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Deux ans après l’assassinat de Samuel Paty, le point sur l’enquête

Les juges d’instruction antiterroristes ont terminé leurs investigations sur l’assassinat de Samuel Paty le 6 octobre dernier, confirme vendredi 14 octobre  franceinfo de source judiciaire. Le parquet national antiterroriste (PNAT) a donc jusqu’au 6 novembre pour rendre son réquisitoire définitif.

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Dans ce dossier, 14 personnes sont mises en examen, dont 10 pour « complicité d’assassinat terroriste », trois pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle » et une pour « dénonciation calomnieuse », a appris franceinfo de source judiciaire. Six d’entre eux sont en détention provisoire.

Parmi les personnes poursuivies pour « complicité d’assassinat terroriste », figurent notamment Brahim Chnina, le père de la collégienne qui avait menti en disant que l’enseignant avait demandé aux élèves musulmans de sortir de classe avant de montrer des caricatures de Mahomet publiées par Charlie Hebdo, et le sulfureux militant islamiste Abdelhakim Sefrioui. Tous les deux avaient enregistré et diffusé sur les réseaux sociaux des vidéos visant le professeur, alimentant la polémique et la portant à la connaissance du terroriste – qui a assassiné Samuel Paty – selon la justice. Ils sont en détention provisoire.

Le profil de Priscilla M., également mise en examen pour « complicité d’assassinat terroriste », a particulièrement intéressé les juges d’instruction. Selon une source proche du dossier, cette trentenaire convertie à l’islam a joué un rôle déterminant, « un investissement de haut niveau », dans le passage à l’acte du terroriste. Elle est libre, sous contrôle judiciaire.

Cinq collégiens mineurs font aussi partie de ces 10 personnes mises en examen pour « complicité d’assassinat terroriste », confirme une source judiciaire à franceinfo. Soupçonnés d’avoir indiqué au terroriste qui était Samuel Paty, ils ne sont pas en détention provisoire, comme aucun des mineurs poursuivis.

Une autre collégienne mineure, la fille de Brahim Chnina qui a menti en prétendant avoir assisté au cours et qui était visée par une exclusion pour indiscipline est de son côté mise en examen pour « dénonciation calomnieuse ».

Si le parquet national antiterroriste souhaite renvoyer autant de mineurs en procès, il doit encore se demander sous quelle forme se fera ce dernier, avec ou non un huis clos, rappelle à franceinfo une source proche du dossier.

Une des avocats d’Abdelhakim Sefrioui, Elise Arfi, confirme par ailleurs à franceinfo avoir déposé le 28 septembre dernier une demande de mandat d’arrêt contre Faruq Shami, un contact tadjik du terroriste qu’ils considèrent comme le commanditaire de l’assassinat de Samuel Paty. Faruq Shami est désigné comme celui qui a reçu en premier la vidéo du terroriste revendiquant son geste mais, selon une source proche du dossier, il est très compliqué de le désigner comme le commanditaire. Selon nos informations, le parquet national antiterroriste n’a d’ailleurs pas encore décidé s’il allait répondre favorablement à la demande des avocats d’Abdelhakim Sefrioui.

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Le 16 octobre 2020, le professeur d’histoire-géographie Samuel Paty, âgé de 47 ans, avait été poignardé puis décapité près de son collège à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), par Abdoullakh Anzorov, réfugié russe d’origine tchétchène, tué peu après par la police. L’homme de 18 ans, radicalisé, lui reprochait d’avoir montré en classe des caricatures de Mahomet. Dans un message audio en russe, il avait revendiqué son geste en se félicitant d’avoir « vengé le prophète ».


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