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Sant’Egidio, de l’aide aux exclus à la «diplomatie de l’ombre» du Vatican

Publié le : 23/10/2022 – 16:42

Le président français Emmanuel Macron est ce dimanche à Rome pour une rencontre internationale sur la paix organisée par Sant’Egidio, une communauté catholique fondée dans les années soixante et aujourd’hui reconnue pour son rôle de médiatrice dans les conflits.

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Elle est surnommée « la petite ONU du Trastevere », du nom du quartier de Rome où elle est installée. Fondée en 1968 par de jeunes étudiants catholiques imprégnés de militantisme social, Sant’Egidio est devenue au fil des ans une experte en négociations de paix et un des canaux de la « diplomatie de l’ombre » du Saint-Siège.

C’est en 1992 que la communauté fait irruption sur la scène internationale avec la signature d’un accord de paix au Mozambique qui met fin à 16 ans de guerre civile entre le pouvoir et la rébellion. Un accord obtenu à l’issue de deux ans de pourparlers, menés de façon informelle et discrète à Rome, sous son égide. Au cours des dix dernières années, les « diplomates » de Sant’Egidio ont multiplié les intermédiaires pour offrir des possibilités de dialogue à des pays en difficulté. Ils ont œuvré en Guinée, au Niger, en Centrafrique, au Tchad, ou encore au Soudan du Sud.

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Cantonnée à quelques dizaines de personnes, la diplomatie de Sant’Egidio peut surtout s’appuyer sur la présence de ses communautés locales dans 73 pays, assortie d’un puissant réseau. Du Burundi à l’Algérie en passant par le Guatemala ou le Kosovo, de nombreuses délégations ont défilé dans le vieux couvent du Trastevere, où la communauté s’est installée en 1973, tandis que des délégations voyagent régulièrement aux quatre coins du monde, dans une grande discrétion.

Aide aux exclus

Mais la diplomatie parallèle n’est pas sa mission première. Née dans la foulée du concile Vatican II, Sant’Egidio apporte son aide aux pauvres et aux exclus, tout en œuvrant pour le dialogue œcuménique et interreligieux. Elle s’investit dans des champs variés – auprès des sans-abri, des handicapés, des détenus, des enfants des rues… – avec toujours le même but : « travailler pour la paix », une action reconnue en 1986 par le Vatican.

Elle le fait d’abord à Rome où elle sert des repas aux pauvres, travaille à l’intégration des migrants ou des marginaux. Mais aussi en Afrique, en Amérique latine, en Asie, où elle dirige des programmes d’assistance, et où ses contacts sur le terrain lui permettent de jouer son rôle de médiateur. Très impliquée dans l’accueil des réfugiés, elle organise depuis 2015 des « couloirs humanitaires » acheminant des réfugiés depuis la Syrie, la Corne de l’Afrique et la Grèce. Cette initiative lui a valu d’être récompensée en 2019 d’un prix du Haut-Commissariat pour les réfugiés de l’ONU (UNHCR).

Ses rencontres internationales pour la paix, nées à Assise en 1986, rassemblent depuis chaque année les leaders des principales religions, mais aussi des responsables politiques. Après Angela Merkel l’an passé, c’est donc Emmanuel Macron qui a été invité cette année pour s’exprimer à l’ouverture de l’événement. Il sera notamment aux côtés du président italien Sergio Mattarella. Le sommet sera clôturé mardi par le pape François lors d’une cérémonie au Colisée.

(Avec AFP)


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