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Taïwan, crise climatique, Covid-19… Ce qu’il faut retenir du discours du président chinois, Xi Jinping, en ouverture du congrès du Parti communiste chinois

Pendant plus d’une heure et demie, Xi Jinping a dressé le bilan des cinq années écoulées et livré sa feuille de route pour les cinq prochaines. Le président chinois s’est exprimé en ouverture du 20e congrès du Parti communiste, à Pékin, dimanche 16 octobre. Un discours largement consacré aux sujets de politique intérieure, prononcé devant quelque 2 300 délégués du parti, rassemblés dans l’immense Palais du peuple. Ces derniers devraient lui confier dans une semaine un troisième mandat historique à la tête du pays. Voici ce qu’il faut retenir de cette intervention. 

La Chine n’écartera jamais « le recours à la force » sur Taïwan 

Xi Jinping ne compte pas céder sur Taïwan. Le président chinois a martelé sa volonté de réunifier l’île, qu’il considère comme faisant partie intégrante du territoire chinois. « La réunification de la patrie doit être réalisée et sera réalisée », a-t-il déclaré, condamnant tout « séparatisme et ingérence » étrangère sur cette question. « La résolution de la question de Taïwan est l’affaire du peuple chinois lui-même et [elle] doit être résolue par le peuple chinois seul », a poursuivi Xi Jinping. 

En septembre, le président américain Joe Biden avait assuré que les Etats-Unis défendraient l’île convoitée par Pékin « si une attaque sans précédent venait à se produire ». Après quoi, la Chine avait dénoncé une « grave violation » des promesses diplomatiques de Washington

« Nous œuvrerons avec la plus grande sincérité et les plus grands efforts pour une réunification pacifique [de Taïwan], mais nous ne renoncerons jamais au recours à la force et nous nous réservons la possibilité de prendre toutes les mesures nécessaires », a menacé Xi Jinping dans son discours, sans mentionner toutefois ni les tensions entre la Chine et les Etats-Unis. 

Il s’est engagé à « promouvoir activement » la lutte contre le réchauffement climatique

C’est justement en raison des tensions avec les Etats-Unis sur la question de Taïwan que Pékin avait annoncé la suspension au 1er septembre de sa coopération avec les Etats-Unis sur le réchauffement climatique, nouée dans les couloirs de la COP26, à Glasgow. Dimanche, Xi Jinping a toutefois évoqué brièvement la crise climatique, assurant que son pays allait « promouvoir activement » la lutte contre le réchauffement de la planète.

La Chine est un des plus gros pollueurs du monde et le premier émetteur de gaz à effet de serre. En mars 2021, le pays a publié le détail de sa politique de réduction de la part des énergies carbonées dans son mix énergétique, promettant de faire grimper la part des énergies renouvelables à 25% en 2025. Selon un rapport du think tank Carbon Tracker (lien en anglais), publié en amont de la Conférence pour le climat, ce taux était passé de 7% à 15% entre 2009 et 2019.

« Nous participerons activement à la gouvernance mondiale sur le changement climatique », a encore dit Xi Jinping, tout en s’engageant à « renforcer l’utilisation propre et efficace du charbon ». Le pays, qui ambitionne d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2060, est très dépendant de cette énergie fossile pour alimenter ses centrales électriques.

Il a défendu sa politique « zéro Covid »

XI Jinping a évoqué la politique « zéro Covid » mise en place par le pays et traduite pas le renforcement du contrôle social sur les citoyens, dont tous les déplacements sont désormais enregistrés informatiquement. La Chine a « protégé au plus haut point la sécurité et la santé du peuple et a atteint des résultats positifs significatifs en coordonnant la prévention et le contrôle de l’épidémie avec le développement économique et social », a-t-il estimé.

Ces mesures de surveillance stricte, couplées à la quasi-fermeture du pays et aux confinements à répétition, ont mis un coup d’arrêt à la croissance économique et suscité un mécontentement populaire. A tel point qu’en dépit des mesures de sécurité renforcées dans la capitale à l’occasion du congrès, un homme a accroché à un pont de Pékin deux banderoles hostiles au dirigeant chinois et au « zéro Covid ». L’une appelait les citoyens à se mettre en grève et à chasser « le traître dictateur Xi Jinping ».

Il s’est félicité de sa campagne anticorruption

Dans son discours, Xi Jinping a également défendu sa redoutable campagne anticorruption, en réponse aux critiques qui l’accusent de l’avoir utilisée pour faire tomber ses rivaux et consolider son pouvoir.

« La lutte contre la corruption a remporté une victoire écrasante et a été consolidée de manière exhaustive, éliminant les graves dangers latents au sein du parti, de l’Etat et de l’armée », s’est-il félicité. Selon des chiffres officiels, au moins 1,5 million de personnes ont été sanctionnées lors de cette campagne, entamée par Xi Jinping dès son arrivée au pouvoir en 2012 pour faire tomber les « tigres » (hauts dirigeants) et les « mouches » (petits fonctionnaires) avides de pots-de-vin. Mais pour ses critiques, cette campagne a aussi été pour le numéro un chinois un outil politique, destiné à faire tomber des rivaux.


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