A la Une

Grève des enseignants : « Les annonces du gouvernement sont loin de répondre à la gravité de la situation », selon le SNES-FSU

« Les annonces du gouvernement sont loin de répondre à la gravité de la situation », a déclaré mercredi sur franceinfo Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Syndicat national des enseignements du second degré (SNES-FSU), alors que la grève s’annonce suivie par les professeurs jeudi 28 septembre.

>> Transports, écoles, manifestations… Ce qu’il faut attendre de la journée de grève jeudi

Après ce que la professeure de sciences économiques et sociales appelle la « rentrée de la pénurie » tant les établissements ont manqué de personnel et à la suite de « la vague de démission », les enseignants descendront dans la rue pour exprimer leur « colère » et leurs attentes, notamment sur la question « de l’attractivité salariale ». La syndicaliste rencontrera le ministre de l’Education nationale Pap Ndiaye lundi 3 août pour porter les revendications de son secteur.

franceinfo : Savez-vous déjà combien de professeurs feront grève demain ?

Sophie Vénétitay : ll est difficile d’avancer un chiffre la veille parce que les professeurs de collèges et de lycées ne sont pas obligés de se déclarer grévistes avant la journée de grève. Jeudi matin, nous aurons des chiffres fiables et directement constatés sur le terrain. Cela dit, nous avons organisé un grand nombre de réunions ces dernières semaines, notamment sur la question des salaires et ces réunions ont toujours réuni beaucoup de collègues.

« On sent qu’il y a beaucoup d’attentes sur la question salariale, beaucoup de colère aussi, après les dernières annonces du gouvernement, parce qu’il y a eu tromperie par rapport aux promesses du président Emmanuel Macron pendant la campagne. »

Sophie Vénétitay, SNES-FSU

à franceinfo

Aujourd’hui, par rapport à ce qu’il avait promis, le compte n’y est pas. Un mois après la rentrée très difficile qu’on a vécu, la rentrée de la pénurie, on a bien vu qu’on manquait d’enseignants. Finalement, les annonces qui sont faites sont très loin de répondre à la gravité de la situation. Puisque nous parlons ni plus ni moins de nos salaires et de l’avenir de l’école, oui, demain [jeudi], nous serons mobilisés, en grève.

Il y a pourtant eu des efforts de faits en ce qui concerne justement les salaires dans l’Education nationale. Est-ce insuffisant, selon vous ?

Oui. Dans l’entre deux tours, Emmanuel Macron avait promis une augmentation de 10% de salaire pour tous les enseignants, sans contrepartie, dès janvier 2023. Nous avons compris que cela ne serait pas en janvier 2023, mais en septembre 2023 et que nous étions très loin des 10% pour tout le monde, puisque là, le gouvernement nous annonce un budget de 635 millions d’euros pour l’année 2023, pour augmenter les salaires. Nous, au SNES-FSU nous avons fait nos calculs. Pour augmenter les salaires de tout le monde de 10% en 2023, il faudrait 1,2 milliard d’euros. Le compte n’y est pas. Et ce n’est peut-être pas juste un problème de calculatrice de la part du ministère. Il n’y a vraiment pas suffisamment d’efforts financiers. C’est un peu comme si le ministère courrait un marathon et qu’au bout d’un kilomètre, il levait les bras en disant : « c’est bon, on a fait le travail ». Non, le travail n’est pas fait. Et cela ne permet pas de vraiment s’attaquer à la racine du problème, qui est un problème d’attractivité salariale en profondeur et sur le long terme.

Même si le gouvernement s’est engagé à ce qu’aucun enseignant ne gagne moins de 2 000 euros nets par mois à compter de la prochaine rentrée en 2023 ?

Le fait qu’aucun enseignant ne commence sa carrière à moins de 2 000 euros est un début. Mais ce n’est pas suffisant. Il faut aussi penser aux milieux et aux fins de carrière. Et pour ces collègues-là, nous sommes encore très largement dans le flou, alors que ce sont des collègues qui ont perdu en pouvoir d’achat ces dernières années, qui ont subi le gel du point d’indice, qui subissent aujourd’hui l’inflation et qui, aujourd’hui, ont parfois du mal à assurer certaines dépenses. Je pense à des collègues qui sont sur plusieurs établissements et qui doivent faire parfois des centaines de kilomètres dans la semaine.

Aujourd’hui, il y a un réel problème de salaires dans l’Education nationale et ce problème concerne tout le monde. En ne s’attaquant pas aux milieux et aux fins de carrière, le ministère prend le risque d’attiser beaucoup d’amertume et de colère alors qu’on connaît une vague de démissions dans l’Education nationale. Donc, s’il n’y a pas de mesures fortes, le gouvernement risque d’alimenter cette vague de démissions et ce n’est pas le moment, nous manquons déjà d’enseignants dans nos collèges et lycées. D’autre part, il ne faut pas oublier certaines catégories. Il faut savoir qu’il y a beaucoup d’AESH qui ont un salaire de 800 à 900 euros. Comment peut-on vivre avec cela ?


Continuer à lire sur le site France Info