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Affaire Benalla : ce qu’il faut retenir du rapport de l’IGPN

Dans ce document, la « police des polices » met directement en cause Laurent Simonin, le policier qui a permis à Alexandre Benalla de participer aux opérations de maintien de l’ordre, le 1er mai, place de la Contrescarpe. 

Des précisions sur le déroulement de la journée du 1er-Mai et quelques préconisations concernant l’accueil d’observateurs dans les unités de police.  L‘Inspection générale de la police nationale (IGPN) a rendu, vendredi 27 juillet, son rapport sur l’affaire Benalla. La « police des polices » a tenté d’éclaircir les circonstances dans lesquelles le chargé de mission à l’Élysée a pu violenter des manifestants. L’IGPN accable notamment le chef d’état-major adjoint de la direction de l’ordre public, Laurent Simonin, qu’elle accuse de ne pas avoir informé ses supérieurs de la « présence d’Alexandre Benalla sur le dispositif ». Franceinfo vous résume les principales informations que contient ce rapport.

Alexandre Benalla a été invité le 1er-Mai par un haut gradé qui n’a pas prévenu sa hiérarchie 

La responsabilité de Laurent Simonin, le chef d’état-major adjoint de la direction de l’ordre public et de la circulation, est directement pointée du doigt. « Il apparaît certain [que ce dernier] n’a pas évoqué avec son directeur la présence de
monsieur Benalla sur le dispositif », estime l’IGPN. C’est lui qui a donné rendez-vous à Alexandre Benalla le 1er-Mai, comme le confirment des SMS que Le Monde (article payant) a pu consulter.

Durant cet échange, Laurent Simonin demande toutefois à Alexandre Benalla de prévenir le préfet de police, seul habilité à autoriser sa présence à la manifestation. Ce que le proche d’Emmanuel Macron n’a pas fait. L’IGPN reproche donc à ce haut gradé, mis en examen pour « violation du secret professionnel » et « détournement d’images issues d’un système de vidéoprotection », de ne pas avoir « sollicité d’autres garanties, convaincu de la vérité des dires de son interlocuteur et sans évoquer plus avant sa présence en tant qu’observateur sur le service d’ordre avec ses supérieurs hiérarchiques ».

La police considérait Alexandre Benalla comme un proche collaborateur d’Emmanuel Macron

L’omniprésence d’Alexandre Benalla aux côtés du président se confirme. Le rapport de l’IGPN affirme en effet que « depuis la dernière élection présidentielle », l’ancien chargé de mission était « présent à toutes les réunions préparatoires à l’organisation des déplacements du président de la République dans le ressort de la préfecture de police ».

[Alexandre Benalla] était également présent sur le terrain lors des grands événements auxquels participe le président, côtoie professionnellement un grand nombre de policiers de la capitale affectés à ces missions.L’IGPNdans son rapport

Ces déclarations confirment la proximité d’Alexandre Benalla avec plusieurs membres de la police, avec lesquels il a noué « des liens de proximité, facilités par le tutoiement qu’il pratique volontiers », précise l’IGPN. Trois policiers, dont Laurent Simonin, sont actuellement mis en examen pour avoir transmis les images de vidéosurveillance du 1er-Mai à Alexandre Benalla. 

Le policier qui accompagnait Alexandre Benalla « s’est gardé de lui faire la moindre remarque » 

Présent place de la Contrescarpe, le 1er mai 2018, le commissaire Philippe Mizerski, major au sein de la direction de l’ordre public et de la circulation, « ne concevait pas », selon l’IGPN, « de faire la moindre observation à celui qui était, à ses yeux, un personnage de première importance ». Il s’est également « gardé de faire la moindre remarque » à Alexandre Benalla à propos du brassard de police que le chargé de mission à l’Élysée arborait ce soir-là. « Il a considéré que son statut de ‘haut responsable’ de la sécurité de la présidence de la République l’autorisait certainement à le porter », précise le rapport de la « police des polices ». 

On ne sait pas si Alexandre Benalla était en possession d’une arme le 1er-Mai

En octobre 2017, Alexandre Benalla avait obtenu de la préfecture de police, saisie par l’Élysée, l’autorisation de porter sur lui un pistolet de type Glock. Toutefois, le rapport de l’IGPN n’est pas en mesure de confirmer qu’il détenait une arme le 1er-Mai. « En tout état de cause, ni les vidéos, ni les déclarations des principaux acteurs policiers ne permettent de le détecter en ce qui concerne monsieur Benalla », est-il écrit.  

L’IGPN propose la création d’un « signe distinctif » pour les observateurs 

Pour distinguer plus clairement les personnes extérieures aux forces de l’ordre, accueillies en tant qu' »observateurs », la « police des polices » propose de leur attribuer un « signe distinctif »

La mission propose la création d’un brassard spécifique d’observateur qui ne devra pas lui-même prêter à confusion avec les brassards équipant déjà des services de sécurité ou d’autres déjà utilisés (presse ou sécurité privée).L’IGPNdans son rapport

Contactée par franceinfo, la préfecture confirme accueillir occasionnellement « des personnes extérieures à [ses] services lors d’opérations de maintien de l’ordre, pour de courtes durées ». Parmi eux se trouvent « des journalistes, des chercheurs, ou des magistrats en formation ».

Une « charte de l’observateur » devrait être créée 

Le rapport propose également la création d’une « convention-type adaptable et [d’]une charte générale de l’observateur » récapitulant « les grands principes de la procédure d’autorisation au debriefing de l’observation réalisée, en passant par les conditions de son encadrement ». Pour l’IGPN, l’affaire Benalla « illustre la nécessité de formaliser dans une note cadre les grands principes qui doivent présider à l’accueil d’observateurs ». Cette charte devra être signée par l’observateur avant d’effectuer sa mission.


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