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Guerre en Ukraine : la Russie ne voit officiellement « aucun changement » après son retrait de Kherson

Alors que l’armée ukrainienne est entrée dans Kherson, les troupes russes se sont repliées sur l’autre rive du Dniepr. Le porte-parole du Kremlin assure que la région, annexée en septembre, fait toujours du territoire de la Fédération de Russie.

Depuis ce vendredi 11 novembre, le drapeau ukrainien flotte de nouveau sur Kherson. Il n’aura donc fallu que 48 heures après l’annonce du retrait des troupes russes pour que la seule capitale régionale conquise par l’armée russe en Ukraine ne redevienne ukrainienne. Les premiers éléments de l’armée ukrainienne ont fait leur entrée en ville accueillis par des habitants en liesse. A Moscou, on ne dit pas grand-chose de ce qui ressemble maintenant clairement à une défaite militaire.

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C’est plutôt profil bas : le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, a été interrogé sur ce retrait et il a dit qu’il n’avait rien à dire, en renvoyant toutes les questions au ministère de la Défense, expliquant que cela relevait de la tactique militaire. Donc pas de son domaine : circulez… Le Kremlin continue d’affirmer que le statut de Kherson à son sens ne change pas. Il s’agit toujours du territoire de la Fédération de Russie, parce que c’est inscrit dans la loi. « Il ne peut y avoir aucun changement », a affirmé Dmitri Peskov. Il faut donc considérer que du point de vue du Kremlin, une partie de la Russie est occupée. Ce qui était déjà le cas puisqu’une partie des territoires annexés dans la région de Donetsk et de Melitopol étaient déjà sous contrôle ukrainien au moment-même de l’annexion et des « référendums » organisés par les autorités séparatistes pro-russes.

L’information du jour à Moscou, c’est donc plutôt que l’armée russe semble faire ce qu’elle a dit, c’est-à-dire qu’elle s’est retirée. 30 000 soldats ont été évacués vers la rive droite du Dniepr, affirme le ministère russe de la Défense qui affirme également que pas une pièce d’armement, pas un équipement n’ont été abandonnés. Une allusion sans doute à ce qui s’était passé en septembre dans la région de Kharkiv (nord-est) où, sous la poussée ukrainienne, l’armée russe avant laissé derrière elle des tonnes de matériel. Là, apparemment, le retrait s’est effectué en ordre. Mais ces informations sont très difficiles à confirmer de manière certaine.

Les Russes sont donc sur la rive gauche, les Ukrainiens sur la rive droite. C’est un face à face qui commence maintenant. Et ce alors que le pont Antonivka, l’énorme pont autoroutier qui enjambe le Dniepr, a été détruit. Il est coupé, effondré sur plusieurs dizaines de mètres, probablement par l’armée russe qui l’a miné après son départ. Les Ukrainiens avaient tenté de le détruire en le bombardant, sans succès jusque-là, pour couper les lignes d’approvisionnement russe. Il semble que le pont ferroviaire ait également été détruit.

Dans le centre-ville de Kherson, des vidéos remontent d’une foule en liesse qui accueille les soldats ukrainiens. Les Russes affirmaient que 115 000 personnes avaient été évacuées vers le sud. L’impression que cela donne, c’est que beaucoup d’habitants avaient refusé ou réussi à échapper à cette évacuation, qualifiée de déportation par les autorités de Kiev.

Maintenant, la ville de Kherson reste potentiellement sous le feu de l’artillerie russe, mais la réciproque est également vraie, et surtout on attend de voir ce qui va se passer dans le secteur du barrage de Kakhovka, à une cinquantaine de kilomètres à l’est de Kherson. Ce barrage et sa retenue sont essentiels pour l’approvisionnement en eau et en électricité de la Crimée. Et si les Ukrainiens reprennent les installations, ce sera un autre problème pour la Russie.


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