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1,9 milliard de dollars à gagner : ces chiffres délirants de la loterie record aux États-Unis

La France a son Loto, l’Europe son EuroMillions, les Etats-Unis ont leur Powerball. Au tirage de ce lundi, 1,9 milliard de dollars. Tout simplement le plus gros jackpot au monde.

C’est un record mondial : 1,9 milliard mis en jeu au Powerball, la loterie américaine, lundi 7 novembre. Si on atteint cette somme astronomique, c’est parce que depuis 40 tirages d’affilée, personne ne touche le gros lot : chaque fois, le gain est remis en jeu, avec effet boule de neige. Le Powerball, c’est exactement comme notre Loto : vous achetez un ticket (deux dollars), vous cochez cinq numéros (sur 69) et un numéro complémentaire (sur 26). Le jour du tirage, les boules tournent dans de grandes sphères transparentes et si vous avez tout bon, vous empochez la mise. Tout est dans le « si ». La probabilité de gagner : une chance sur 292 millions.

Cela ne veut pas dire pour autant qu’il n’y a pas eu de gagnants. Samedi 5 novembre, lors du dernier tirage, 17 joueurs avaient trouvé cinq numéros sur six, ce qui leur a quand même rapporté un million de dollar chacun (l’un d’eux ayant payé un dollar de plus pour l’option « Power Play », il a même pu doubler son gain à deux millions de dollars). Mais il faut remonter à janvier 2016 pour trouver le précédent record, un jackpot Powerball de 1,586 milliard de dollars : le prix a été partagé entre trois gagnants en Californie, en Floride et au Tennessee.

Le jackpot s’élève donc aujourd’hui à 1,9 milliard de dollars – plus de 29 000 années de revenus pour un ménage américain moyen : une somme astronomique qui rend les joueurs frénétiques. Dans les comtés de Franklin et d’Oneida, en Idaho, les ventes de billets ont augmenté de 597% cette semaine par rapport à « une semaine plus traditionnelle il y a un mois« , lorsque le jackpot était d’environ 354 millions de dollars, a déclaré David Workman, porte-parole de la loterie de l’Idaho au New York Times. Certains joueurs n’hésitent pas à dépenser plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de dollars pour augmenter leurs chances.

À tel point que même le patron du Powerball, Drew Svitko, s’est senti obligé d’appeler tout le monde à la modération : rappelez-vous, dit-il « c’est censé être un divertissement peu coûteux » alors « s’il vous plaît, jouez dans vos limites. Après tout, il suffit d’un seul billet pour gagner« .

Plus le gain augmente, plus les critiques se multiplient. Le Powerball est né il y a trente ans, en 1992, et régulièrement, ses règles sont modifiées avec un seul objectif : réduire les probabilités de gain pour mécaniquement augmenter le montant des jackpots. Car c’est statistique, aux États-Unis comme ailleurs plus le gain est énorme, plus il y a de joueurs, qui ont donc de moins en moins de chances de gagner. Mais surtout, ce sont les plus modestes qui jouent. Le directeur d’une organisation qui milite pour l’interdiction des jeux d’argent, Stop Predatory Gambling, explique au Time que les bureaux de tabac et les épiceries habilités à vendre les tickets sont bien plus nombreux dans les quartiers à faibles revenus, où se concentrent les communautés noires et latino. Ce qui n’est pas la melleure façon d’agir sur l’inégalité des richesses alors que l’inflation à plus de 8% pénalise déjà une grande partie de la population.

Powerball se défend : la moitié des recettes générées par les ventes de billets servent à alimenter la cagnotte, 9% sont affectés aux frais de fonctionnement et 6% aux commissions des détaillants. Mais 35% de ces recettes sont reversées aux États qui s’en servent pour financer leurs services publics, à leur choix. La Pennsylvanie investit dans des programmes pour personnes âgées ; le Wisconsin réduit ses impôts fonciers. Et la plupart se servent de l’argent de la loterie pour financer l’école publique. Avec un effet pervers : en Caroline du Nord, par exemple, le projet de loi initial de l’État visant à établir la loterie stipulait que « les revenus nets de la loterie doivent compléter et non pas remplacer le montant total des fonds alloués à ces fins publiques« . Selon CNN, cette spécification a depuis été retirée de la loi.

En tant que Français, vous pouvez jouer, à une condition : être physiquement sur le territoire américain. Seuls cinq États (l’Alabama, l’Alaska, Hawaï, le Nevada et l’Utah) ne commercialisent pas de billets. Il est également possible de tenter sa chance depuis les îles Vierges américaines et depuis Porto Rico.

Le ou les heureux élus (s’ils sont plusieurs à avoir choisi la combinaison gagnante, ils partageront les gains) devront choisir entre recevoir l’intégralité de la somme via 30 versements différents sur… 30 ans ; ils peuvent aussi choisir d’être payés tout de suite, en une seule fois. Ce qui fait un peu baisser le prix, à 929,1 millions de dollars. Dans un cas comme dans l’autre, la somme est soumise aux taxes fédérales auxquelles s’ajoutent des taxes locales. En tant qu’étranger, si vous gagnez, le fisc vous imposera à 44,6%, pas à 39,6% comme pour un résident américain. Le tirage est à 5h mardi 8 novembre, heure de Paris.


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