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Violences sexuelles dans l’enseignement supérieur : un nouveau budget nécessaire mais « pas suffisant »

La ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau, annonce un doublement du budget alloué à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur, dans une interview diffusée samedi sur le site du Parisien. Ce budget devrait ainsi passer de 1,7 à 3,5 millions d’euros par an. Une enveloppe « pas suffisante », juge dimanche 9 octobre sur franceinfo Gaëlle Berton, secrétaire générale de l’Observatoire étudiant des violences sexistes et sexuelles. 

franceinfo : Sylvie Retailleau double l’enveloppe allouée à ce plan de lutte, est-ce suffisant ?

Gaëlle Berton : On félicite l’amélioration et l’augmentation du budget, mais l’enveloppe n’est toujours pas suffisante. On rappelle qu’une étudiante sur dix est victime ou témoin d’agression sexuelle au cours de ses études, et une étudiante sur vingt est victime ou témoin de viol. Nous, ce qu’on aimerait, c’est des personnels formés. Pour cela il faut une enveloppe conséquente qui permette d’ouvrir des postes au sein des universités et des écoles de l’enseignement supérieur.

Est-ce qu’il y a des cellules d’écoute partout ?

Des cellules ont été mises en place, par obligation, mais il y a encore des cellules fantômes. On se retrouve avec des adresses mails qui ne sont pas suivies, sans réponse donnée aux victimes, un personnel souvent mal formé et un mauvais accompagnement après coup des victimes. Beaucoup d’étudiantes et d’étudiants ont pu recevoir des propos culpabilisants et un accompagnement très pauvre en la matière. Par ailleurs, seulement 900 personnes de l’enseignement supérieur ont été formées au traitement et à l’accompagnement des violences sexistes et sexuelles, alors qu’il y a plusieurs millions de personnes au sein de l’enseignement supérieur. C’est largement insuffisant, il y a un besoin réel de formation.

La ministre se félicite que la parole se libère chez les jeunes, vous le constatez aussi ?

La parole se libère depuis plusieurs années. On constate surtout que c’est l’écoute qui n’est pas assez libérée. C’est sur cela qu’il faut absolument travailler. Il faut travailler sur la communication des dispositifs qui existent pour que les étudiants et étudiantes puissent faire des signalements. Ensuite, il faut un réel suivi. Cela n’est pas à la portée de tous les établissements. Tout le monde ne peut pas proposer des suivis psychologiques, juridiques. C’est une vraie problématique.

Que demandez-vous au gouvernement ?

Il faut un budget plus conséquent pour donner les moyens aux cellules de fonctionner correctement et la formation obligatoire des personnes en contact avec les victimes, le personnel éducatif et les responsables associatifs. On demande aussi la mise en place de notes d’information plus claires sur les procédures qui vont avoir lieu. Ce n’est pas encore fait et les victimes se retrouvent sans savoir où aller, ni ce qu’il va se passer par la suite.


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