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Mort de la reine Elizabeth II : sacre de Charles, veillée funéraire, jours de deuil… Que va-t-il se passer maintenant ?

Elizabeth II est morte jeudi 8 septembre, à l’âge de 96 ans. Plongé dans un deuil par nature extraordinaire, le Royaume-Uni n’avait pas pleuré de monarque depuis le décès du père de la reine, George VI, emporté par une thrombose coronaire en février 1952, après quinze ans de règne. Le monde a changé depuis les années 1950, tout comme le protocole funéraire. Cependant, le programme des jours à venir a déjà été répété, minuté et organisé comme un ballet funèbre.

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De la formulation exacte de l’annonce de la mort de la reine, communiquée simultanément aux agences de presse du monde entier, jusqu’à son enterrement dans une sépulture de la chapelle Saint-George, au château de Windsor, rien n’a été laissé au hasard et à l’improvisation. L’opération « London Bridge », le nom de code donné par les autorités britanniques au protocole suivant le décès de la reine d’Angleterre, a régulièrement été éprouvée et mise à jour depuis les années 1960, expliquait en 2017 The Guardian (en anglais). Mais aujourd’hui, fini les répétitions. 

Si l’époux de la reine, le prince Philip, mort le 9 avril 2021 à l’âge de 99 ans, avait lui-même minutieusement préparé l’organisation de ses funérailles, par ailleurs perturbées par les règles sanitaires en vigueur en raison de la pandémie de Covid-19, celles de la souveraine suivent un protocole extrêmement précis. Voici ce que l’on en sait.

Un deuil national va être instauré 

Le deuil national doit durer plusieurs jours (près de deux semaines, selon différents titres de presse britanniques, dont au moins 10 jours entre le décès et les funérailles, précise The Guardian). 

Son corps sera d’abord exposé au palais de Holyrood, à Edimbourg, en Ecosse. Une messe spéciale sera donnée à la cathédrale Saint-Gilles, puis la dépouille sera rapatriée par le Royal Train. Il est prévu que les gens jettent des fleurs sur son passage. Le corps ira ensuite dans la salle du trône, à Buckingham Palace.

Elizabeth II avait quatre enfants, huit petits-enfants et 12 arrière-petits-enfants, tous attendus au palais avec leur famille respective. Dans les jours qui suivent (vraisemblablement le quatrième jour après sa mort), la dépouille d’Elizabeth II sera déplacée à Westminster Hall. C’est là que les sujets de la défunte reine pourront défiler devant le cercueil pendant quatre jours, 23 heures sur 24. En prévision de cet ultime hommage, Westminster Hall sera nettoyé de fond en comble, le sol recouvert d’un tapis, des dizaines voire des centaines de bougies installées, etc. Une estrade a été préparée, sur laquelle sera posé le cercueil et où seront nommées les dix personnes qui seront chargées de le porter. Les joyaux de la couronne britannique – la couronne, le sceptre et le globe royal – vont être préparés pour être exposés aux côtés de la dépouille.

Westminster Hall, l'une des plus anciennes salles du palais de Westminster, à Londres, le 11 janvier 2014.  (DANIEL KALKER / DPA / AFP)

Westminster Hall, l'une des plus anciennes salles du palais de Westminster, à Londres, le 11 janvier 2014.  (DANIEL KALKER / DPA / AFP)

En province aussi, les autorités vont s’activer : « Des livres de condoléances – avec des feuilles détachables, en cas de messages inappropriés – seront placés dans les mairies, les bibliothèques et les musées dès le lendemain de la mort de la reine », écrivait The Guardian en 2017. Ils doivent être accessibles quelques heures seulement après le décès de la reine. 

Partout dans le royaume, les drapeaux vont être mis en berne. Normalement, seuls les drapeaux rouges interdisant la baignade seront maintenus à hauteur normale, selon le plan consulté par The Guardian. Dans les grandes villes du pays, des écrans géants seront installés pour retransmettre les cérémonies prévues dans la capitale dans les jours à venir.

Charles va être proclamé roi 

Charles, le fils aîné de la reine, n’aura pas le temps de se recueillir longuement.  Dans les heures qui suivent la mort d’Elizabeth II, le prince de Galles sera proclamé roi, et le lendemain, à 11 heures, les drapeaux flotteront à nouveau dans le ciel du Royaume-Uni. Il s’appellera Charles III, ont confirmé ses services dans la soirée de jeudi, peu après que la Première ministre Liz Truss eut salué le nouveau monarque.

En accédant au trône, Charles fait aussi monter en grade son épouse, Camilla, la duchesse de Cornouailles. Elle deviendra reine consort, le statut habituel de l’épouse du roi. 

Officiellement, le souverain promulgue les lois (votées en son nom), désigne le Premier ministre (précédemment élu par la majorité) et ouvre et suspend les sessions du Parlement. D’un point de vue institutionnel, la mort de la reine est donc une énorme situation de crise, heureusement prévisible – donc préparée. Dès l’annonce de la mort d’Elizabeth II, le Parlement – les députés et les Lords – se sont réunis. Dans la foulée de la proclamation du nouveau monarque, les parlementaires lui prêteront allégeance. 

