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Résultats des élections régionales : cinq choses à savoir sur Thierry Mariani, le candidat RN en tête dans la région Paca

Thierry Mariani, 62 ans, espère devenir dimanche prochain le premier président de région issu du Rassemblement national. L’ancien élu Les Républicains compte capitaliser sur son bon score obtenu au premier tour des élections régionales. Avec 35,5% des voix, le député européen du RN devance le candidat de LR Renaud Muselier (33%). Franceinfo vous détaille cinq choses à savoir sur celui qui souhaite devenir président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. 

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Il a fait ses classes au sein de la droite républicaine

« Tourner casaque après trente ans au RPR, à l’UMP et chez Les Républicains, c’est quasiment du jamais-vu ! », confie à France 3 un ancien attaché parlementaire de droite. En 2019, Thierry Mariani a effectivement franchi le pas et a rejoint la liste du Rassemblement national pour les élections européennes. « Marine Le Pen représente la seule véritable alternative », explique alors l’ancien ministre des Transports de Nicolas Sarkozy dans une interview au Parisien. « Je vais là où sont réellement mes idées, où j’ai des chances de les faire aboutir. »

« Je revendique la cohérence. J’ai toujours été souverainiste et de droite. »

Thierry Mariani

au Parisien

Avant de rejoindre Marine Le Pen, Thierry Mariani a fait toute sa carrière au sein de la droite classique, et d’abord au RPR de Jacques Chirac où il s’est engagé en 1976. « Moitié par conviction, moitié par manque de copains », raconte-t-il en 2002 à Libération. Il a grimpé progressivement les échelons de la politique en passant par presque tous les postes : conseiller général du Vaucluse en 1988, maire de Valréas en 1989, conseiller régional en 1992, député du Vaucluse en 1993. A l’époque, il bataille en Paca contre le maire Front national d’Orange Jacques Bompard et sera même candidat en 2010 face à Jean-Marie Le Pen aux régionales. 

De gauche à droite, Thierry Mariani, Renaud Muselier et François Fillon, le 18 mars 2010, lors de la campagne des régionales, à Marseille. (IAN HANNING / REA)

De gauche à droite, Thierry Mariani, Renaud Muselier et François Fillon, le 18 mars 2010, lors de la campagne des régionales, à Marseille. (IAN HANNING / REA)

Au niveau national, Thierry Mariani a d’abord été proche de l’équipe Pasqua-Séguin, tendance « gaullisme social », avant de se rapprocher de la droite du parti. En 2007, lors de l’examen du projet de loi sur l’immigration, le député Mariani se distingue avec deux amendements : l’un vise à autoriser le recours aux tests ADN lors de la délivrance des visas de plus de trois mois dans le cadre du regroupement familial, l’autre cherche à interdire l’hébergement d’urgence aux personnes en situation irrégulière. En 2010, l’élu sudiste fait aussi partie de la quarantaine de députés UMP qui fonde la Droite populaire, un mouvement qui réclame des mesures fortes sur les questions de sécurité et d’immigration. 

Il a été proche de Renaud Muselier

Au sein de la région, Thierry Mariani a fait ses classes avec un certain Renaud Muselier, qui est devenu aujourd’hui son adversaire lors des élections régionales. Dans Libération, le candidat du RN évoque un « très bon copain ». Les deux hommes ont notamment fait les 400 coups ensemble à Saint-Pétersbourg, selon L’Obs (article abonné), mais depuis la défaite de Thierry Mariani aux législatives de 2007, l’actuel président de la région Paca ne lui aurait plus adressé la parole.

Les relations se sont encore dégradées avec la campagne électorale et les attaques par médias interposés. Comme le raconte Le Monde, les deux têtes de liste se sont croisées début juin sur un quai en sortant du même train. « Tu dis beaucoup de conneries », lance alors le candidat LR. « Toi aussi », répond son adversaire du RN.

Il a été vice-champion régional de lutte gréco-romaine 

Thierry Mariani est né à Orange, dans le Vaucluse, en 1958. Sa famille est originaire des Abruzzes, en Italie, et son grand-père est arrivé en France dans les années 1920, détaille Libération dans un portrait en 2002. Il est le fils unique d’un maçon et d’une ouvrière. Ses parents divorcent rapidement et il se retrouve pensionnaire à 11 ans. Il passe alors par le petit séminaire, puis par l’école militaire d’Aix-en-Provence.

Son goût pour les batailles électorales lui vient peut-être de son expérience dans la lutte gréco-romaine. Il a d’ailleurs été vice-champion de France de la discipline à l’âge de 19 ans. « On était cinq, c’était plus facile que le judo », raconte-t-il à Libération. Adepte du « storytelling », Thierry Mariani aime aussi raconter qu’il travaille beaucoup la nuit. « J’ai hérité cela de mes années d’études. Pour les payer, j’étais veilleur de nuit », confie-t-il à Corse Matin.

Il a été accusé de ne plus vivre en Paca

« Il ne paie pas d’impôts ici, il ne vit pas ici, il a abandonné le Vaucluse et la région Paca depuis près de dix ans », dénonce Renaud Muselier sur Public Sénat. Le Canard enchaîné a affirmé dans un article, début juin, que Thierry Mariani ne bénéficiait pas d’un « domicile réel » à Avignon. Dans la foulée, plusieurs soutiens du candidat LR Renaud Muselier ont déposé une requête devant le tribunal judiciaire d’Avignon pour demander la radiation du candidat du RN, au motif qu’il n’aurait pas de « domicile réel » dans la région, comme le prévoit le Code électoral.

Le recours a finalement été jugé irrecevable et le juge n’a pas examiné le fond de l’affaire. De son côté, le candidat RN a fourni au Canard enchaîné le bail d’une location meublée à Avignon, qui lui a permis de s’inscrire en 2020 sur les listes électorales du Vaucluse. Le candidat RN assure qu’il habite dans un studio de la ville, qui appartient à une figure locale du RN. « Je n’y passe pas ma vie, c’est vrai, mais j’y ai dormi quelques fois », reconnaît-il auprès de l’hebdomadaire satirique.

Il a pris des positions pro-syriennes et pro-russes

Thierry Mariani s’est distingué à plusieurs reprises avec ses prises de position en faveur de Bachar Al-Assad ou en soutien à la politique du Premier ministre indien nationaliste Narendra Modi. Ouvertement pro-russe, il est aussi proche du premier cercle poutinien. Selon une enquête de L’Obs, il se rend régulièrement aux soirées de l’ambassadeur Alexandre Orlov à Paris, compte dans ses relations le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, et n’hésite pas à téléphoner aux conseillers de Vladimir Poutine pour caler l’organisation de ses voyages à Moscou.

Entendu au Parlement européen, l’opposant russe Mikhaïl Khodorkovski a d’ailleurs dénoncé la complaisance de l’eurodéputé français à l’égard du régime de Vladimir Poutine. « Monsieur Mariani s’est rendu en Russie au moins une cinquantaine de fois au cours des dernières années pour observer des élections. Mais son évaluation était très loin de la réalité, à mes yeux. » Thierry Mariani rejette les accusations, mais assume ses convictions. « Si avoir des opinions différentes fait de moi un agent d’influence russe, alors 70% de mes collègues à Bruxelles le sont pour le compte des Américains », répond-il à L’Obs.


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