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Avec « Justice en France », France 3 montre une audience de délits routiers : « Très vite, vous oubliez complètement que vous êtes filmés »

Un vrai procès à la télévision : pour la première fois, la chaine de télévision publique France 3 diffuse mercredi 19 octobre, en deuxième partie de soirée à 23h10, la première de « Justice en France », une plongée à l’audience pour des délits routiers de la Cour d’Appel d’Aix-en-Provence.

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L’émission mensuelle, au cœur d’un tribunal, est rendue possible par la loi « pour la Confiance dans la Justice » promulguée en avril dernier : avant, depuis 1954, il était interdit de filmer les audiences et seule une quinzaine l’ont été, pour les archives historiques. Cette nouvelle loi change la donne, dans un but pédagogique.

Au moment des débats sur ce texte porté par le garde des Sceaux, certains magistrats s’inquiétaient d’un bouleversement de leur travail. Pourtant, le juge Castoldi, quarante ans dans la magistrature dont douze comme juge, à Marseille puis à la Cour d’Appel d’Aix-en-Provence, plus de mille audiences au compteur, a accueilli sans hésiter ces caméras, discrètes et pilotées à distance.

« Franchement, je pense que ça s’est passé comme ça se passe d’habitude, explique le magistrat. Très vite, vous oubliez complètement que vous êtes filmés, et que chacun de vos gestes, comme mordiller vos lunettes, pourront éventuellement être considérés comme significatif. » « Le risque, évidemment, c’est de laisser une image qui peut être inexacte, voire injuste, note-t-il. On n’est pas maquillés, on ne va pas chez le coiffeur avant et si je m’aperçois que je ne me tiens pas droit dans ma vie quotidienne, peut-être que je ferai un effort mais ce qui est important, c’est l’image que ça pourra donner du métier et de l’institution. »

C’est bien l’institution et son fonctionnement qui sont montrés, pas les personnes jugées. Comme le veut la loi, leurs visages sont floutés, les voix modifiées, les noms couverts par des « bips ». Fabrice Castoldi incite maintenant ses collègues magistrats à se laisser filmer, « se laisser juger en quelque sorte », pour partager la réalité de leur métier.

« Nous sommes les premiers à prendre ce risque, avec mes collègues, en ne maîtrisant rien, ni les affaires, ni le public, poursuit Fabrice Castoldi, et si nous avons accepté de participer dans ces conditions, c’est pour essayer de montrer justement la justice, celle qui peut concerner tout le monde. »

« Une émission de ce genre permet d’un peu mieux comprendre qu’on n’est pas dans le sensationnel, que les magistrats savent de quoi ils parlent, qu’ils préparent les dossiers avant, qu’ils réfléchissent ensuite aux décisions qu’ils vont rendre et qu’ils les motivent. »

Fabrice Castoldi

à franceinfo

« Il y a des appels, des pourvois en cassation, c’est évidemment un système qui est très imparfait, souligne le juge. Mais c’est un système quand même qui est bien régulé et filmer une audience, ça permet de se faire une idée. » Dans cette optique de transparence et de pédagogie, l’émission de France 3 se penche sur des procès peu médiatiques. Après les délits rouliers à Aix-en-Provence, elle nous mènera notamment à des audiences de surendettement et chez le juge aux affaires familiales.

Avec « Justice en France », France 3 montre une audience de délits routiers – le reportage de Lauriane Delanoë

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