Le prince Charles et son épouse Camilla, duchesse de Cornouailles, à Braemar, en Ecosse, le 7 septembre 2019.  (ANDY BUCHANAN / AFP)

Le prince Charles et son épouse Camilla, duchesse de Cornouailles, à Braemar, en Ecosse, le 7 septembre 2019.  (ANDY BUCHANAN / AFP)

Le roi devra cependant immédiatement quitter la capitale, pour assister aux diverses commémorations qui se tiendront à Edimbourg (Ecosse), Belfast (Irlande du Nord) et Cardiff (pays de Galles). Un voyage de quatre jours, au cours duquel Charles assistera à ce que The Guardian décrit comme des « réunions civiques », à la rencontre des Britanniques « ordinaires ». Objectif : exhiber devant les caméras des chaînes d’information en continu un roi proche du peuple et ainsi trancher avec le faste déployé dans les cérémonies londoniennes, elles aussi diffusées en boucle. 

La dépouille de la reine sera transportée à Westminster Hall pour quatre jours de veillée   

Selon le protocole, quatre à cinq jours après la mort de la reine, une première procession sera organisée à l’occasion du transfert de son corps, de Buckingham Palace à Westminster Hall, via The Mall, l’immense avenue qui relie les deux bâtiments. Avant la pandémie de Covid-19, The Guardian avait estimé qu’un million de personnes pourrait se rassembler tout au long de ce chemin. Des sièges démontables seront installés sur Horse Guards Parade, devant le palais de Whitehall et dans les alentours de Saint-James Park. Des barrières seront déployées tout au long de ce trajet d’environ deux kilomètres. 

Le cercueil sera accompagné d’une parade militaire (la reine était la cheffe des armées), avec orchestre, coups de canon tirés depuis Hyde Park et, vraisemblablement, une délégation de corgis, les chiens adorés d’Elizabeth II. 

Désormais roi, Charles, de retour de sa tournée dans son royaume, va mener la procession jusqu’à l’intérieur de Westminster Hall. Là, il laissera sa mère sous le regard de ses sujets. En avril 2002, plus de 200 000 personnes s’étaient présentées pour dire adieu à la reine mère, exposée pendant trois jours dans cette salle de cérémonie immense (1 547 mètres carrés) édifiée en 1097 dans le style gothique, au sein du palais de Westminster. Ce moment de recueillement s’appelle le lay-in-state, l’équivalent d’une veillée funéraire d’Etat. Pour Elizabeth II, le plan des autorités tablait, avant le Covid-19, sur 500 000 visiteurs et prévoyait d’installer des lieux de ravitaillement, des toilettes et des agents de police tout au long de la queue.

A l’intérieur, des membres de la famille royale – enfants et petits-enfants de la reine – figureront parmi les gardes qui se relaieront pour surveiller la dépouille. 

Des funérailles en (très) grande pompe vont être organisées

Neuf jours après la mort d’Elizabeth II, le cercueil sera déplacé à l’abbaye de Westminster, où se dérouleront les funérailles d’Etat, en présence de hauts dignitaires venus du monde entier. Le laps de temps entre l’annonce de la mort et les funérailles doit d’ailleurs permettre aux dirigeants de pays situés aux confins du Commonwealth de rejoindre Londres. La journée sera fériée pour la plupart des Britanniques. 

A 9 heures du matin, Big Ben sonnera le début de cette journée hors du commun. A l’intérieur de l’abbaye de Westminster, jusqu’à 2 000 invités peuvent prendre place. Or, lors des obsèques du prince Philip, seules 30 personnes avaient pu se rassembler dans la chapelle Saint-Georges du château de Windsor, pour assister aux funérailles. Au début de la cérémonie, prévu à 11 heures, tout le pays sera plongé dans le silence. 

Les trains ne seront plus annoncés. Les bus s’arrêteront et les chauffeurs descendront au bord de la route.

« The Guardian »

« En 1952, à la même occasion, tous les passagers d’un vol entre Londres et New York se sont levés de leur siège, tête baissée, à 18 000 pieds au-dessus du Canada », rapporte le quotidien britannique.

A la fin de la messe, les porteurs de cercueil l’installeront sur un affût à canon – le même qui a servi à transporter le corps du père, du grand-père et de l’arrière-grand-père de la reine –, tiré par 138 marins de la Royal Navy.

La procession remontera une dernière fois The Mall et sera sans doute accompagnée par le passage dans le ciel d’avions militaires. A partir d’Hyde Park Corner, le cortège poursuivra sa route en direction du château de Windsor, à 23 miles de là. En 2002, à la mort de la reine mère, un million de personnes avaient regardé passer l’affût depuis le bord de la route. 

C’est là, dans la crypte de la chapelle Saint-George, que sont enterrés les souverains britanniques. Les portes du cloître se fermeront, marquant la fin de la cérémonie publique. Même dans l’intimité de la famille, le protocole doit être respecté, conclut The Guardian« Dans la chapelle, le cercueil descendra dans le caveau royal et le roi Charles jettera dessus une poignée de terre rouge depuis un bol en argent. »


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