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Variant Delta du Covid-19 : « Ne pas se faire vacciner, c’est faire preuve d’incivilité » (médecin)

Alors que le variant Delta du Covid-19 gagne du terrain en France, « ne pas se faire vacciner à l’heure actuelle, c’est faire preuve d’incivilité », estime samedi 26 juin sur franceinfo le professeur Jean-François Timsit, chef du service de réanimation et des maladies infectieuses à l’hôpital Bichat, à Paris. « Ce variant est 50% plus contagieux que le variant dit anglais », ajoute Jean-François Timsit. « Il y aura toujours des contre-indications au vaccin, mais ça restera infime par rapport aux gens qui doivent profiter de cette vaccination. A ce stade, si on veut pouvoir revivre, il n’y a pas d’autre solution », insiste le médecin.

franceinfo : Le variant Delta découvert en Inde arrive chez nous. Est-ce qu’il faut redouter dans les jours, les semaines à venir, une hausse des contaminations partout en France, à cause de ce variant ?

Jean-François Timsit : C’est certain. Nous avons des données assez claires montrant que ce variant est 50% plus contagieux que le variant dit anglais. Donc, il y a clairement un risque. D’autant plus qu’à l’heure actuelle, on vit quasiment normalement, alors qu’on a une couverture vaccinale qui est encore très insuffisante. Il faut savoir qu’une dose, d’après ce que l’on sait, ne protège qu’à 33% de la contamination au variant Delta.

Ce n’est qu’avec deux doses des vaccins à ARN messager qu’on obtient des protections qui sont de l’ordre de 85 à 90%.

Jean-François Timsit, chef du service réanimation à l’hôpital Bichat

à franceinfo

Il y a donc une course contre la montre entre la vaccination et l’arrivée de ce variant qui va s’installer si on ne se vaccine pas plus. Si vous ne vous vaccinez pas, vous allez mettre en risque l’ensemble de vos proches et des gens que vous allez croiser et qui sont éventuellement fragiles. Bien entendu, les gens fragiles qui ne se vaccinent pas ont un risque de mortalité qui va être d’autant plus élevé qu’ils ont des facteurs de risque importants.

Les jeunes semblent être plus touchés par ce variant Delta. Parce que ce sont les moins vaccinés ?

C’est comme d’habitude. Le début de la reprise épidémique passe toujours par les jeunes. Pour l’instant, ce sont les moins vaccinés. Ce sont aussi eux qui profitent le plus de la réouverture du pays et du déconfinement complet. Donc on voit une augmentation de la contamination chez les jeunes. Ils ne vont pas être très malades, bien sûr, mais ils vont être la source de la diffusion du virus partout. Je crois que les jeunes sont très motivés pour se faire vacciner et il faut qu’ils le fassent. Ils doivent convaincre leurs aînés de faire la même chose, pour ceux qui sont encore réticents. Ce que l’on craint, c’est que ce variant Delta prenne le pas, parce que l’immunité apportée par le vaccin n’est pas très bonne, et qu’il est plus contagieux que les autres. Avec le risque de repartir vers le mois de septembre. Avoir une reprise des cas, voire même une reprise des cas hospitalisés ou des cas graves. C’est possible, et en particulier si on ne se vaccine pas suffisamment.

Que faut-il faire pour motiver encore les gens à aller se faire vacciner ? On voit que la campagne marque le pas.

Moi, je serais assez raide. Je pense que ne pas se faire vacciner à l’heure actuelle, c’est faire preuve d’incivilité. C’est probablement idiot de ne pas se faire vacciner quand on a des facteurs de risque. Mais en plus, c’est très incivil de ne pas le faire pour les autres. Il y aura toujours des contre-indications au vaccin, mais ça restera infime par rapport aux gens qui doivent profiter de cette vaccination large. A ce stade, si on veut pouvoir revivre, il n’y a pas d’autre solution. Et cette solution, elle est collective. On ne peut pas accepter que 30 à 40 % de la population disent : « Non, je suis contre le vaccin ! » Donc oui, ma réponse serait à terme d’être extrêmement incitatif. 


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