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Elections générales en Turquie: forte mobilisation et fébrilité dans le pays

avec notre envoyée spéciale à Istanbul, Anissa el-Jabri et notre correspondant, Alexandre Billette

Dans toutes les conversations, en boucle sur tous les écrans de télévision, aujourd’hui les Turcs n’ont qu’un sujet en tête: le déroulement du scrutin. La société  est très polarisée entre soutiens et opposants au président sortant Recep Tayyip Erdogan et chaque camp est persuadé de la victoire.

Le président-candidat a voté en début d’après-midi à Istanbul, la ville où il a lancé sa carrière politique puisqu’il en a été le maire. Recep Tayyip Erdogan s’est félicité de la mobilisation des électeurs. Le pays, a-t-il dit, va connaître une révolution démocratique.

De folles rumeurs

La tension est à la hauteur de l’enjeu et plusieurs incidents ont été rapportés. A Istanbul le vote s’est déroulé dans l’ensemble plutôt correctement même si des accrochages ont été relevé dans certains quartiers. Mais l’ambiance est assez lourde dans les bureaux de vote comme en témoigne ce reportage de notre correspondant où des observateurs dans un bureau de vote ont été déclarés persona non grata par des officiels.

Je vote HDP pour ces élections, pour que le pouvoir arrête de gouverner par décret… Pour qu’il n’y ait plus de victimes ! Pour que cesse dans ce pays l’état de guerre, qu’on soit enfin en paix ! C’est pour ça que je vote pour ce parti
Ecoutez le reportage de notre correspondant dans un bureau de vote de Tarlabasi, quartier à majorité kurde d’Istanbul 24/06/2018 – par Alexandre Billette Écouter

La tension de ce jour de vote est aussi attisée par les réseaux sociaux où circulent rumeurs et vidéos aussi de tricheries notamment dans le Sud-Est du pays, à majorité kurde, difficile d’accès, plus compliquée à surveiller… Le vote de cette région peut avoir des conséquences majeures pour les résultats.

Si le mouvement pro-kurde HDP franchit la barre des 10 % aux législatives, alors à l’AKP, le parti au pouvoir, pourrait perdre la majorité au Parlement. «Si Tayyip Erdogan et son parti perdent la majorité parlementaire, ce soir, nous ne savons pas comment les électeurs de Tayyip Erdogan vont se comporter. Est-ce qu’ils vont se (rassembler) pour pouvoir soutenir leur candidat au second tour ou est-ce qu’ils vont être découragés ? Nous ne savons pas. Là, il y a une grande, grande incertitude », analysait Ahmet Insel, politologue et économiste turc .

L’opposition s’est en tout cas organisée. Elle l’a annoncé, elle fera son propre comptage des voix. L’adversaire principal du président, Muharrem Ince, qui a voté tôt ce dimanche matin dans son fief du nord-ouest attendra lui les résultats à Ankara, la capitale, devant le siège de la Haute autorité électorale.


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