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Jean Ravelonarivo: «L’insécurité sera résolue dans une année au maximum»

Premier ministre pendant un peu plus d’un an de janvier 2015 à avril 2016 sous la présidence de Hery Rajaonarimampianina, le général Jean Ravelonarivo s’était fait très discret depuis sa démission à la tête du gouvernement. Militaire mais aussi opérateur économique, il est revenu dans l’arène politique en juin dernier avec l’annonce de sa candidature à la présidentielle du 7 novembre. Le général Jean Ravelonarivo est l’invité de RFI. Il répond aux questions de Laetitia Bezain.

RFI : Général Jean Ravelonarivo, pourquoi avez-vous décidé de vous porter candidat ?

Général Jean Ravelonarivo : J’étais déjà Premier ministre, chef du gouvernement. J’ai voulu faire pas mal de programmes pour développer Madagascar. Ensuite, la lutte contre la corruption, l’insécurité qui règne dans ce pays, alors que je suis né en brousse, vraiment très loin d’Antananarivo, surtout dans la province de Tuléar, je connais vraiment l’importance de la sécurité. C’est pour cela que je me porte candidat, pour apporter mon savoir-faire et des compétences pour servir Madagascar et non pas se servir de Madagascar.

Qu’avez-vous de plus que les autres candidats ?

Je pense que je suis l’homme à la place qu’il faut maintenant, parce que l’insécurité règne vraiment dans tout Madagascar ! J’ai déjà sillonné tous les pays. J’ai vu que le problème majeur pour le peuple malgache c’est la mise en place de la sécurité totale pour qu’il puisse vivre dans la sérénité. On ne peut pas développer ce pays sans avoir mis en place la sécurité.

Vous avez été Premier ministre pendant un peu plus d’un an sous la présidence de Hery Rajaonarimampianina. N’avez-vous pas, vous aussi, votre part de responsabilité dans l’état actuel du pays ?

Je n’ai pas trop de responsabilité en l’état actuel des choses. Parce que, quand j’ai appliqué la tolérance zéro à Madagascar tout le monde était au pas. Mais comme l’exemple vient toujours d’en-haut, après mon départ, vous savez ; la situation en matière de corruption, d’insécurité et même au niveau de la lutte contre la pauvreté et surtout de la bonne gouvernance à Madagascar… Je ne voudrais pas critiquer les autres, ce n’est pas mon genre. Mais je parle toujours de la réalité. Et ensuite, pour les zones côtières ; la protection de nos îles qui ne sont pas du tout bien protégées actuellement. Et surtout – surtout -, nos mines qui sont en délabrement actuellement. Je pense qu’on devra prendre des mesures sévères pour mieux cerner les choses. Et dans mon programme j’ai déjà une solution pour mieux gérer les mines à Madagascar.

Quand j’étais Premier ministre, j’ai lutté contre la corruption. Et on a des indicateurs pendant cette période-là. Si Madagascar était au rang de 135 sur 175 pays, quand j’étais Premier ministre, la corruption était descendue et nous étions au 121e pays dans le monde entier. Actuellement, nous connaissons la situation. Madagascar à la fin de l’année dernière a eu un rang vraiment catastrophique : 145e pays ! Et là, actuellement, cela frôle le 160e pays en matière de corruption. Je sais donc – j’ai l’expérience -, qu’on peut résoudre ce problème de corruption à Madagascar. Et je tacherai de diminuer ou d’anéantir totalement cette corruption dans le pays.

Ce que vous dites c’est que c’était mieux quand vous étiez Premier ministre ?

Bien sûr que oui. Les résultats parlent déjà. Si on parle de la corruption, les résultats étaient là. Ce n’est pas moi qui ai sorti les chiffres, mais c’est la Banque mondiale de l’Union européenne. Donc je pense qu’il n’y a pas de discussion à faire là-dessus.

Alors dans ce cas-là, pourquoi vous avez déposé votre démission ? Pourquoi vous avez été forcé de déposer votre démission ?

Parce que la compréhension n’est plus pareille. Je voudrais faire avancer les choses comme il faut, d’une façon rapide et spectaculaire. Mais eux, peut-être qu’ils veulent garder leur siège ou leurs avantages, leurs intérêts personnels… Donc pour moi c’est l’intérêt supérieur de la Nation qui prime.

Quand vous dites « eux », vous parlez de qui ?

