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Afghanistan : fin d’une époque pour la base américaine de Bagram surnommé le « Guantanamo d’Orient »

C’est tout un symbole. La base américaine de Bagram en Afghanistan a été officiellement fermé vendredi 2 juillet. Située à 50 km au nord de Kaboul, elle était la plus grande base américaine dans le pays d’où étaient lancées les opérations contre les Talibans, qui se sont félicités du départ des forces étrangères de Bagram. 

La base de Bagram est un petit condensé de l’histoire de l’Afghanistan. Ce sont les soviétiques qui l’ont construite quand ils occupaient le pays, elle leur servait alors de quartier général. Quand les États-Unis entrent en guerre en 2001, la base monte en puissance : au plus fort des opérations contre les Talibans, elle a abrité jusqu’à 30 000 soldats et civils américains ainsi que des forces de l’Otan.

La base était une véritable ville à l’américaine qui s’étendait sur plus de 2 000 hectares. On y trouvait un supermarché ouvert 24h/24, des cafés, des fastfoods et même des cinémas. Bagram a aussi servi de prison. Plusieurs centaines de suspects y ont été détenus sans jugement. La base a même été surnommée le « Guatanamo d’Orient », ce qui a alimenté la rancœur contre les Américains. 

Des soldats américains mangent des hamburgers sur la base américaine de Bagram, en octobre 2004.  (EMMANUEL DUNAND / AFP)

Des soldats américains mangent des hamburgers sur la base américaine de Bagram, en octobre 2004.  (EMMANUEL DUNAND / AFP)

La fermeture de Bagram est symbolique du retrait des Américains d’Afghanistan qui veulent définitivement clore le chapitre afghan. Depuis deux ans, les Américains négocient avec les Talibans. Donald Trump a initié ce dialogue pour mettre fin à 20 ans de guerre qui ont coûté plus de 2 000 milliards de dollars, sans compter les 2 500 soldats américains qui sont morts sur place. L’intervention des occidentaux a couté quatre fois plus que le Plan Marshall. 

La restitution de la base de Bagram aux Afghans préfigure le retrait des derniers soldats américains, qui doit être achevé d’ici peu. Cependant, l’armée américaine refuse d’être plus précise sur la vitesse du retrait et sa date finale pour préserver la sécurité des opérations. Le président Joe Biden avait donné comme date butoir le 11 septembre, date très symbolique puisque c’est le jour anniversaire des attentats du Word Trade center. Pour l’heure, seules l’Allemagne et l’Italie ont confirmé avoir rapatrié leurs dernières troupes.

La fermeture de Bagram représente un tournant pour les Talibans puisqu’elle symbolisait l’intervention occidentale contre laquelle ils se battent depuis toujours. Les Talibans ont d’ailleurs réagi par la voix de leur porte-parole pour affirmer qu’ils soutiennent le départ des troupes américaines. Selon eux, ce départ permettra aux Afghans de décider par eux-mêmes de leur avenir. Mais rien n’est moins sûr… La fermeture de Bagram et le retrait des derniers soldats américains est vue par les Afghans comme un abandon des occidentaux face aux Talibans qui gagnent chaque jour du terrain.

Les Talibans contrôlent une centaine de districts sur les 400 que comptent l’Afghanistan, ils encerclent plusieurs capitales régionales et ne sont plus qu’à une cinquantaine de kilomètres de Kaboul. Dans le cas où ils reprendraient le pouvoir, il reste de nombreuses questions en suspens : comment l’Afghanistan sera gouverné, qui va assurer la sécurité des diplomates occidentaux même si les Talibans ont donné des gages ? Les ambassades vont-elles rester ouvertes ? Enfin, que vont devenir les femmes afghanes qui ont gagné des droits depuis le départ des Talibans en 2001 ? L’avenir est plus que sombre.


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