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« Ca va compliquer le travail sur le terrain » : des journalistes critiquent l’invitation de « gilets jaunes » dans les locaux de « La Provence »

Certains membres du journal régional n’ont guère apprécié l’invitation de Bernard Tapie à organiser une réunion de « gilets jaunes » au sein de « La Provence ».

Surprenant mélange des genres ? A l’invitation de Bernard Tapie, propriétaire du titre, quelques dizaines de « gilets jaunes » se sont réunis, samedi 5 janvier, dans les locaux techniques de La Provence, situés près de l’imprimerie du journal à Marseille. Une idée qui n’a pas été du goût de certains membres de la rédaction, qui « n’a pas apprécié d’être mise devant le fait accompli », assène le journaliste Eric Breton, délégué SNJ du quotidien régional, contacté par franceinfo.

« Ce n’était pas le rôle du journal d’accueillir cette réunion », s’agace-t-il. « Que Bernard Tapie ait de la sympathie pour les ‘gilets jaunes’ à titre personnel, ça le regarde. Mais qu’un amalgame soit fait entre une position personnelle de Bernard Tapie et le journal ‘La Provence’, c’est gênant. »

« La rédaction de ‘La Provence’ est atterrée, c’est un mélange des genres hallucinants », a également réagi Sophie Manelli, élue du Syndicat national des journalistes, auprès de l’AFP. « Un journal indépendant et apolitique ne peut pas servir de base logistique à un mouvement politique. C’est incompatible. »

Eric Breton s’inquiète surtout de l’image renvoyée aux lecteurs et aux futurs interlocuteurs des journalistes. D’autant que si une « cinquantaine de ‘gilets jaunes’ ont pu entrer (…) ils n’ont pas été jugés représentatifs du mouvement » par les manifestants restés dehors, poursuit-il. A l’extérieur du journal, d’autres « gilets jaunes » ont d’ailleurs protesté contre la tenue de cette réunion par des sifflets.

« Ca va compliquer la tâche des journalistes sur le terrain sur la question des Gilets jaunes, estime-t-il. Si on se présente comme un journaliste de La Provence et qu’un des manifestants dit ‘vous ne nous avez pas laissé entrer’, qu’est-ce qu’on fait ? Le journalisme, c’est aussi une question de confiance entre les journalistes et ses interlocuteurs. » Autant dire qu’il espère que cette réunion était la dernière du genre : « On peut évidemment souhaiter que ça ne se renouvelle pas et que la rédaction de La Provence puisse continuer à faire son travail dans la sérénité ».


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