Des dirigeants actuels.

Vous étiez l’un des principaux soutiens de Hery Rajaonarimampianina en 2013. Pourquoi vous présenter contre lui à cette élection ?

Je ne me présente pas contre lui. Mais je me présente pour mieux servir le pays, comme je vous ai dit tout à l’heure, et non pas me servir du pays. Donc je sais qu’avec ma capacité, avec mon savoir-faire, je peux sortir Madagascar de cette pauvreté et de cette insécurité. Mais moi, comme je suis un homme honnête, intègre, et qui met mon pays en avant, j’ai préféré sortir facilement et revenir après avec dignité, fierté et honnêteté.

Votre première mesure, si vous êtes élu ?

C’est la lutte contre l’insécurité, comme je vous ai dit. Je vous promets, je parle pour tout le monde et au nom du peuple malgache, l’insécurité sera résolue dans une année maximum.

Tous les dirigeants parlent de résoudre ce problème d’insécurité. Les résultats ne sont pas là. Comment, concrètement, vous allez pouvoir résoudre ce problème d’insécurité ?

Je ne voudrais pas annoncer pour le moment ma stratégie. Comme vous le savez, je suis un militaire général retraité et qui a fait beaucoup d’études à l’extérieur, que ce soit en France, que ce soit en Russie… Donc, j’ai l’expérience pour mieux cerner les choses. Je ne voudrais pas dévoiler cette stratégie pour le moment parce que, peut-être qu’il y aura quelqu’un, une autre personne, ou bien un autre candidat, qui va imiter les choses. Mais ce que j’ai dit, je le maintiendrais. L’insécurité sera résolue dans une année au maximum.

Votre statut de général c’est un atout pour vous, dans cette compétition à la présidence ?

Parce que je suis un général, on peut dire de moins de 60 ans, c’est-à-dire d’âge mûr pour mieux cerner les choses. Et les autres, par exemple, s’ils veulent mieux résoudre les problèmes d’insécurité, ils vont demander. Mais moi je ne demande pas. C’est moi qui vais donner l’ordre. Et que cet ordre-là soit exécuté littéralement sans hésitation.

La campagne électorale débute lundi. Qui finance votre campagne ?

Il y a les amis qui sont à Madagascar et qui veulent m’appuyer, parce qu’ils savent mes compétences et ma franchise pour faire avancer les choses et pour développer Madagascar. Je n’ai pas d’autres moyens à vous cacher. Par exemple, moi, ce sont mes amis qui vont me donner de l’argent !

Pensez-vous pouvoir convaincre les Malgaches de voter pour vous, alors que vous avez déjà été au pouvoir ?

J’ai été au pouvoir, bien sûr, en tant que Premier ministre. Mais je n’étais pas le grand décideur. Le grand décideur c’était le président de la République. Mais cette fois-ci, je sais la situation qui existe bel et bien au sein de Madagascar, au sein du gouvernement. Il vaut mieux être le chef pour mieux prendre le taureau par les cornes et faire avancer les choses ! C’est pour cela que j’ai pris cette décision. Moi, par exemple, quand j’ai quitté le pouvoir, vous n’avez jamais vu ni entendu Jean Ravelonarivo critiquer. J’étais resté dans mon coin. Mais maintenant que les conditions sont réunies, je fais une déclaration de candidature.

J’ai déjà sillonné Madagascar tout entier et je connais pertinemment la situation qui existe bel et bien à Madagascar actuellement. Le gens veulent du changement ! Ils ont vu et ils ont connu pas mal de choses ! Ils savent pertinemment que j’étais sous « la coupe » d’une autre personne. Mais maintenant c’est moi qui veut réaliser les choses, réaliser le développement de Madagascar. Un développement digne et profitable à tous les Malgaches, à tous les intéressés. A demi-mot on doit se comprendre. C’est-à-dire les Malgaches et moi. Le temps est maintenant escompté.

Il vaut mieux unir nos forces. Et la cohésion que je demande ici, à Madagascar, c’est une cohésion pour changer l’histoire, pour changer la donne, pour atteindre l’objectif qu’on devra mettre sur les rails à Madagascar. Le développement profitable à tous.

L’insécurité sera résolue dans une année au maximum.

Le Général Jean Ravelonarivo, candidat à la présidentielle malgache

06-10-2018 – Par Laetitia Bezain


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