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France: le double langage du gouvernement sur le prélèvement à la source

La direction générale des Finances publiques joue à Dr Jekyll et Mr Hyde. D’un côté, cette administration chargée de la mise en place du prélèvement à la source, déclare publiquement que les anomalies identifiées lors des tests de l’ordre de 0,1% ont été résolues. Thèse soutenue par le ministre de l’Action et des Comptes publics lui-même.

Mais, de l’autre côté, selon une note confidentielle de la même direction, les expériences réalisées entre août 2017 et juin 2018 ont été désastreuses : prélèvements multiples du même contribuable, erreurs liées à l’homonymie. Jusqu’à 350 000 bugs ont été enregistrés en un mois.

Un haut fonctionnaire déclare, sous le sceau de l’anonymat, que lancer le prélèvement à la source dans ces conditions, c’est jouer à la roulette russe.

Une décision sur la poursuite ou l’arrêt de la réforme est prévue mardi avec le président de la République et le Premier ministre. De quoi déboussoler les Français, qui, au départ très hostiles à ce changement, sont désormais, selon un sondage, 60% à le souhaiter.


Bugs techniques ou bug politique ?

Vincent Drezet, secrétaire national du premier syndicat de Bercy, Solidaires Finances publiques, se demande si à travers cette série de bugs techniques pendant la phase de tests du prélèvement à la source, le président n’essaierait pas de rétropédaler.

« Les vrais sujets, c’est plutôt de savoir si le président de la République ne réalise pas un peu tard que l’allègement des cotisations salariales, qui va se traduire par une augmentation du salaire net à partir d’octobre, finalement va être totalement invisible à partir de janvier. Les vraies questions, elles sont là. Elles ne sont pas simplement sur la question des bugs techniques », estime Vincent Drezet.

Et le syndicaliste espère que l’exécutif n’utilisera pas l’excuse d’un logiciel défaillant pour abandonner le prélèvement à la source :

« Le danger, c’est d’avoir une utilisation des bugs techniques pour torpiller une réforme alors qu’en réalité, ce sont d’autres raisons politiques qui joueront pour arrêter le prélèvement à la source. »

Vincent Drezet note, enfin, qu’un abandon de cette mesure, quelques mois avant son entrée en vigueur prévue, jetterait le discrédit sur l’administration fiscale qui s’est pourtant très bien préparée à ce changement de mode de prélèvement.

(Re) lire : France: prélèvement de l’impôt à la source, Macron écorne son image


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