A la Une

REPORTAGE. Législatives en Italie : à Latina, ville fondée par Mussolini, Giorgia Meloni face à l’héritage du fascisme

« Aujourd’hui est un grand jour », lance Benito Mussolini, le 18 décembre 1932. Il inaugurait la nouvelle ville de Littoria, renommée depuis Latina. « Nous avons gagné notre première bataille, Nous sommes fascistes, et donc plutôt que de regarder le passé, nous sommes toujours tournés vers l’avenir. » Mussolini a donné du travail à nombre d’Italiens venant de tout le pays, certains sont encore reconnaissants, estime Alfredo De Santis, le président du Cercle citoyen de Latina, ville d »aujourd’hui 125 000 habitants : « C’est pour cela qu’il y a ici autant d’attachement à la ‘bonne âme’ de Mussolini – ce que je comprends, mais jusqu’à un certain point ! »

Giorgia Meloni, considérée par certain comme l’héritière du leader fasciste, va-t-elle devenir la première présidente du Conseil italien ? Les Italiens sont appelés à voter dimanche 25 septembre pour des élections législatives. Depuis maintenant de longs mois, c’est son parti d’extrême-droite, Fratelli d’Italia, qui est donné en tête des intentions de vote. Un parti né il y a à peine dix ans mais dont l’héritage est encore trop lié, selon certains, à Benito Mussolini.

Alfredo De Santis n’est pas nostalgique du fascisme, il interpelle d’ailleurs Giorgia Meloni qui, selon lui, doit abandonner la flamme tricolore, symbole de son parti Fratelli d’Italia mais qui a aussi été celui du Mouvement social italien (MSI), parti néo-fasciste créé en 1946 par des dignitaires du régime déchu de Mussolini .

La plus jeune génération est moins marquée bien sûr par cet héritage mais Paolo, 18 ans, ressent le poids du passé dans sa ville. Il estime que Giorgia Meloni reste ambiguë sur ses liens avec le fascisme. « Elle soutenait que Mussolini était un bon politicien, c’était dans les années 1990, rappelle-t-il. Elle estimait qu’il était le meilleur homme politique du siècle dernier. Elle s’est donc sûrement inspirée de certaines de ses idées. »

Giorgia Meloni et son parti sont jugés rétrogrades sur les questions sociétales et les droits civiques. La députée qui pourrait lui succéder à Latina, Chiara Colosimo, est une fidèle de la même génération. Elle l’a accompagnée depuis le début. Elle expliquait sa position sur l’avortement au site Fanpage (site en italien) : « Nous n’avons jamais déclaré vouloir abroger la loi 194 sur l’avortement. Nous demandons la pleine application de la loi, si une femme pense qu’elle doit avorter, qu’elle puisse réellement choisir de le faire ou pas ! » Donner le droit de ne pas avorter donc. Giorgia Meloni le rappelle aussi alors que Fratelli d’Italia a déjà cherché à rendre plus compliqué l’accès à l’avortement dans les régions que le parti dirige.


Continuer à lire sur le site France Info