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Présidentielle en Colombie: comment récupérer les voix de Sergio Fajardo?

Avec notre envoyée spéciale à Bogotá, Véronique Gaymard

En Colombie, le candidat de droite a remporté le premier tour de l’élection présidentielle dimanche 27 mai avec 39 % des suffrages. Ivan Duque aura face à lui le candidat de gauche Gustavo Petro, qui a récolté 25% des voix. Avec un score de 23 %, le troisième homme, Sergio Fajardo, sera courtisé jusqu’au second tour, le 17 juin. Ivan Duque pourra sans doute compter sur les voix de German Vargas Lleras et récupérera aussi des voix de Sergio Fajardo, ce qui sera plus difficile pour Gustavo Petro.

Pour Yann Basset, professeur à l’université de Rosario à Bogota, Gustavo Petro doit arriver à convaincre l’électorat urbain, sur le modèle de la coalition qu’avait réussie à monter Juan Manuel Santos. Pour défendre les accords de paix avec les FARC, l’ancien président avait en effet réussi à avoir le soutien des territoires marginaux comme les deux côtes pacifique et caraïbe de Colombie, le sud, les zones affectées par la violence, notamment à l’est du pays, mais aussi les grandes villes.

Réunis sur cette défense des accords de paix, ces deux électorats très différents se retrouvent aujourd’hui divisés. « Gustavo Petro a aussi des appuis, Sergio Fajardo a gagné à Bogota, mais finalement avec une marge assez faible sur Petro, estime Yann Basset. Ils ont tous les deux des appuis urbains, mais il est clair que c’est là que Petro va devoir progresser entre les deux tours s’il veut avoir une chance de gagner la présidentielle, qui de toute façon est assez mince ».

L’épouvantail vénézuélien

Pour compter sur les voix de Sergio Fajardo, Gustavo Petro va donc devoir mettre en avant ce qui les unit, dont la défense de l’accord de paix mais aussi la lutte contre la corruption et l’opposition à la classe politique traditionnelle, estime Yann Basset.

« Gustavo Petro va devoir modérer son discours pour essayer d’attirer un électorat centriste auquel il fait très peur, poursuit-il. Candidat impulsif, polémique et qui polarise beaucoup, il est assez agressif dans sa manière de présenter les choses. Les Colombiens préfèrent les candidats beaucoup plus consensuels. Son discours agressif fait tout de suite renaître le spectre de la violence » dans un pays marqué par les affrontements avec les FARC.

L’électorat centriste a aussi un peu peur des positions économiques de Gustavo Petro jugées irréalistes, voire fantaisistes, dans un contexte où le pays est très inquiet par la situation du Venezuela voisin. A droite, Ivan Duque a joué sur ce thème en essayant de présenter Gustavo Petro comme quelqu’un qui conduirait la Colombie à une situation analogue à celle du Venezuela.

Selon le chercheur, la configuration actuelle favorise Ivan Duque, qui a déjà une marge assez forte de 15 points sur Gustavo Petro : « Ivan Duque a la possibilité d’arriver beaucoup plus facilement à convaincre un électorat plus modéré, centriste, urbain, que Gustavo Petro ».


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