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Soupçons de conflits d’intérêt visant Eric Dupond-Moretti : une perquisition a débuté au ministère de la Justice

Une perquisition a débuté à 9 heures jeudi 1er juillet au ministère de la Justice, place Vendôme à Paris, a appris franceinfo de source proche de l’enquête, confirmant une information du Parisien. Cette perquisition, menée par les gendarmes de la section de recherche de Paris, se déroule dans le cadre d’une enquête de la Cour de justice de la République, portant sur des soupçons de conflits d’intérêt visant le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, liés à ses anciennes activités d’avocat. 
Selon une source proche de l’enquête, le garde des Sceaux est présent lors de cette perquisition et il est « serein » face à cette procédure.

Le ministre de la Justice est visé par des plaintes déposées par trois syndicats de magistrats, ainsi que par l’association Anticor. Ils lui reprochent notamment d’avoir lancé en septembre des poursuites administratives contre trois magistrats du Parquet national financier (PNF) qui ont participé à une enquête préliminaire visant à identifier la taupe qui aurait informé Nicolas Sarkozy et son avocat Thierry Herzog qu’ils étaient sur écoute. C’est le dossier dit des « fadettes ».

« On est chez les dingues« , avait réagi vendredi 26 juin 2020 sur franceinfo Éric Dupond-Moretti après les révélations de l’hebdomadaire Le Point qui affirmait qu’en 2014 le PNF avait demandé à des enquêteurs d’éplucher les relevés téléphoniques (les « fadettes ») de plusieurs avocats pour identifier la taupe, dans l’affaire Paul Bismuth, dont Éric Dupond-Moretti. Ce dernier avait déclaré sur franceinfo : « Il y a quelques juges qui dérapent et dérivent complètement« . Une « République des juges », c’est « un grand danger pour la démocratie« . Il s’était dit également « stupéfait » qu’on ait pu « fouiller dans ma vie privée, dans ma vie intime, dans ma vie professionnelle en épluchant des fadettes pendant 15 jours, en me géolocalisant. C’est du jamais vu dans une enquête secrète que je qualifie de barbouzade« .

Une information judiciaire pour prise illégale d’intérêts a été ouverte le 13 janvier 2020 contre le ministre et ancien avocat après ces plaintes.

Un autre dossier intéresse les enquêteurs et magistrats : celui du magistrat Édouard Levrault, juge d’instruction à Monaco. À peine nommé ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti avait lancé une procédure administrative contre le juge en question, car il avait été choqué par les méthodes du magistrat dans un dossier où lui défendait, comme avocat, un policier soupçonné de corruption. Il avait critiqué les méthodes de « cow-boy » du juge, qui s’était exprimé à la télévision sur cette affaire après son départ forcé de Monaco. 

Le ministre de la Justice a été officiellement écarté de ces enquêtes et de toutes les affaires en lien avec ses anciennes activités d’avocat, en vertu d’un décret de « déport » vers le Premier ministre Jean Castex. Ce dernier a lui déjà été entendu le 7 juin dans l’affaire des « fadettes », en tant que témoin.


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