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CARTE. Où se trouvent les principales ZAD en France ?

Alors que les manifestations contre l’installation de méga-bassines se poursuivent malgré l’interdiction à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, certains craignent l’implantation d’une nouvelle ZAD, une zone à défendre. « Plus d’un millier de gendarmes resteront le temps que nous nous assurions qu’aucune ZAD ne se construise », a annoncé le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, dimanche 30 octobre, affirmant agir « à la demande du président de la République ».

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Ces fameuses zones à défendre (détournement des zones d’aménagement différé, des territoires préemptés par les collectivités locales pour un projet de développement important) ont été mises sur le devant de la scène par le long combat de Notre-Dame-des-Landes. Les militants s’opposaient à l’époque au projet d’aéroport qui devait être construit en périphérie de Nantes. Depuis, de nombreuses ZAD ont été installées puis démantelées au fil des années. Aujourd’hui, d’après nos informations, cinq ZAD sont actives sur le territoire.

 

« Une ZAD, c’est un mouvement d’occupation hybride, avec différentes sensibilités politiques » allant des anarchistes aux décroissants, détaille Sylvaine Bulle, chercheuse à l’université de Paris au sein du laboratoire Anthropologie du politique (CNRS-EHESS). « Ce mouvement se déroule en deux temps : une phase d’action directe, coup de poing » avec l’occupation d’un territoire, et « un second temps de transformation sociale », explique-t-elle. Le modèle, c’est évidemment Notre-Dame-des-Landes, à laquelle Sylvaine Bulle a consacré un ouvrage, Irréductibles. Enquête sur des milieux de vie. De Bure à Notre-Dame-des-Landes.

La ZAD de la banlieue nantaise « est la référence sur tous les points » car « elle a été une forme d’occupation extrêmement durable », assure-t-elle. D’autres ZAD se sont développées depuis dix ans : à Sivens où Rémi Fraisse avait été tué, à Besançon avec la ZAD des Vaîtes, à Bure, que la chercheuse qualifie de « ZAD dormante » puisqu’officiellement évacuée mais toujours active parmi les opposants au projet d’enfouissement des déchets radioactifs.

« Une ZAD ne se préoccupe pas de la démocratie ou de l’opinion publique. Elle ne cherche pas à rallier les partis politiques ou les ONG réformistes. »

Sylvaine Bulle

à franceinfo

Il y a cependant un « gouffre temporel » entre Notre-Dame-des-Landes et les ZAD aujourd’hui actives, comme celle qui s’est installée à La Clusaz contre la création d’un bassin de rétention d’eau pour les canons à neige. Les dernières ZAD, « celles des Gonesses [aujourd’hui évacuée], de Saclay, sont des mouvements majoritairement fonciers, il n’y a pas vraiment de vie sur place », décrit Sylvaine Bulle, qui y voit des « ZAD furtives ». Des différences aussi du côté de la sociologie des militants : les alternatifs, les écologistes radicaux semblent avoir remplacé les anarchistes, en copiant leur mode d’action.

Dans ce mouvement, la contestation des bassines apparaît comme une exception. « Ce sont les mêmes occupants, les mêmes activistes, les mêmes cortèges et les mêmes techniques opérationnelles qu’au début de Notre-Dame-des-Landes », selon la spécialiste. La réponse policière très forte annoncée par le ministre de l’Intérieur ne l’étonne donc pas. « Une ZAD, c’est avant tout un mouvement politique pour destituer l’ordre institué, qu’il soit économique, judiciaire, politique, c’est une force de destitution plus ou moins symbolique », analyse-t-elle. Donc le gouvernement veut garder la main : « Gérald Darmanin parle de terreur, il cherche à séparer ça de l’écologie en employant des mots forts. » 


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