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Mort de Romain Bouteille, cofondateur avec Coluche du Café de la Gare

Grande figure du café-théâtre, Romain Bouteille, à l’origine du Café de la Gare qu’il avait fondé avec Coluche en 1969, vient de mourir à l’âge de 84 ans.

Romain Bouteille, co-fondateur notamment avec Coluche du célèbre Café de la Gare parisien, est mort lundi à l’âge de 84 ans, a annoncé mardi son épouse.

« Romain s’est éteint hier (lundi) dans la soirée à l’hôpital de Corbeil-Essonnes. Depuis quelques temps, il avait une insuffisance rénale. C’est une insuffisance respiratoire qui l’a emporté, » a indiqué dans un message à l’AFP Saïda Churchill, elle-même comédienne et programmatrice culturelle de la ville d’Etampes (Essonne). « Romain nous a quitté ce soir vers 22h », avait-t-elle écrit sur Facebook lundi soir.

Né en 1937, Romain Bouteille fut une figure des débuts du café-théâtre en France.

« Ma vocation artistique s’est dessinée vers 1955 sous l’angle: trouver un job qui permette de se lever à n’importe quelle heure et ne suppose ni diplôme, ni réel travail, ni obéissance, » racontait-il à l’AFP en 2005.

Le Café de la Gare, « premier et dernier théâtre en anarchie réelle » selon Romain Bouteille, ouvre en juin 1969 dans les locaux d’une ancienne fabrique passage d’Odessa, près de la gare Montparnasse.

Coluche, Miou-Miou, Patrick Dewaere

« Nous, on en avait un peu marre de tout ça, des cabarets où le bonhomme était tout seul, où il n’y avait pas de troupe. C’est pour ça qu’en 1968 il devenait important pour Coluche et moi de faire un théâtre qui n’avait pas existé: un théâtre avec l’interdiction d’interdire », expliquait-il à BFMTV en 2019, à l’occasion des 50 ans du Café de la Gare. « Je croyais en l’efficacité d’un groupe déhiérarchisé, avec le partage équivalent de tout bénéfice éventuel, sans apprentissage. »

L’équipe rassemble autour de Romain Bouteille et du jeune Michel Colucci, qui connaitra la gloire sous le nom de Coluche, une bande d’aspirants comédiens, dont bon nombre connaîtront le succès, à l’image de Miou-Miou ou Patrick Dewaere.

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Devenu trop petit, le théâtre déménage en 1972 dans un local plus vaste, rue du Temple, dans le quartier du Marais, tout en conservant le nom.

Coluche quitte alors le « Café » et dira de Romain Bouteille: « ce qu’il ne m’a pas appris, je le lui ai piqué ».

« Génie du non-sens »

Le Café de la Gare accueillera aussi les premiers pas sur les planches d’autres figures du spectacle: Gérard Lanvin, Renaud, Anémone, Josiane Balasko ou encore Michel Blanc. C’est en découvrant en 1971 la pièce Des boulons dans mon yaourt que Thierry Lhermitte, Christian Clavier, Josiane Balasko, Gérard Jugnot, Michel Blanc et Marie-Anne Chazel décident de créer leur propre café-théâtre, le Splendid.

Homme de scène, Romain Bouteille est aussi apparu souvent au cinéma, dans de petits rôles, interprétant des personnages parfois sans nom ou dotés d’un simple patronyme. Il est ainsi Corbel dans Le Distrait de Pierre Richard, en 1970, le curé dans Les Galettes de Pont-Aven, avec Jean-Pierre Marielle, en 1975, ou le collectionneur de billets de banques dans L’An 01 de Jacques Doillon, en 1973. Sa dernière appaition sur grand écran remonte à 2016 dans Vendeur, de Sylvain Desclous.

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Pierre Richard, qui l’avait fait tourner dans Le Distrait lui rendu hommage sur Twitter, écrivant:

« Romain Bouteille était une sorte de génie du non-sens. Il avait aussi celui de se foutre de la célébrité. Je l’admirais beaucoup. Je suis très triste. »

Romain Bouteille s’éloigne à son tour au début des années 1990 du Café, et s’installera dans l’Essonne, où il créera avec son épouse un théâtre à Etampes, « Les grands solistes ».

Magali Rangin avec AFP


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