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Ligue 1 : pourquoi la nomination de Jocelyn Gourvennec à Lille est une surprise

La nouvelle est tombée soudainement dans la soirée, lundi 5 juillet : Jocelyn Gourvennec est le nouvel entraîneur du LOSC. Il succède à Christophe Galtier, parti à Nice, sur le banc du champion de Ligue 1 en titre. Une nomination surprenante à plus d’un titre pour le club engagé en Ligue des champions pour la saison 2021-2022.

Parce qu’il n’a plus entraîné depuis deux ans

Jocelyn Gourvennec était récemment plus connu comme consultant que comme entraîneur professionnel puisque sa dernière expérience remonte déjà à plus de deux ans. C’était alors avec l’En Avant Guingamp, le club qui avait lancé sa carrière d’entraîneur et avec lequel il avait notamment remporté la Coupe de France en 2014 (2-0 contre Rennes). L’année d’après, le Breton avait réussi à sortir de la phase de groupes de la Ligue Europa.

Depuis son éviction de Guingamp à la fin de la saison 2018-2019, après un intermède à Bordeaux (juillet 2016- janvier 2018), l’ex-milieu de terrain était consultant pour Canal+, notamment dans l’émission phare Canal Football Club. Le natif de Brest a profité de ses deux ans loin du banc pour passer une formation en management sportif au Centre de droit et d’économie du sport (CDES) de Limoges. Son retour en tant qu’entraîneur n’est pas une surprise, la destination lilloise l’est davantage. Au début de l’été, il était plutôt annoncé dans d’autres clubs, notamment en Ligue 2.

L’avis de notre consultant Éric Roy : « Ce n’est ni un problème ni une chance de ne pas avoir entraîné depuis deux ans. Ce n’est pas parce que tu n’as pas coaché depuis longtemps que tu ne sauras plus comment faire. Avoir fait un break peut te permettre d’arriver très frais. Quand tu n’es pas entraîneur en poste, tu continues à voir plein de matchs, tu en profites pour rencontrer du monde, échanger, ou te former à autre chose. C’est un entraîneur de qualité. »

Parce que sa dernière expérience s’est mal passée

La carrière de Jocelyn Gourvennec n’a pas réussi à franchir le cap qu’on lui promettait. Au sortir de ces six saisons franchement réussies avec l’En Avant Guingamp entre 2010 et 2016, le technicien de 49 ans avait rejoint les Girondins de Bordeaux, une réelle progression dans son parcours. La première saison, 2016-2017, avait été à la hauteur des attentes avec une sixième place de Ligue 1.

Mais depuis tout s’est compliqué pour Gourvennec. La deuxième année en Gironde commence très mal avec l’élimination au troisième tour préliminaire de la Ligue Europa contre le club hongrois de Videoton (2-2 au cumulé, élimination à cause de la règle du but à l’extérieur). Il est finalement limogé après une septième défaite en huit matchs, en janvier 2018, alors que Bordeaux pointe en 13e position, deux points devant la zone de relégation. La descente, il n’arrivera pas à l’éviter lors de son retour à Guingamp, en novembre 2018. Une dernière place de Ligue 1 et seulement quatre victoires sur la saison 2018-2019 mettront fin à l’aventure.

L’avis de notre consultant Éric Roy : « À Guingamp, c’était un retour, ce n’est jamais très bien de revenir avec son ex. On pensait que Bordeaux serait pour lui une étape supplémentaire mais ça a moyennement fonctionné. Avant, il avait une cote incroyable, on le voyait comme l’entraîneur de la nouvelle génération, jeune, avec de l’avenir. C’est bien qu’il ait une nouvelle chance dans un bon club. Dans sa position, il ne peut pas se permettre de refuser un challenge comme celui-ci. »

Parce que son nom n’avait pas filtré

La période estivale charrie son lot de rumeurs et de bruits de couloirs concernant chaque transfert qui agite la planète football. Mais parmi tout cela, le secret Jocelyn Gourvennec avait bien été gardé, symbole de la surprise qu’a été sa nomination. Pour succéder à Christophe Galtier à la tête du LOSC, Claudio Ranieri, Patrick Vieira (finalement nommé à Crystal Palace), Laurent Blanc ou encore Lucien Favre étaient évoqués.

Le choix du président Olivier Létang était aussi guidé par l’urgence de la situation. Les joueurs avaient repris le chemin du centre d’entraînement jeudi 1er juillet et leur nouvel entraîneur les a rejoint lundi soir aux Pays-Bas en stage de pré-saison alors qu’aucun coach n’était encore arrivé. Le critère économique de cette décision n’est pas à écarter non plus tant les finances du LOSC ne sont pas saines.

L’avis de notre consultant Éric Roy : « C’est très bien d’avoir pris Jocelyn Gourvennec. En France, il faut qu’on arrête de toujours vouloir prendre des entraîneurs étrangers, autant donner une chance à des entraîneurs français. Je trouve que c’est mérité et que c’est une bonne chose pour Jocelyn Gourvennec. S’il a fait bonne impression auprès des dirigeants, ils n’avaient aucune raison de ne pas le prendre. Je pense que Christophe Galtier n’avait pas une réputation dix fois supérieure à celle de Gourvennec quand il est arrivé. »


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