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Pré-rapport sur le climat : selon le Giec, l’humanité va subir d’ici à trente ans des retombées climatiques cataclysmiques

Pénurie d’eau, exode, malnutrition, extinction d’espèces… La vie sur Terre telle que nous la connaissons sera inéluctablement transformée par le dérèglement climatique d’ici à trente ans au plus tard, alertent des centaines de scientifiques rattachés au Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) de l’ONU. Quel que soit le rythme de réduction des émissions de gaz à effet de serre, les effets dévastateurs du réchauffement climatique sur la nature et l’humanité qui en dépend vont s’accélérer, assurent-ils dans un prérapport que l’AFP a pu consulter.

« La vie sur Terre peut se remettre d’un changement climatique majeur en évoluant vers de nouvelles espèces et en créant de nouveaux écosystèmes », note le résumé technique de 137 pages. « L’humanité ne le peut pas », regrette le groupe. Les scientifiques auteurs de ce prérapport oscillent entre un ton apocalyptique et l’espoir offert aux hommes de changer leur destin par des mesures immédiates et drastiques.

Le rapport d’évaluation complet de 4000 pages, bien plus alarmiste que le précédent de 2014, a pour vocation d’éclairer les décisions politiques. Même si ses principales conclusions ne changeront pas, il ne sera officiellement publié qu’en février 2022, après son approbation par consensus par les 195 États membres. Il sera alors trop tard pour les cruciales réunions internationales sur le climat et la biodiversité prévues fin 2021, notent certains scientifiques.

Parmi les conclusions les plus importantes de ce prérapport figure un abaissement du seuil au-delà duquel le réchauffement peut être considéré comme acceptable. En signant l’accord de Paris en 2015, le monde s’est engagé à limiter le réchauffement à +2°C par rapport à l’ère pré-industrielle, si possible +1,5°C. Le Giec estime désormais que dépasser +1,5°C pourrait déjà entraîner « progressivement, des conséquences graves, pendant des siècles, et parfois irréversibles ». Et selon l’Organisation météorologique mondiale, la probabilité que ce seuil de +1,5°C sur une année soit dépassé dès 2025 est déjà de 40%.

La prochaine génération directement touchée

« Le pire est à venir, avec des implications sur la vie de nos enfants et nos petits-enfants bien plus que sur la nôtre », martèle le Giec, alors que la prise de conscience sur la crise climatique n’a jamais été aussi étendue. En 2050, des centaines de millions d’habitants de villes côtières seront menacés par des phénomènes de submersion plus fréquents, provoqués par la hausse du niveau de la mer, qui entraînera à son tour des migrations importantes.

Et l’humanité n’est pas armée pour faire face à la dégradation certaine de la situation. « Les niveaux actuels d’adaptation seront insuffisants pour répondre aux futurs risques climatiques », prévient le Giec. Même en limitant la hausse à 2°C, jusqu’à 80 millions de personnes supplémentaires auront faim d’ici à 2050 et 130 millions pourraient tomber dans la pauvreté extrême d’ici à dix ans. Avec une augmentation de 1,5°C dans les villes, 350 millions d’habitants supplémentaires seront exposés aux pénuries d’eau. Ce chiffre montera à 400 millions si l’augmentation de la température est de 2°C. Et avec ce 0,5°C supplémentaire, 420 millions de personnes de plus seront menacées par des canicules extrêmes.

Face à ces problèmes systémiques, aucun remède miracle unique. Mais « chaque fraction d’un degré compte », insiste le Giec et une seule action peut avoir des effets positifs en cascade. L’humanité peut encore orienter sa destinée vers un avenir meilleur en prenant aujourd’hui des mesures fortes pour freiner l’emballement de la seconde moitié du siècle et éviter le déclenchement des « points de bascule », éléments clés dont la modification substantielle pourrait entraîner le système climatique vers un changement violent et irrémédiable.

« Nous avons besoin d’une transformation radicale des processus et des comportements à tous les niveaux : individus, communautés, entreprises, institutions et gouvernement », plaide le rapport. Pour cela, il faut sans attendre « redéfinir notre mode de vie et de consommation ».


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