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Ukraine : « Les forces russes sont en position extrêmement délicate », analyse le général Jérôme Pellistrandi

« Les forces russes sont en position extrêmement délicate », analyse mardi 4 octobre sur franceinfo le général Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la revue Défense Nationale, alors que le président ukrainien Volodymyr Zelensky a revendiqué dans la soirée des avancées « puissantes » de son armée dans le sud de l’Ukraine, évoquant des « dizaines » de localités reprises. Selon Jérôme Pellistrandi, l’évolution de la situation témoigne de l’efficacité logistique de l’armée ukrainienne, ainsi que de son agilité, notamment en termes de renseignement. Même si la Russie possède encore les moyens de répondre.

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franceinfo : Faut-il parler d’un début de débâcle pour l’armée russe ?

Jérôme Pellistrandi : C’est encore un peu fort comme terme mais il faut reconnaître que depuis plusieurs semaines, les forces russes sont en position extrêmement délicate. Elles sont en situation défensive et ne semblent plus en mesure de reprendre l’initiative face à des forces ukrainiennes qui sont très motivées et qui accumulent les succès tactiques, que ce soit au nord, dans la région de Kharkiv ou avec la reprise de la ville de Lyman, comme au sud. La dynamique est du côté ukrainien.

Qu’est-ce qui peut expliquer ces revers de l’armée russe, qui est pourtant implantée notamment dans la région de Kherson depuis longtemps ?

La guerre est beaucoup plus longue que ce qui était prévu et planifié. On voit bien que les autorités militaires russes ont du mal à s’engager dans ces conflits de longue durée. L’autre question, c’est : quel est le moral des troupes russes ? Elles subissent depuis des semaines les assauts des forces ukrainiennes qui, elles, sont très motivées. Une fois passé le choc de l’invasion de l’Ukraine le 24 février dernier, et la phase défensive qui a suivi, on a pu constater que le commandement ukrainien était devenu beaucoup plus agile. Bien sûr, cela n’est rendu possible que parce qu’il y a l’aide américaine et occidentale, que ce soit pour le renseignement ou la logistique. La boucle du renseignement est très courte : très peu de temps sépare le moment où une information est recueillie sur le terrain et celui où elle va être traitée par les postes de commandement. Sur le plan tactique, l’armée ukrainienne est capable d’être extrêmement mobiles et d’infliger des pertes très sévères aux soldats russes. On assiste d’un côté à l’effondrement d’un système russe, qui était encore sur le modèle soviétique, et de l’autre côté, à l’émergence d’un système agile qui s’inspire des modèles occidentaux et en partie américain.

Est-ce que l’armée russe a les moyens de répondre ?

Certes, elle a perdu de très nombreux chars et véhicules de combat. Mais elle dispose encore de réserves importantes. Et puis, la Russie s’inscrit dans un temps long en envisageant peut être d’ores et déjà que la guerre va se poursuivre au-delà de l’hiver. Elle a cette profondeur stratégique que n’a pas l’Ukraine. On peut faire un parallèle historique avec ce qu’il s’est passé durant la Seconde Guerre mondiale.

« Dans les premiers mois, lorsque la Wehrmacht de l’Allemagne nazie a envahi l’Union soviétique, ça a été la débandade. Mais au bout de plusieurs mois, il y a eu un vrai sursaut sous Staline. »

Le général Jérôme Pellistrandi

à franceinfo

Donc il faut être prudent de ce qui va se passer dans les semaines et mois à venir.


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