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INFOGRAPHIES. Risque d’une quatrième vague en France : que disent les indicateurs sur le Covid-19 avant les grands départs en vacances ?

« Le risque d’une quatrième vague rapide est là. » Trois jours après Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a à son tour alerté sur la possibilité d’une nouvelle vague de l’épidémie de Covid-19 du fait d’une progression claire du variant Delta, « redoutable et extrêmement rapide », mercredi 7 juillet. Le variant représente désormais 40% des nouveaux diagnostics, contre environ 20% il y a une semaine. « Onze régions voient leur taux d’incidence augmenter, avec des dynamiques épidémiques particulièrement fortes en Paca ou en Ile-de-France », a développé Gabriel Attal, en précisant que la situation se détériorait aussi à La Réunion ou en Martinique.

Que disent les chiffres de l’épidémie sur la situation sanitaire en ce début de mois de juillet ? Eléments de réponse.

Les contaminations repartent à la hausse

Depuis plus d’une semaine, la courbe du nombre quotidien de contaminations au Covid-19 marque un rebond. La moyenne glissante sur sept jours, mercredi soir, était de 2 766 nouveaux cas quotidiens, contre 2 534 en moyenne mardi. Le 30 juin, la moyenne journalière des nouveaux cas était de 1 854. Cet indicateur a donc augmenté de 50% en une semaine.

Il en découle que le taux d’incidence, c’est-à-dire le nombre de nouveaux cas sur une semaine pour 100 000 habitants, repart également à la hausse à l’échelle nationale. Il était de 24,1 le 3 juillet, contre 20,4 le 30 juin et 18,8 le 28 juin.

« Le fait que l’on démarre une quatrième vague est à peu près acquis », explique à franceinfo l’épidémiologiste Renaud Piarroux, chef du service de parasitologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris. « Nous avons l’impression que nous sommes autour de 50% (de nouveaux cas) en plus par semaine. Il est encore très tôt, on ne sait pas comment cette courbe va évoluer », tempère-t-il. Néanmoins, « 50% (de plus) par semaine, cela finira bientôt par être beaucoup. »

Le taux d’incidence augmente dans plusieurs départements

Le taux d’incidence reste, à ce stade, inférieur au seuil d’alerte (50 nouveaux cas par semaine pour 100 000 habitants) dans presque tous les départements de l’Hexagone. Paris a toutefois franchi ce point : entre le 27 juin et le 4 juillet, elle affichait un taux d’incidence de 57 nouvelles infections au Covid-19 pour 100 000 habitants. Ce taux est de 50 dans le département des Landes, qui a subi une recrudescence de l’épidémie du fait d’une circulation active du variant Delta.

Le seuil d’alerte est largement franchi en Guyane (avec un taux d’incidence de 185), à La Réunion (157) ainsi qu’en Martinique (115).

Même sous le seuil d’alerte, cet indicateur repart néanmoins à la hausse dans un certain nombre de régions. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, le nombre de nouvelles contaminations sur une semaine a augmenté de 83% entre le 27 juin et le 4 juillet, passant de 659 à 1 208 nouveaux cas. Ce boom est particulièrement fort dans le Var (+107%), dans le Gard (+98%) et dans les Alpes Maritimes (+88%). En Ile-de-France, les nouveaux cas se sont envolés de plus de 49%, avec 4 512 nouvelles contaminations sur une semaine au 4 juillet contre 3 029 au 27 juin. Ce rebond se fait ressentir le plus fortement à Paris (+101%) et dans les Yvelines (+79%). Dans les territoires d’outre-mer, la Martinique enregistre une hausse extrêmement forte du taux d’incidence : +274% du 27 juin au 4 juillet.

« Un cluster peut impliquer une hausse de 150% » du taux d’incidence localement, si le nombre de nouveaux cas à l’origine était très faible, nuance toutefois l’épidémiologiste Renaud Piarroux. En Corse, par exemple, le nombre de cas a presque triplé en deux semaines, mais en passant de 11 à 27 nouvelles contaminations, des chiffres qui restent extrêmement bas. « Il n’y a rien d’affolant » dans ces évolutions, poursuit Renaud Piarroux, même si « la hausse moyenne » du taux d’incidence à l’échelle nationale « est suffisante pour se dire qu’il va y avoir quelque chose ».

Les jeunes sont particulièrement touchés

Le taux d’incidence reste stable pour plusieurs tranches d’âge, mais il augmente nettement, depuis fin juin, pour les 20-29 ans, catégorie pour laquelle il s’élève désormais à 65 nouveaux cas pour 100 000 personnes. Les 20-29 ans sont, à ce stade, la seule catégorie d’âge où le seuil d’alerte est dépassé.

Ce taux d’incidence chez les 20-29 ans était de 35 le 25 juin, puis il a atteint 46 le 30 juin, avant de s’élever à 57 le 2 juillet. Pour Renaud Piarroux, plusieurs facteurs expliquent cette recrudescence spécifique à la jeunesse : « Une tranche d’âge moins vaccinée, la levée des restrictions qui touche davantage les jeunes »et « un virus plus contagieux », « qui nécessite moins d’être dans un espace confiné pour être transmis ». L’épidémiologiste prévient que ce « gradient de contaminations en fonction de l’âge » est amené à « se maintenir », « mais si le niveau augmente chez les jeunes, il va augmenter aussi dans d’autres tranches d’âges ».

Une tendance encore à la baisse à l’hôpital

Concernant les hospitalisations liées au Covid-19, la tendance reste à la baisse, même si celle-ci devient moins franche au fil des jours. Mercredi, 140 admissions à l’hôpital ont été recensées en 24 heures, soit une moyenne lissée sur sept jours de 110 nouvelles hospitalisations. « C’est très bas et cela va continuer de descendre, mais de plus en plus lentement », souligne Renaud Piarroux.

Faut-il craindre un rebond prochain des nouvelles hospitalisations, en répercussion d’un début de recrudescence des contaminations ? « Si les cas augmentent, il y aura beaucoup de chemin à faire avant d’arriver à 3 000 » nouvelles hospitalisations quotidiennes, comme au pic de la troisième vague, rassure Renaud Piarroux. « En termes d’hospitalisations, cette nouvelle vague a toutes les raisons d’être moins importante que les précédentes », ajoute l’épidémiologiste. « On peut encore l’éviter », en premier par la vaccination.


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