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Prix Nobel de la paix : « Memorial et Viasna font un travail nécessaire pour préparer l’avenir », salue un journaliste exilé en France

« Les organisations comme Memorial et Viasna font un travail nécessaire pour préparer l’avenir », a salué vendredi 7 octobre sur franceinfo Andreï Vaïtovich, journaliste franco-biélorusse exilé en France. Le prix Nobel de la paix 2022 a été attribué conjointement au militant des droits de l’homme biélorusse Ales Bialiatski, président fondateur du Centre de défense des droits de l’Homme Viasna (Printemps), et aux ONG de défense des droits humains russes Memorial et ukrainienne Centre pour les libertés civiles. « Plusieurs membres clés de l’organisation Viasna sont aujourd’hui en prison, mais néanmoins on a toujours des activistes sur place », a expliqué le journaliste.

franceinfo : Quel rôle joue dans la lutte des droits humains en Biélorussie l’organisation Viasna fondée en 1996 par Ales Bialiatski ?

Andreï Vaïtovich : Elle documente des crimes du régime de Loukachenko, pas seulement les crimes politiques. On a vu en 2020 après l’élection frauduleuse des cas de tortures. J’ai rencontré ces gens qui sont passés par là-bas pour documenter, pour témoigner, pour que l’organisation puisse avoir des preuves. Viasna a fait plusieurs campagnes contre la peine de mort. La Biélorussie est le dernier pays en Europe qui continue à appliquer la peine de mort. Bialiatski, c’est un visage. Depuis deux ans, on a vu plusieurs visages. Plusieurs défenseurs de l’organisation disent qu’il faut rappeler aussi que plusieurs dizaines de gens de Viasna sont toujours en prison. Le travail de cette organisation n’a pas arrêté depuis 1996.

Ce prix peut-il être une forme de protection ?

Non, aujourd’hui, il n’y a pas de protection. L’organisation a été liquidée par les autorités biélorusses en 2003.

« Aujourd’hui, chaque Biélorusse risque sa vie dès qu’il manifeste publiquement. Donc on parle de résistance clandestine. » 

Andreï Vaïtovich, journaliste franco-biélorusse exilé en France

à franceinfo

Aujourd’hui, on a 1 348 prisonniers politiques. Plusieurs membres clés de l’organisation Viasna sont aujourd’hui en prison, mais néanmoins on a toujours des activistes sur place. Tout le monde ne part pas, ne quitte pas le pays. Tout le monde ne se retrouve pas en exil. On continue à travailler, à documenter les crimes mêmes avec des risques au quotidien et les risques sont énormes. Le comité Nobel demande la libération immédiate d’Ales Bialiatski, mais je ne pense pas que ça change quelque chose. Malheureusement, la répression ne s’arrête pas et le soutien du régime de Loukachenko depuis la Russie, depuis le Kremlin ne faiblit pas.

Est-il possible d’envisager un après-Poutine et un après-Loukachenko ?

Il faut préparer l’après-Poutine, l’après-Loukachenko. Les journalistes indépendants, les militants des droits humains qui sont en exil le font déjà. Ils le font tous les jours. Aujourd’hui, Svetlana Tikhanovskaïa, cheffe de l’opposition biélorusse, est en visite à Paris. Elle passe ce message transmis par le peuple biélorusse qui l’a choisie il y a deux ans. Il faut préparer cet avenir. Bien sûr, on regarde tous vers l’Ukraine et on soutient les journalistes et les défenseurs des droits humains en exil et même les gens à l’intérieur du pays. On fait la différence entre la société civile et le régime. C’est pareil du côté de la Russie, où la résistance n’est pas aussi forte qu’on le souhaiterait, mais elle existe. Les organisations comme Memorial et Viasna font un travail remarquable, nécessaire pour qu’on prépare l’avenir.


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