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Album posthume : deux ans après sa disparition, Anne Sylvestre nous embarque dans le plus beau des manèges

Anne Sylvestre nous quittait il y a deux ans, le 30 novembre 2020. Au terme d’une carrière riche et dense à la longévité forçant le respect, la chanteuse avait entamé en 2019 un tour de chant intitulé Manèges. Soixante deux ans qu’elle se produisait sur scène. Ces derniers concerts avaient été l’occasion pour le public de découvrir des nouvelles chansons, comme Texto, Maman la chanteuse et la chanson-titre Manèges. Un disque du même nom sort le 25 novembre, avec outre ces trois titres, deux autres enregistrés en studio, Cœur battant et Avec toi le déluge, ainsi que deux instrumentaux interprétés lors d’un double concert hommage à la Cigale, à Paris, le 30 novembre et le 1er décembre 2021. Sept morceaux à titre posthume, où la chanteuse nous semble plus vivante que jamais.

Même si elle nous dit que « la fête est finie », la chanson-titre célèbre le temps de l’enfance, celui des « p’tits bateaux bleus à la queue leu leu », des chevaux de bois, des licornes et des vélos dorés. Anne Sylvestre nous livre une chanson-poème en forme de révérence comme si elle semblait nous dire qu’il est temps pour elle de « retrouver [son] enfance où [elle] l’avait laissée. »

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Pourtant, quand la chanteuse commence l’enregistrement de ce nouvel album en 2019, elle n’imagine pas que ce sera le dernier. Elle est alors encore très active. Elle compose et écrit, donne un nouveau spectacle, et participe à l’album de Gauvain Sers Les oubliés, en chantant en duo avec le jeune creusois un texte chargé de symbole pour celle qui avait alors déjà plus de 60 ans de carrière derrière elle : Y’a pas de retraite pour les artistes.

Dans ces cinq nouvelles chansons, on retrouve tout l’esprit d’Anne Sylvestre. On y entend la poésie sur le sens de la vie « trop vite finie » et qu’on est « jamais sûr d’avoir tout compris » dans Manèges. On est alerté par l’urgence climatique dans Avec toi le déluge, mais toujours sur un ton à la fois grave et facétieux, où comment les catastrophes environnementales pourraient révéler le meilleur de nous-mêmes. Et cette façon de se réapproprier l’expression commune « après moi le déluge » en la détournant. Jouer avec les mots, l’amour de la langue française, toujours. Les mots justement qui se perdent dans les Textos et qu’il faut ré-apprivoiser pour s’écrire et se dire des paroles douces et sincères.

Ce disque c’est aussi le regard amusé et ironique d’Anne Sylvestre sur elle-même en tant que femme et artiste. Maman la chanteuse semblerait presque sur un ton proche des Fabulettes, mais c’est pour dévoiler un texte intime en jeu de miroirs.  Encore plus personnel, Cœur Battant exprime la relation de la chanteuse avec son public. Un cœur qui bat au son de la pulsation d’un tambour, pour une vie vécue avec passion. 

Ce disque-testament de la chanteuse, pour petits et grands, apporte la dernière touche à un coffret de 19 CD couvrant toute sa carrière, auxquels on peut ajouter les 18 CD de Fabulettes. Avec ces sept morceaux aux orchestrations délicates qu’aurait sans aucun doute apprécié son ancien arrangeur François Rauber, Anne Sylvestre continue de résonner dans nos têtes, et pour longtemps encore.

la pochette de l'album "Manèges" (David Desreumaux / BC Musique)

la pochette de l'album "Manèges" (David Desreumaux / BC Musique)

L’album d’Anne Sylvestre sort le 25 novembre (BC Musique)

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