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Exploitation du lithium en France : quatre questions sur le projet de mine dans le Massif central

C’est un métal nécessaire pour mener à bien la transition énergétique. Imerys, une entreprise française de minéraux industriels, a annoncé, lundi 24 octobre, la mise en exploitation minière d’un gisement de lithium, une première dans le pays. Cette matière, qui permet notamment de fabriquer des batteries pour stocker l’électricité, doit être extraite d’une mine existante sur le site de Beauvoir, dans l’Allier. Franceinfo répond à quatre questions sur projet baptisé « Emili » et qui doit voir le jour d’ici 2027. 

1A quoi va servir le lithium ?

Le lithium est un métal indispensable à la production de batteries. Avec l’essor des voitures électriques et des projets de stockage d’énergie, la demande est donc en très forte hausse ces dernières années. L’exploitation de la mine de Beauvoir (Allier) doit notamment permettre à l’Europe de se défaire de sa dépendance quasiment totale à la Chine. En bout de chaîne, elle permettra de fabriquer des batteries lithium-ion pour alimenter les voitures électriques, censées être les seuls véhicules neufs à pouvoir être vendus dans l’Union européenne à partir de 2035.

Le projet Emili doit permettre de produire suffisamment de lithium pour équiper 700 000 voitures électriques par an d’ici 2028, une fois que le site sera « pleinement opérationnel », précise le groupe français Imerys. 

2Comment sera-t-il produit ? 

Ce sont des « procédés en souterrain », qui permettront de récupérer le lithium sur le site de Beauvoir, explique Le Monde. Pour l’heure, la mine à ciel ouvert produit du kaolin pour les industries de la porcelaine et de la céramique. Les opérations d’extraction du lithium doivent se faire sur une profondeur de 75 à 350 mètres, dans une « zone granitique reconnue pour sa richesse en minéraux rares », détaille le quotidien. 

La matière extraite devra ensuite être raffinée. Pour cela, des canalisations souterraines permettront de la transporter jusqu’à la gare la plus proche puis vers une unité de raffinement « située dans la région », assure l’entreprise Imerys, qui insiste sur le caractère local du projet. 

3Quelles seront les conséquences environnementales ? 

Selon les porteurs de projet, les procédés souterrains prévus pour l’exploitation du lithium dans l’Allier visent à limiter les conséquences environnementales. Et notamment les émissions de CO2, « avec des émissions inférieures de moitié à celles de toutes les autres exploitations de lithium en roches existantes aujourd’hui dans le monde », affirme Alessandro Dazza, directeur général d’Imerys, auprès du Monde« Nous avons décidé de faire une mine complètement souterraine, de broyer et de concasser les roches en sous-sol pour éviter le bruit et la poussière », détaille également Alessandro Dazza auprès du Parisien.

Des arguments qui peinent à convaincre le vice-président de France nature environnement (FNE), qui a réagi à cette annonce auprès de l’AFP en dénonçant notamment l’absence de consultations publiques avant le lancement de ce projet « Est-ce qu’on est vraiment prêts à sacrifier une partie de l’eau et de l’écosystème du Massif central pour faire des voitures électriques à 40 000 euros que très peu de gens pourront se payer ? » Antoine Gatet ajoute : « Il faut arrêter avec le mythe de la mine propre ! Tout ça c’est de la communication et du flan. On ne sait pas extraire de la matière du sous-sol de façon propre, car une mine ça implique toujours à côté une grosse usine chimique de transformation, ce qui entraîne une exploitation, et à terme une pollution, de l’eau et des quantités importantes de déchets qu’on ne sait pas gérer ».

4Quelles sont les perspectives économiques ? 

L’exploitation de lithium d’Imerys, qui va coûter environ 1 milliard d’euros, ne devrait pas débuter avant 2027, le temps de faire des expérimentations et des évaluations. Mais ce projet pourrait générer un millier d’emplois directs et indirects dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, sur deux sites distincts : la mine d’extraction souterraine du mica contenant le lithium et une usine de purification des minéraux et de transformation en hydroxyde de lithium, à moins de 100 kilomètres de la mine. Avec une production d’environ 34 000 tonnes d’hydroxyde de lithium par an pendant 25 ans, cette exploitation deviendrait la deuxième plus importante en Europe après celle de Vulcan en Allemagne.

Dans le communiqué du groupe Imerys, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, apporte son soutien au projet, qui « réduira drastiquement nos besoins d’importation de lithium ». Pour l’heure, la France importe 100% de ce métal.


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