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Une aide-soignante qui avait témoigné sur les Ehpad dans « Envoyé spécial » a perdu son travail le lendemain de la diffusion

Selon la journaliste qui avait recueilli son témoignage, Hella Kherief n’a pas reçu d’explications quand l’hôpital où elle avait signé un CDI a mis fin à sa période d’essai.

Hella Kherief a-t-elle payé le fait d’avoir parlé à la télévision des maltraitances dans les maisons de retraite ? Cette jeune femme était l’une des rares à témoigner à visage découvert dans une enquête du magazine « Envoyé spécial » de France 2, diffusée le 20 septembre dernier. Mais le lendemain de la diffusion, un hôpital dans lequel elle venait de signer un CDI a mis fin à sa période d’essai, « sans explications », raconte Julie Pichot, la journaliste qui avait recueilli son témoignage, dans un post Facebook publié mardi 2 octobre.

Dans l’enquête d' »Envoyé spécial », Hella Kherief racontait, et même filmait, l’abandon des pensionnaires d’un Ehpad dans lequel elle effectuait une mission d’intérim d’une nuit. « Ces deux dames sont devant l’ascenseur depuis au moins une heure, une heure et demie », commentait notamment la jeune femme sur les images, où l’on pouvait voir une pensionnaire proposer de la payer pour avoir droit à de l’eau. Elle expliquait que, cette nuit-là, elles étaient deux aides-soignantes et une femme de ménage pour s’occuper de 94 personnes.

Ce n’est pas la première fois qu’Hella Kherief témoignait sur ce sujet. Avec trois autres employées d’une même maison de retraite du groupe Korian, elle avait déjà alerté sur les conditions des employés et des patients dans l’émission « Les Pieds sur terre » de France Culture, en 2016, puis dans « Pièces à conviction » sur France 3, l’an dernier. Elles avaient toutes été licenciées en même temps. Une procédure aux prud’hommes est en cours.

Une semaine avant la diffusion du sujet d' »Envoyé spécial », Hella Kherief avait signé un CDI dans un hôpital privé à Marseille, explique sur Facebook Julie Pichot, la journaliste qui a réalisé l’enquête. « Elle se sentait bien » au sein de cet hôpital où elle effectuait des vacations depuis deux ans déjà. Cet établissement n’a aucun lien avec ceux dont elle avait dénoncé les pratiques dans les médias, et ne faisait pas partie du groupe Korian, ni du groupe Orpea, l’autre géant du marché des maisons de retraite.

Pourtant, « le lendemain de la diffusion du reportage, Hella m’a téléphoné. Triste, révoltée », raconte Julie Pichot. « On venait de lui annoncer la fin de sa période d’essai. Comme ça, sur le champ, un matin après une nuit de boulot, sans explications. » L’avocate de Hella Kherief a confirmé à franceinfo que l’hôpital avait mis fin à sa période d’essai, sans explications. Dans son message, Julie Pichot assure que Hella Kherief « n’a jamais regretté son témoignage. S’empressant de me dire que s’il fallait le refaire, elle le referait ».


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