A la Une

Violences graves à Paris : le point sur la journée du 1er décembre

Des voitures ont été incendiées dans le secteur des Champs-Elysées, samedi 1er décembre.

Des voitures ont été incendiées dans le secteur des Champs-Elysées, samedi 1er décembre. JULIEN MUGUET POUR « LE MONDE »

Nuages de gaz lacrymogènes, véhicules et bâtiments incendiés, magasins pillés… la troisième journée de mobilisation des « gilets jaunes » est marquée par de nombreuses violences dans la capitale. Après des échauffourées ayant débuté près des Champs-Elysées, samedi 1er décembre dans la matinée, les heurts se sont étendus à plusieurs autres quartiers dans une grande confusion.

En milieu d’après-midi, des manifestants parfois violents ont investi plusieurs rues et avenues du centre et nord-ouest de la capitale, incendiant parfois des mobiliers urbains et croisant le fer avec les forces de l’ordre. Dans la matinée, le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, avait mis en cause « 1 500 perturbateurs », quand son secrétaire d’Etat Laurent Nunez en dénombrait deux fois plus.

Suivez notre direct : Manifestations des « gilets jaunes » : des accrochages aux abords des Champs-Elysées

Boulevard Haussmann, non loin des grands magasins, où quelque 300 manifestants étaient rassemblés, des personnes encagoulées ont pris à partie des pompiers venus éteindre des poubelles et des véhicules incendiés, arrachaient des Vélib’ et érigeaient des barricades de fortune. Les grands magasins des Galeries Lafayette et du Printemps ont été évacués.

Place de l’Opéra ou surtout rue de Rivoli, qui relie la place de la Bastille à la Concorde en passant par Le Louvre, des centaines de personnes étaient elles aussi rassemblées dans un climat de très grande tension, essuyant les tirs de gaz lacrymogènes des forces de l’ordre et refluant au gré des interventions des policiers.

Un incendie qui a ravagé un bâtiment situé rond-point de l’Etoile a été maîtrisé mais plusieurs autres feux menacent d’autres édifices. Un fusil d’assaut a par ailleurs été volé par un manifestant dans une voiture de police.

Au moins 110 blessés et 270 interpellations

« On constate de plus en plus de groupes très déterminés qui se disséminent dans Paris et commettent des troubles à l’ordre public », a déclaré la porte-parole de la préfecture de police de Paris, Johanna Primevert, sur BFM-TV. Elle a pointé la responsabilité de « gens très organisés » déterminés à « aller à l’affrontement » avec les forces de l’ordre. La porte-parole a également appelé les manifestants à se dissocier « des casseurs » pour faciliter leur interpellation.

Au moins 110 personnes, dont 17 membres des forces de l’ordre, ont été blessées, selon la préfecture de police. Ce bilan provisoire est déjà bien plus lourd que celui de la précédente mobilisation à Paris le 24 novembre, pendant laquelle 24 personnes avaient été blessées, dont 5 parmi les forces de l’ordre.

La préfecture a fait également état de 270 interpellations en milieu d’après-midi, soit davantage que pendant l’ensemble du précédent rassemblement parisien le 24 novembre, où 103 personnes avaient été arrêtées.

La troisième journée de mobilisation nationale des « gilets jaunes » réunissait quelque 75 000 manifestants samedi à 15 heures dans toute la France, selon un bilan du ministère de l’intérieur. La première journée nationale d’action, le 17 novembre, avait rassemblé 282 000 personnes, et la deuxième 106 000, dont 8 000 à Paris.

Manifestations en province et barrages filtrants

Lancé il y a quinze jours hors de tout cadre politique ou syndical, le mouvement des « gilets jaunes » se poursuivait également en dehors de Paris, le plus souvent dans le calme. Des manifestations ont eu lieu dans de nombreuses villes, comme à Lille, Rennes, Angers ou Bordeaux.

A Nantes, une cinquantaine de « gilets jaunes » ont fait irruption à deux reprises samedi matin sur le tarmac de l’aéroport de Nantes-Atlantique, tandis que de brèves échauffourées ont éclaté à Strasbourg. Plusieurs opérations de blocage et de filtrage étaient recensées, notamment dans le Var au péage de Bandol sur l’A50 et dans les Bouches-du-Rhône aux barrières de péage de La Ciotat.

Dans le Sud-Ouest, les « gilets jaunes » ont lancé des opérations « barrages filtrants » à Cahors (Lot), et dans sept villes du Tarn. Sur l’autoroute 9, les manifestants ont ciblé le péage du Perthus, à la frontière entre la France et l’Espagne. Les « gilets jaunes » appelaient également à cibler des institutions, en murant les centres des impôts ou en « aveuglant » les radars.

Lire le reportage : « Gilets jaunes » : « Les élites parlent de fin du monde, quand nous, on parle de fin du mois »

 

Réagissez ou consultez l’ensemble des commentaires


Continuer à lire sur le site d’origine