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Urgences pédiatriques saturées : « Le gouvernement est responsable des drames qui vont arriver », alerte la pédiatre Véronique Hentgen

« C’est le gouvernement qui est responsable des drames qui vont arriver », a alerté vendredi sur franceinfo Véronique Hentgen, pédiatre au centre hospitalier de Versailles-Le Chesnay, alors que 4 000 soignants en pédiatrie ont adressé une lettre ouverte à Emmanuel Macron, vendredi 21 octobre, pour dénoncer la saturation des services pédiatriques hospitaliers. La situation était « prévisible », souligne Véronique Hentgen. Selon elle, « c’est une mise en danger de ces enfants. On met en danger la société de demain. »

franceinfo : Que dénoncez-vous dans cette lettre ouverte ?

Véronique Hentgen : Nous sommes dans une situation qui était prévisible. La bronchiolite est une épidémie qui touche les bébés tous les hivers. Et nous savons depuis maintenant plusieurs mois, voire des années, que l’état de l’hôpital public est tel que nous allons avoir de plus en plus de mal à accueillir ces bébés. Et actuellement, c’est ce qui se passe. Nous ne sommes mêmes pas encore au pic de l’épidémie de bronchiolite habituelle et nous sommes déjà complètement sursaturés.

Quelle est la situation concernant la prise en charge de l’épidémie de bronchiolite ?

Le problème actuel, c’est qu’un certain nombre de lits de réanimation, notamment sur les grands services parisiens, sont fermés pour faute de personnel. Donc, ils ne peuvent plus accueillir les bébés qui en ont besoin. Ce n’est pas parce qu’on n’a pas de place que l’on va décider qu’ils n’ont pas besoin de réanimation. Donc les bébés qui ont besoin de réanimation ont besoin d’être transférés dans d’autres services hors Ile-de-France, ce qui est quand même une situation qui n’est vraiment pas raisonnable. Donc, c’est vraiment une mise en danger de ces enfants. On dénonce les drames qui vont arriver. Et honnêtement, nous considérons que c’est le gouvernement qui est responsable des drames qui vont arriver.

Que demandez-vous précisément au président de la République ? Est-ce qu’il y a une solution à mettre en œuvre rapidement ?

L’urgence, c’est vraiment une décision politique forte. On a besoin de ratio. Il faut assurer aux soignants qu’ils peuvent bien faire leur métier. Il faut que l’on assure aux soignants qu’ils n’ont pas besoin de prendre en charge plus qu’un certain nombre de malades. Donc c’est par exemple pour un couple infirmières-aides-soignantes, quatre à six enfants. Deuxième chose il faut que les salaires soient décents et que les rémunérations, surtout de la permanence des soins à l’hôpital public, soient à la hauteur.

Cela permettra de faire revenir toutes les personnes qui sont en train de partir parce qu’ils sont dégoûtés de leur métier. On était fiers de travailler à l’hôpital public. On l’est toujours. Mais c’est de plus en plus dur de garder cette fierté parce que les décisions politiques nous mettent dans une situation où l’on ne peut plus être fiers de notre métier. Il y a une urgence absolue à prendre des décisions politiques. Ne pas prendre de décision, c’est mettre en danger les enfants. Et les enfants ce sont les adultes demain. On met en danger la société de demain.


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