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Grèce: trois journalistes arrêtés pour des articles mettant en cause un ministre

Avec notre correspondante à Athènes,  Charlotte Stiévenard

« On n’emprisonne pas la vérité. » C’est la Une choisie par le journal libéral grec Phileleftheros, lundi 24 septembre. Trois de ses membres ont passé la nuit au commissariat ce week-end après une plainte du ministre de la Défense Panos Kammenos pour diffamation. Selon lui, une série d’articles le mettraient en cause directement pour avoir mal géré les fonds européens destinés à l’accueil des réfugiés, notamment en attribuant certains contrats à des amis.

Les plaintes pour diffamation contre les journalistes sont une pratique courante en Grèce. L’année dernière, le ministre grec de la Défense avait déjà porté plainte contre un dessinateur de presse et deux journalistes. Cette fois-ci, Panos Kammenos a choisi de hausser le ton contre le quotidien grec Phileleftheros.

« Si dans la prochaine édition, l’ensemble de nos réponses ne sont pas publiées, accompagnées de larges excuses, je donnerai l’autorisation aux cadres de l’armée mis en cause, et moi le premier, de demander des dommages et intérêts aux calomniateurs », a-t-il déclaré.

Condamnations pour diffamation

Le ministre grec de la Défense ne fait qu’utiliser une loi existante. Pour l’ONG Reporters sans frontières (RSF), c’est justement elle qui empêche en partie la Grèce de remonter dans le classement sur la liberté de la presse. Selon RSF, « les cours de justice continuent de condamner les journalistes à des peines de prison avec sursis pour diffamation ».

En faisant passer le pays de la 88e à la 74e place, l’organisation reconnaît cependant des améliorations. En 2015, des amendements ont adouci ce que RSF surnommait la « loi tueuse de presse », car elle permettait de faire taire les journalistes à coup de plaintes financièrement et psychologiquement exténuantes.

Désormais, avant de lancer les poursuites, le procureur peut ordonner un examen préliminaire afin d’évaluer le fondement de la plainte. C’est ce qu’il a fait dans le cas de celle du ministre grec de la Défense contre le journal Phileleftheros. Il dispose ainsi d’un répit.


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