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La grève à Europe 1 reconduite pour 24 heures, le patron du groupe dévoile les « synergies » avec la chaîne CNews

Inquiets de voir leur radio devenir un « média d’opinion », les salariés d’Europe 1 en grève ont découvert, lundi 21 juin, la teneur des « synergies » envisagées avec CNews. Réunis en assemblée générale dans la matinée, près d’une centaine d’entre eux ont voté la poursuite du mouvement, enclenché vendredi pour contester la mise à pied d’un collègue, jusqu’à mardi soir minuit.

Dans la foulée, le patron du groupe détenant la radio, Arnaud Lagardère, a levé le voile sur la grille de rentrée dans les colonnes du Figaro. Il y a également détaillé les rapprochements à venir avec la chaîne d’information du groupe Canal+, filiale de Vivendi, contrôlé par le milliardaire Vincent Bolloré. Issue de CNews, Laurence Ferrari s’installera fin août dans les studios d’Europe 1 pour animer son émission pour la chaîne télévisée, de 17 à 18 heures. Suivra une tranche d’information commune à CNews et Europe 1 jusqu’à 19 heures, suivie d’une heure de radio uniquement.

Plusieurs informations données récemment par des médias ont également été confirmées, dont l’arrivée à la matinale de Dimitri Pavlenko, intervenant régulier de « Face à l’info » aux côtés d’Eric Zemmour sur CNews. Le journaliste de Radio Classique prendra la place de Matthieu Belliard. Le « Grand rendez-vous » politique du dimanche d’Europe 1, en partenariat avec CNews et Les Echos, sera repris par Sonia Mabrouk, déjà aux manettes de l’interview politique matinale. Cette figure de CNews remplacera ainsi Michaël Darmon, également démis de ses fonctions de chef du service politique au profit de son adjoint Louis de Raguenel, transfuge du magazine Valeurs actuelles et dont le recrutement avait provoqué un tollé en interne à la rentrée 2020.

« Cette grille a été élaborée par [la présidente de Lagardère News] Constance Benqué et moi », a assuré Arnaud Lagardère au Figaro. Elle « marque des synergies voulues avec le groupe Canal+, à la fois dans l’information mais aussi dans la musique, le sport et le cinéma ». Aucune n’est « imposée par Vincent Bolloré », a-t-il insisté. Les salariés d’Europe 1 redoutent depuis des mois la mainmise du milliardaire, premier actionnaire de Lagardère, sur leur radio. En cause, la ligne éditoriale jugée très à droite de CNews, mais aussi les méthodes de management en vigueur à Canal+, où des journalistes en désaccord avec la direction ont été poussés vers la sortie. « Dire qu’Europe 1 passe sous la coupe de Vivendi, c’est un fantasme qui frôle le complotisme », a insisté Arnaud Lagardère.

Dans ce contexte, les grévistes réclament une rencontre avec Constance Benqué « le plus vite possible » pour débattre avec elle de la clause de conscience, qui permet aux journalistes de quitter un média avec des indemnités en cas de changement de ligne éditoriale. Malgré de nombreux soutiens et une mobilisation massive, avec « 70% de grévistes chez les titulaires (journalistes, techniciens, programmateurs…) », selon un journaliste interrogé par l’AFP sous couvert d’anonymat, la grève reste peu perceptible à l’antenne. Il a même fallu attendre la chronique de l’humoriste Nicolas Canteloup, peu avant 9 heures lundi, pour qu’elle y soit évoquée. Preuve, selon la Société des rédacteurs d’Europe 1, du « mépris affiché pour les auditeurs et les salariés engagés ». Une nouvelle assemblée générale est prévue mardi, à 10 heures, pour aborder la suite du mouvement.


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