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INFOGRAPHIES. Réchauffement climatique : le coup de froid de septembre, une fluctuation « banale » dans une année très chaude

C’est une sensation que l’on avait presque oubliée à la sortie d’un été caniculaire. Il a fait froid en France ces derniers jours, plus froid que les normales de saison, avec un écart de -4,9°C enregistré dimanche 18 septembre. Dans un contexte de réchauffement climatique, où il fait de plus en plus chaud sous l’effet des activités humaines (transports, logements, industrie, agriculture, énergie), cette fraîcheur précoce a surpris. Pourtant, « il n’y a vraiment rien de très exceptionnel. C’est tout à fait banal à cette période de l’année même si ça peut surprendre au vu des températures rencontrées ces dernières semaines« , analyse Samuel Morin, chercheur à Météo France et directeur du Centre national de recherches météorologiques.

Le climatologue juge plus inhabituelles les réactions à cette première offensive automnale. « Dans un climat qui se réchauffe, les épisodes frais sont de plus en plus surprenants, parce qu’on s’acclimate au changement », poursuit-il. Nous perdons ainsi collectivement la mémoire météorologique et nous sommes surpris par des épisodes ponctuels qui n’auraient déclenché aucune réaction il y a dix ans. Une étude américaine menée en 2019 (en anglais) concluait que chacun d’entre nous se fait une idée du temps « normal » en se basant sur les deux à huit dernières années.

Les données de Météo France sont claires. Ces épisodes de fraîcheur à la rentrée sont de moins en moins fréquents ces dernières années. Les mois de septembre très frais, comme celui de 1972, avec 14 jours au-dessous de -3°C par rapport à la normale 1991-2020, ne sont plus qu’un lointain souvenir. La moyenne était de deux jours sur la période 2011-2021, contre 4,6 sur la période 1947-2010.

A l’inverse, les jours anormalement chauds (+3°C par rapport à la normale) sont plus fréquents en septembre. De 3,9 jours sur la période 1947 à 2010, on passe à 8,4 sur la décennie 2011-2021.

De manière générale, « il y a une dissymétrie entre les journées chaudes, de plus en plus chaudes et de plus en plus fréquentes, et les journées fraîches, voire froides, qui peuvent conduire à battre des records, mais dans des proportions cinq à dix fois moins fréquentes que les records de chaleur », rappelle Samuel Morin. L’année 2022 illustre cette situation, avec ces nombreuses vagues de chaleur.

Comme à chaque coup de froid, certains climatosceptiques ont voulu voir dans ces quelques jours de septembre une preuve de l’inexistence du réchauffement climatique. L’occasion pour Samuel Morin de faire un peu de pédagogie. « Quand on regarde l’évolution sur plusieurs décennies, nous avons un réchauffement marqué, de l’ordre de 1,7°C en France depuis le début du XXe siècle, rappelle-t-il. Un climat de plus en plus chaud n’empêche cependant pas que les conditions météorologiques fluctuent d’un jour à l’autre, comme elles l’ont toujours fait et continueront à le faire ». Un coup de froid isolé ne remet donc pas en cause la tendance au réchauffement.


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