséquences menacent la sécurité et la stabilité de la région », « offrent au terrorisme une occasion de se développer, après avoir été détruit en Irak et largement repoussé en Syrie ».

  • Paris et Londres contre « l’escalade chimique »

Le ministre des affaires étrangères français,  Jean-Yves Le Drian, et la ministre des armées, Florence Parly, le 14 avril.

Dans la foulée de l’annonce américaine, le président français, Emmanuel Macron, a publié un communiqué. Il y écrit qu’il poursuivra « avec détermination dans les jours et les semaines à venir » les priorités de la France : « Terminer la lutte contre Daech [acronyme arabe de l’organisation Etat islamique], permettre l’accès de l’aide humanitaire aux populations civiles, enclencher une dynamique collective pour parvenir à un règlement politique du conflit, afin que la Syrie retrouve enfin la paix, et veiller à la stabilité de la région. »

« La France et ses partenaires reprendront, dès aujourd’hui, leurs efforts aux Nations unies pour permettre la mise en place d’un mécanisme international d’établissement des responsabilités, prévenir l’impunité et empêcher toute velléité de récidive du régime syrien », a dit le chef de l’Etat.

« L’escalade chimique en Syrie n’est pas acceptable », a déclaré samedi le ministre des affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian. Les frappes, menées côté français avec des frégates et des avions de chasse, ont visé le principal centre de recherche chimique syrien et deux sites de production, a précisé la ministre de la défense française, Florence Parly.

La première ministre britannique, Theresa May, pour qui les frappes étaient « justes et légales », a écrit dans un communiqué qu’« il n’y a[vait] pas d’alternative à l’usage de la force pour dégrader et empêcher le recours à des armes chimiques par le régime syrien ». « Nous avons cherché tous les recours diplomatiques, ajoute-t-elle, mais nos efforts ont été constamment déjoués. »

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  • L’OTAN appuie la coalition occidentale

« Je soutiens les actions décidées par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France contre les installations et capacités d’armes chimiques du régime syrien », a déclaré Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN). « Elles vont réduire la capacité du régime à mener d’autres attaques contre le peuple de Syrie avec des armes chimiques », a-t-il ajouté dans un communiqué publié samedi matin à Bruxelles.

« L’OTAN a constamment condamné le recours continu de la Syrie à des armes chimiques comme une violation claire des normes et accords internationaux », rappelle M. Stoltenberg, pour qui « les responsables doivent en rendre compte ».

La Turquie, pays membre de l’OTAN, a qualifié samedi les frappes de « réaction appropriée » à l’attaque chimique supposée. « Nous saluons cette opération qui exprime la conscience de l’humanité tout entière face à l’attaque de Douma, que tout porte à attribuer au régime » syrien, a déclaré le ministère des affaires étrangères turc.

Les Israéliens ont dit de leur côté que les frappes constituaient un « signal important » envoyé à « l’axe du mal : à l’Iran, à la Syrie et au Hezbollah », selon Yoav Gallant, membre du cabinet de sécurité du premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou. Le 9 avril, une base aérienne en Syrie a été la cible d’un raid, que le régime de Bachar Al-Assad et ses alliés russe et iranien ont attribué à Israël.

Le Canada a également dit approuver la décision des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de la France « de prendre des mesures pour diminuer la capacité du régime [syrien] de lancer des attaques par armes chimiques contre ses propres citoyens ». L’Allemagne, par la voix de sa chancelière, Angela Merkel, a manifesté son soutien à une « intervention militaire nécessaire et appropriée ».

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